Publié le 12 May 2017 - 19:08
RENCONTRE MACKY SALL-CINEASTES

Un clap de séduction

 

Mercredi soir, le Président Macky Sall a reçu des cinéastes au Palais, en présence du ministre de la Culture et de la Communication Mbagnick Ndiaye et du directeur de la cinématographie Hugues Diaz. Une occasion pour le chef de l’Etat de leur promettre bien des choses pour le développement de leur secteur.

 

Au moment où la soirée dédiée aux lauréats du Festival panafricain de cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) initiée par l’Institut français de Dakar battait son plein avant-hier, les cinéastes quittaient le Palais présidentiel tout souriants. Comme EnQuête l’a annoncé dans son édition d’hier, leur hôte du jour leur a promis une hausse de la somme allouée au Fonds de promotion de l’industrie cinématographique et audiovisuelle (Fopica). L’année prochaine, l’enveloppe passera du simple au double. Ainsi, en 2018, 2 milliards de F CFA seront partagés entre réalisateurs, distributeurs, étudiants en cinéma etc. Une nouvelle victoire pour ceux qui demandaient une augmentation du fonds du Fopica. Même si le tenant du premier prix documentaire du Fespaco, Ousmane William Mbaye, en voulait un peu plus. ‘’Le Fopica va passer d’un milliard à deux milliards de F CFA en 2018 et non à trois milliards comme demandé par le réalisateur de Kemtiyu Seex Anta’’, indique-t-on dans un communiqué reçu hier à EnQuête.

Il n’empêche que la décision satisfait les acteurs du septième art dont Alain Gomis. Pour lui, ‘’il faut renforcer le Fopica et soutenir les jeunes pour qu’ils puissent être mieux armés afin de réaliser des produits de qualité qui pourront être rentabilisés’’. Et c’est ce qu’a fait le Président.

Mais ce n’est pas que cela qui a ravi les invités du chef de l’Etat. En effet, le premier protecteur des arts a invité le ministère de la Culture et de la Communication ‘’à séparer les crédits de fonctionnement des allocations du Fopica’’. Par conséquent, c’est l’intégralité des deux milliards qui sera distribuée aux concernés. Macky Sall pense, en outre, qu’il faut 100 à 150 millions pour le fonctionnement du fonds. Concernant toujours le Fopica, ‘’une discrimination positive envers les femmes va aussi être introduite à la demande de Angèle Diabang. La productrice et réalisatrice a plaidé pour les femmes cinéastes, parce que les productrices sont peu nombreuses et confrontées à plus de difficultés que leurs confrères’’, indique le communiqué.

Une autre des doléances des cinéastes est le manque criard de salles de cinéma. ‘’Il faut développer les salles de cinéma afin que les films de nos réalisateurs soient vus’’, estime Alain Gomis. Le président de la République l’a rassuré. ‘’Des salles de cinéma, il y en aura bientôt, selon Macky Sall qui a rappelé que son audience avec Bolloré date de moins d’un an et il y a déjà Canal Olympia qui est sorti de terre. Il va être inauguré ce 11 mai’’, informe toujours la note parvenue à EnQuête. D’ailleurs, c’est l’étalon d’or de Yennenga 2017, ‘’Félicité’’, qui sera le premier film à y être projeté. Le président Sall a réaffirmé également sa volonté d’ériger, à Diamniadio, le Centre national de cinéma.

Par ailleurs, le doyen des cinéastes sénégalais, Ben Diogoye Bèye, a attiré l’attention du président de la République ‘’sur la situation difficile que vivent les familles de certains réalisateurs. Ils ne sont plus de ce monde mais leurs légataires souffrent des dettes que devait éponger la SIDEC (société sénégalaise d’importation, de distribution et d’exploitation cinématographique) qui a connu une liquidation catastrophique’’, selon le communiqué. Heureuses peuvent être les familles concernées. ‘’Macky Sall s’est engagé à éponger cette dette qui s’élève à plus de 200 millions de nos francs’’, indique-t-on.

Cette rencontre a été aussi l’occasion pour le chef de l’Etat d’annoncer que le projet du  Palais des arts est en train de se concrétiser. Il sera érigé, comme déjà annoncé, à l’ancien Palais de justice sis au Cap Manuel. Des architectes sont engagés et travaillent sur le projet de réhabilitation de ces lieux.

Au chapitre des annonces figure également la construction du mémorial de Gorée. Aussi, ‘’Macky Sall a-t-il réaffirmé sa volonté d’accompagner la culture parce que le Sénégal est un pays de culture et il doit maintenir son rang’’, conclut le communiqué.

REACTIONS… REACTIONS… REACTIONS

Abdou Aziz Cissé (Secrétaire permanent Fopica)

‘’Cela nous permettra de consolider les partenariats de coproduction’’

‘’C’est une bonne nouvelle parce que ça permet d’augmenter la capacité de financement du Fopica par rapport aux différentes sollicitations qui ont été formulées en 2015 et en 2016. En même temps, je pense que ça permettra de relever le plafond ou plutôt le niveau du financement des projets. Cela permet également de crédibiliser davantage les projets des candidats qui sont financés par rapport aux partenaires étrangers, internationaux. Cela nous permettra davantage de consolider les partenariats de coproduction.  En même temps, cela va permettre de donner aux gens suffisamment de moyens pour travailler. C’est cela que ça m’inspire pour l’instant. 

Concernant les crédits de fonctionnement, dans le décret qui a créé le Fopica, il a été dit clairement que 10% du fonds sont alloués au fonctionnement. Ce qui veut dire que sur le milliard, il  y a 100 millions qui sont automatiquement mis à part pour les questions de fonctionnement, le paiement des lecteurs, etc. Les 900 millions restants sont destinés à financer les différents projets qui sont soumis. Il est vrai qu’en 2015, nous avons dépassé les 900 millions en termes de financement de projets. Parce que nous étions à un peu plus de 999 millions.

En 2016, également, nous sommes à 900 millions ou 921 millions. Il est vrai qu’en termes de sollicitations, il y a beaucoup de choses à faire. Ces 10%-là permettent non seulement de régler les dépenses de fonctionnement mais également la tournée qui est organisée depuis l’année dernière. On veut que cette dernière soit annuelle car elle nous permet d’aller à la rencontre des acteurs du secteur qui sont dans les régions pour les sensibiliser, discuter avec eux. On peut ainsi leur expliquer comment il faut monter les projets pour leur donner plus de chances de voir leurs projets sélectionnés par le Fopica.’’

Moussa Sène Absa (réalisateur) 

‘’C’est une excellente chose’’

‘’Je pense que c’est une excellente chose. Cela vaut bien mieux qu’un milliard. Vous avez un milliard, on vous dit qu’on vous le double, on ne peut que sauter au plafond. Je pense que si chaque année, le président de la République met un milliard de plus, on arrivera à 6 milliards en 2020. C’est ce dont notre cinéma a besoin. Il fallait cette hausse parce qu’il y a quand même eu des résultats. Il y a de très bons films qui sont sortis. Il faudrait récompenser et encourager l’effort.’’

Mansour Sora Wade (réalisateur)

‘’C’est bien mais on doit simplifier les procédures’’

‘’Je ne sais pas exactement comment les choses se sont passées. J’ai juste entendu parler de la hausse. Si c’est vrai, je trouve que c’est une excellente chose (il se répète 3 fois). Avec ça en Afrique de l’ouest, nous serons les mieux dotés. Maintenant, le problème avec le Fopica, c’est que la procédure d’attribution est complètement compliquée. Il faut simplifier cela. Je ne sais pas où est-ce qu’ils ont pris ce modèle mais les critères d’attribution sont extrêmement compliqués, lourds et bureaucratiques. Ce fonds appartient au cinéma, aux cinéastes.

Il faut l’attribuer aux cinéastes. On est là pour faire des films, non pour nous enrichir. Il faut attribuer l’argent d’une manière simple et transparente aux ayants droit. Moi, j’ai toujours fait des films sans l’argent du Sénégal. Aujourd’hui, j’ai envie d’accéder à ce fonds. Le rôle du Fopica est de me faciliter les choses pour que je puisse faire mes films. Il est urgent de revoir ces critères et la procédure d’attribution. Moi, j’ai eu de l’argent de partout. J’ai eu le financement  de l’Union européenne, du ministère des Affaires étrangères françaises, d’organismes à travers le monde mais aucun d’entre eux n’a ce type de procédure-là. Je pense qu’il faut simplifier, les choses. Ce que je dis là, je ne le dis pas pour moi mais tous les cinéastes pensent que la procédure est lourde.’’

BIGUE BOB

 

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