Quatre artistes ‘’retrouvent la parole perdue’’ dans l’histoire
Trois écrivains et un peintre sont en résidence artistique au centre culturel panafricain de recherches de Yenne depuis le 5 octobre dernier. Et ce jusqu’au 19 du mois courant. Ils souhaitent tous raconter quelques pans omis de l’histoire africaine, en mettant à contribution celle liant le Continent noir au Caraïbes.
Situé à 40 km de Dakar, entre le lac artificiel du village lébou de Yenne Todd et l’océan Atlantique, l’institut culturel panafricain de recherches (ICP) de Yenne accueille depuis le 5 octobre 2014 une résidence artistique et littéraire. Le centre reçoit trois écrivains ‘’aux plumes belles, denses et intenses’’, selon le maître des lieux et non moins écrivain et peintre, Amadou Elimane Kane. Les hôtes de l’ICP ont des approches d’écriture différentes, mais partagent tous une idéologie et une philosophie panafricaines. C’est pourquoi Ndongo Samba Sylla, Habib Demba Fall, Elimane Haby Kane ainsi que Hampaté Diallo ont accepté d’intégrer ladite résidence artistique et d’échanger autour du thème ‘’la parole retrouvée’’.
Les initiateurs de ce projet que sont Amadou Elimane Kane et Leila Brumier Kewuzâbé, la directrice du département Caraïbes et diaspora de l’ICP, veulent jeter un pont entre l’Afrique et les Caraïbes en instaurant un échange culturel entre les deux. ‘’Nous voulons connaître notre réelle histoire. Nous nous insurgeons contre la falsification historique et voulons établir une discontinuité dans l’histoire africaine’’, a expliqué Mme Kewuzâbé. Car tel que le souligne l’économiste du groupe, Ndongo Samba Sylla, ‘’souvent, notre parole a été confisquée à travers l’histoire. Pourtant, la parole est ce qui distingue l’homme de l’animal. Nous devons retrouver cette parole’’.
Et cela urge, suivant l’analyse du journaliste et auteur du recueil ‘’le Chapelet de Rêves’’, Habib Demba Fall. ‘’A travers la parole retrouvée, c’est l’humanité des Africains qui est retrouvée dans toute sa diversité. Il y a eu des silences dans l’histoire’’, défend-il. Et il pense que ce sont les gens de sa génération qui doivent revenir sur ces silences. Ainsi, ‘’on pourrait finir ce que les initiateurs comme Cheikh Anta Diop, Frantz Fanon, etc. ont commencé’’, a dit Elimane Haby Kane.
Et le premier pas serait de rétablir le pont entre l’Afrique et les Caraïbes. D’où l’implication de ce que Mme Kewuzâbé et M. Kane appellent ‘’l’autre jambe de l’Afrique’’. Ils font référence à la diaspora africaine en général et les Caribéens en particulier. Comme l’a déclaré Habib Demba Fall, ‘’ la diaspora n’est pas une entité distincte de l’Afrique. Il faut oser se regarder, regarder les autres et se débarrasser des complexes. Le défi, aujourd’hui, n’est pas que politique ou économique. Tout réside dans les convictions culturelles’’.
Pour le plasticien du groupe, Hampaté Diallo, la ‘’parole’’ de ‘’la parole retrouvée’’ ne symbolise pas forcément le discours. Il n’y a pas de débat entre l’Afrique et la Caraïbe. On est tous des Africains’’. Il reste, par conséquent, juste à rétablir les liens et rappeler au besoin les liens entre ces peuples.
BIGUE BOB