La traque des biens mal acquis à la Une malgré le sacre d'Alain Gomis
Le sacre historique du Sénégal à l’issue de la dernière édition du FESPACO ne semble pas imprimer tout son poids à l’actualité au regard du traitement prioritaire réservé lundi par les quotidiens à d’autres sujets comme la traque des biens mal acquis - qui revient de plus belle - et la politique.
Le quotidien Le Soleil ne fait pourtant pas la fine bouche, qui ouvre sur le sacre du film ‘’Tey’’ (Aujourd’hui, en wolof) du réalisateur franco-sénégalais Alain Gomis à l’issue du dernier FESPACO. ‘’44 ans après, le Sénégal chevauche l’Etalon de Yennenga’’, affiche le journal, en se faisant l’écho des premières déclarations du lauréat qui a dédié ce prix à ses ainés.
‘’Le Sénégal décroche enfin le prestigieux Etalon de Yennenga ! Le long-métrage +Tey- Aujourd’hui+ d’Alain Gomis a été sacré meilleur film à, l’issue de la 23eme édition du festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) qui s’est achevée samedi dans la capitale du Burkina Faso’’, écrit Le Soleil.
‘’La statuette, représentant une princesse mossie juchée sur son cheval et brandissant une lance, lui a été remise par le président du Faso, Blaise Compaoré, qui présidait la cérémonie de clôture au stade du 4 août’’, dans la capitale burkinabé, ajoute le quotidien national.
Avec ce prix, Alain Gomis offre au Sénégal ‘’sa plus grande récompense depuis l’ouverture du FESPACO en 1969’’, relève Sud Quotidien. ‘’Mieux vaut tard que jamais !’’, commente Grand Place. ‘’Ce sacre d’Alain Gomis confirme une fois encore le talent des cinéastes sénégalais’’, ajoute le journal.
‘’Le Sénégal est devenu le pays du cinéma jusqu’à la prochaine édition du FESPACO. Le film +Aujourd’hui+ du réalisateur franco-sénégalais Alain Gomis a remporté samedi à Ouagadougou le grand prix du FESPACO, l’Etalon d’or du yennenga, pendant que Moussa Touré repart avec l’étalon de bronze’’, rapporte pour sa part Le Quotidien.
Au sujet de la traque des biens mal acquis, l’Etat ‘’opte pour la médiation pénale’’, annonce le porte-parole du gouvernement Abdoul Latif Coulibaly, par ailleurs ministre de la promotion de la Bonne gouvernance, dont les propos sont rapportés par le quotidien national Le Soleil.
Selon M. Coulibaly, l’Etat renoncera aux poursuites pénales contre les proches d’Abdoulaye Wade, s’ils acceptent de rembourser, au moins 80% des montants en cause dans l’affaire des biens présumés spoliés. Cette annonce amène Sud Quotidien à tirer : ‘’Macky en mode clair-obscur’’.
‘’Après avoir affirmé que tout détournement allait être remboursé jusqu’au moindre centime, écrit Sud Quotidien, le régime de Macky Sall est en passe d’opter pour la médiation pénale dans la traque des biens mal acquis''.
"L’Etat du Sénégal serait ainsi disposé à renoncer aux poursuites pénales si les dignitaires libéraux +incriminés dans cette affaire acceptaient de rembourser au moins 80% des montants en cause, selon l’avocat de l’Etat, Me El Hadj Diouf et le porte-parole du gouvernement Abdou Latif Coulibaly (…)", rapporte le journal.
‘’Alors que certains observateurs et acteurs politiques y ont vu une façon de légitimer le +détournement des deniers publics+ voire de +promouvoir le viol+, d’autres y ont décelé une manière de calmer le jeu dans l’espoir de débaucher des responsables libéraux qui contrôlent encore des bases électorales. Ou tout simplement une approche en clair-obscur’’, ajoute Sud Quotidien.
‘’L’Etat cherche à légaliser le vol’’, estime le journal Le Quotidien à travers sa manchette traitant du même sujet. Selon cette publication, ‘’cette médiation pénale que certains qualifient d’encouragement du vol, n’est pas expressément prévue par la loi sur l’enrichissement illicite’’.
Toujours est-il que le Forum civil, antenne sénégalaise de l’ONG Transparency International, ‘’dénonce une conspiration sur le dos des Sénégalais’’, annonce L'Observateur. "Cacophonie au sommet de l’Etat’’, affiche-t-il ensuite.
"La communication de l’Etat autour de la proposition de Macky Sall de permettre aux +détourneurs+ de bénéficier d’une médiation pour échapper aux poursuites judiciaire a souffert d’un manque de coordination. La présidence de la République et le gouvernement ne parlent pas le même langage’’, note le quotidien du groupe Futurs médias.
Cela dit, la nouvelle donne représentée par cette médiation pénale envisagée semble conforter les assurances du chef de l’Etat sénégalais. Ainsi, dans certaines de des déclarations reprises par Le Soleil et Le Populaire, Macky Sall, réaffirme que la traque des biens mal acquis ne relève ‘’pas d’une chasse aux sorcières’’. ‘’Si c’était une chasse aux sorcières, Karim Wade serait déjà en prison’’, précise-t-il à la Une du second journal cité.
Mais il reste que ‘’les enquêteurs foncent sur Karim Wade’’, souligne Libération. ‘’Une audition (…) s‘impose’’ également, dans le cas de Me Wade, poursuit ce journal, évoquant ‘’les ‘’premiers éléments glanés’’ par la justice. Grand place paraît être en train de creuser le même sillon, avec ce titre : ‘’C’est le tour des pilleurs oubliés’’.
‘’Dans la traque aux biens supposés mal acquis, écrit le journal, le pouvoir ne veut vraiment pas aménager d’échappatoire aux personnalités soupçonnées d’enrichissement illicite. Toutefois, il existe des personnes sur qui pèsent de forts soupçons et qui n’ont jusqu’à présent pas été prises dans les filets du parquet du tribunal régional ou de la Cour de répression (de l’enrichissement illicite)’’.
Au nombre des questions politiques traités par les quotidiens, Walfadjri rapporte cette phrase de Macky Sall à l’endroit de ses alliés. ‘’Il ne sert à rien de passer son temps à polémiquer’’, déclare le chef de l’Etat, ajoutant : ‘’Il faut parler quand le moment de parler a sonné’’.
Enquête ouvre sur un entretien avec le secrétaire général de la Ligue démocratique (LD), Abdoulaye Bathily, par ailleurs ministre d’Etat auprès de Macky Sall. ‘’Il est beaucoup plus facile de gagner une élection que de transformer l’économie et la société’’, dit-il en parlant du président de la République à qui il donne par là même quelques pistes qui lui permettront de durer au pouvoir.
Selon Direct Info, le siège de Khalifa Sall, maire de Dakar, est l’objet de toutes les convoitises à la faveur des prochaines élections locales prévues en principe en mars 2014. Le ‘’mielleux fauteuil (de maire de Dakar) est lorgné par bon nombre de politiciens. Au rythme où vont les choses, il y a fort à parier qu’on s’achemine inéluctablement vers des locales 2014 très disputées et très incertaines’’, commente ce journal.
aps