Ousmane, chef de guerre
L'ex-ministre de l'Intérieur met en garde Macky Sall qui «doit lui aussi être audité», sa femme Marième Faye qu'il traite de «ménagère» possédant des immeubles, et se pose en bouclier de la famille Wade.
En perspective des élections législatives, le Parti démocratique sénégalais a tenu lundi une assemblée générale à sa permanence de Saint-Louis. Mais l'occasion a été saisie par Me Ousmane Ngom, ancien ministre de l'Intérieur, pour revenir sur une actualité politique marquée par la question des audits et des auditions de responsables libéraux à la Gendarmerie et à la Division des investigations criminelles (DIC). «Tous, nous devons nous mobiliser afin qu’on ne touche pas à la famille politique et biologique de Me Abdoulaye Wade, a tempêté Me Ngom. Et celui qui touchera à Karim, Awa Ndiaye et Madické en découdra avec moi.»
Nouveau président de la Fédération départementale du Pds, Me Ngom s'est ensuite transformé en bouclier d'Abdoulaye Wade. «Si quelqu’un s’approche seulement de lui, je le mettrai dans un lieu secret, a-t-il indiqué. Que personne ne pense à mettre la main sur lui (car) il faut que les gens pensent bien à ce que je vais dire, nous ne pouvons être intimidés par qui que ce soit. Nous avons fait 26 ans d’opposition, nous préférons (donc) de loin le combat à tout autre chose», a-t-il ajouté. «En plus, s’il ne s’agit que de faire du boucan, Wade est le mieux placé.»
«Si l'un de nous est arrêté, nous occuperons gouvernances, préfectures et institutions»
Se disant ouvert aux audits lancés par le pouvoir, Me Ousmane Ngom a néanmoins tracé une ligne rouge. «Des audits professionnels, oui. Mais pour des audits politiques, il faudra que l'on commence par Macky Sall», a averti l'ex-premier flic du Sénégal. Dans sa lancée, il souligne : «Je suis plus âgé que lui, et j’ai travaillé pendant des années. Alors, si on vient nous dire aujourd’hui qu'en l’espace de cinq ans, il a plus de cinq milliards de francs Cfa, et ceci en plus de ce qu’il n’a pas dit, on doit lui demander où est-ce qu’il a trouvé ce qu’il a actuellement.»
Après le président de la République, c'est sa femme qui est interpellée. Ousmane Ngom n'en cite pas le nom mais se pose des questions sur l'origine des biens immeubles revendiqués par cette «ménagère» (NDLR : c'est son terme). «S’ils ne disent pas où ils ont trouvé ces biens, ils n’ont rien à nous demander. Il faut dire que nous sommes sur le terrain du combat», a-t-il menacé. «Si on touche quelqu’un de notre parti, on sera dans les rues et je demande à tout le monde de sortir, d’aller occuper les gouvernances, les préfectures et les institutions jusqu'à ce qu’ils libèrent nos amis.»
En direction des législatives, Ousmane Ngom a donné rendez-vous. Attendez l'ouverture de la campagne électorale «et vous verrez autre chose», a-t-il lâché, énigmatique. Sans oublier de railler «tous ces autres (leaders) qui sont derrière Macky (et qui) ne sont que des feuilles de paille».
FARA SYLLA
(Correspondant, Saint-Louis)