Africtivistes pose le débat
La Ligue des cyber-activistes africains pour la démocratie, une structure qui a vu le jour en 2013, a posé le débat, ce mardi, autour de l'information et de la démocratie.
À quelques mois de la Présidentielle, la plateforme Africtivistes pose le débat relatif à l'information et à la démocratie, deux piliers cruciaux pour un processus électoral de cette envergure. Des panélistes de divers horizons ont passé en revue l'accès à l'information et le modèle démocratique en vigueur en Afrique de l'Ouest, d'une manière globale. "Notre modèle démocratique est très différent de celui auquel nous aspirons. Par exemple, le maire, le député ou le président, une fois élus, agissent selon leur propre conscience, les paroles de campagne et autres promesses électorales, tout ça est mis à la poubelle", constate le président d'Asutic Sénégal, Ndiaga Guèye.
"C'est, ainsi, poursuit-il, que nous devrions exiger la démocratie de redevabilité, comme cela se pratique en Suisse et un peu partout à travers le monde. Avec ce système, le peuple peut révoquer un gouvernant au cours de son mandat, s'il n'est pas satisfait de sa gouvernance. En un mot, il nous faut refonder, réformer la démocratie au Sénégal. Qu'elle soit réellement le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple. Autre point qui me paraît important, l'échéance électorale ne doit pas être le seul baromètre pour juger de la bonne santé démocratique d'un pays. À ce rythme, nous ne prendrons la température de notre démocratie que tous les cinq ans".
Sur le processus électoral, le panéliste a donné sa petite analyse, en invitant notamment les candidats en lice à s'attarder sur les autres éléments en dehors de la candidature. "Aujourd'hui, les acteurs politiques ne s'intéressent qu'à une seule question, celle relative à la candidature avec le parrainage. Or, le fichier électoral, ces nombreux citoyens qui n'ont pas pu s'inscrire lors de la dernière révision, sont autant de sujets qui doivent être débattus pour un souci de transparence au soir du 25 février 2024".
Selon Ndiaga Guèye toujours, sur la question liée à l'accessibilité de l'information sur les plateformes numériques, tout n'est pas toujours aussi simple. Les Tic ont aussi ce qu'on pourrait appeler le revers de la médaille. Elles posent les défis inhérents à la cybercriminalité, à la désinformation et à la violation des données personnelles.
En outre, l'autre problème est qu’Internet coûte toujours cher dans nos pays, c'est même un luxe pour certaines couches, sans occulter le fait qu'il est de faible débit ou tout simplement inaccessible dans certaines contrées.
Vulnérabilité des médias
S’agissant de la question des médias, l'accent a été surtout mis sur la vulnérabilité de ceux-ci par rapport aux politiques. "L'autorité politique a toujours cherché à avoir une certaine mainmise sur la presse et se sert d'elle comme moyen de pression, pour la guéguerre entre hommes politiques. Même si on se fie aux sources de revenus des médias : subventions des pouvoirs publics et publicité, on se rend compte à quel point ils sont en situation de faiblesse. Pour dépasser cette situation, le public doit soutenir les organes, pour aller vers une presse qui défend la démocratie de la façon la plus libre possible'', analyse le panéliste Papa Ismaila Dieng.
Par ailleurs, le membre d'Africtivistes fait le constat de l’impasse dans laquelle se trouve la presse et qui l'empêche de s'épanouir pour mieux servir le grand public. "Pour atteindre cet idéal de tout pour la démocratie, en plus de la presse, la société civile et les universitaires doivent jouer un rôle primordial. Mais les deux premiers nommés éprouvent toutes les peines du monde pour remplir ce rôle. La question de leur indépendance et de leur impartialité peut se poser, elles sont de plus en plus assujetties au diktat d'un tiers", souligne-t-il.
Mamadou Diop