Céline Gomis retrace sa mésaventure à la barre
Céline Gomis a narré, hier, à la barre, sa mésaventure qui date de 2019. La demoiselle a été séquestrée et violée par trois individus. Ses présumés bourreaux Adama Ndiaye, Lamine Diène et Diégane Diouf ont fait face aux juges de la Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar. Tous les trois se sont renvoyé la balle pour se dédouaner.
Trois hommes ont comparu hier, à la barre de la Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar. Ils sont accusés de séquestration et de viol collectif. Leur victime, Céline Gomis, était âgée de 19 ans au moment des faits. Elle était destinée à un bel avenir.
En effet, brillante, la jeune fille avait décroché le Bac avec la mention en 2017. AU moment des faits, elle habitait avec sa sœur, à la cité Claudel. Le jour des faits, cette dernière l’envoie pour acheter à manger. C’était aux environs de 22 h. En allant faire la commission, elle était loin de se douter que sa vie allait basculer ce jour-là. Sur le chemin du retour, elle a été interceptée par des individus à la cité Claudel. Ces derniers, après lui avoir tapoté l'épaule, lui ont fait inhaler une substance avant qu'elle ne tombe dans les pommes et qu'elle ne soit enlevée.
Comme un crime n'est jamais parfait, des étudiantes qui revenaient de révisions à la faculté de Médecine sont tombées sur la scène. Elles ont aperçu un individu suspect qui portait sur son épaule une charge qu'il venait de transporter dans une voiture blanche de marque Clio. C'est ainsi qu'elles ont eu le réflexe d'identifier la plaque d'immatriculation du véhicule. Et le lendemain, elles ont rendu compte de ce qu'elles ont vu tout en alertant. Pendant ce temps, les proches de Céline, inquiets de sa disparition, saisissent la Brigade de recherches à la date du 10 décembre.
Elle a été plus tard retrouvée à moitié nue dans la forêt de Mbao, après son kidnapping, puis secourue par des maçons. Ces derniers l'ont conduite à l'hôpital de Pikine où elle a été examinée par la gynécologue. Interrogée, elle expliquait aux enquêteurs qu'elle s'est réveillée dans une maison avec les yeux bandés, ainsi que les mains et poings ligotés. Elle ajoutait que trois individus se sont relayés sur elle pendant 72 heures dans le noir. Toujours est-il que d'après ses déclarations, elle ignorait le nombre de fois qu'ils l'ont violée dans cette maison où elle entendait des sirènes d'ambulance. Mais elle précisait aux agents qu'elle n'était pas vierge au moment de son viol.
Par ailleurs, au cours des investigations, la gendarmerie a retrouvé le véhicule suspect et Adama Ndiaye qui était au volant, ainsi que le mécanicien Lamine Diène et Diégane Diouf. Ces accusés, inculpés pour séquestration et viol collectif, ont comparu hier, devant la chambre criminelle de Dakar où ils se renvoyaient la balle.
Si Lamine a reconnu avoir prêté le véhicule incriminé au chauffeur Adama Ndiaye, celui-ci a déclaré le lui avoir rendu après avoir conduit la femme du vigile Diégane à Nord-Foire. Alors que les enquêteurs ont prouvé qu’Adama Ndiaye était avec le véhicule suspect à l'endroit très voisin du lieu où Céline Gomis a été enlevée. Cependant, les éléments objectifs du dossier n'ont pas milité en leur faveur, car les agents ont trouvé beaucoup de préservatifs déjà utilisés dans la chambre où la victime a été séquestrée, y compris le lit en fer sur lequel elle était attachée dans cette maison près de la résidence des médecins. C'est le sieur Adama Ndiaye qui était chargé de la surveillance de la maison en question et qui détenait lui-même les clés de la pièce. Ce qu'il a nié à la barre.
Revenant sur la nuit fatidique durant laquelle elle a été kidnappée, puis violée, Celine Gomis a versé de chaudes larmes lors de sa narration. ‘’Je me suis réveillée les yeux bandés avec pieds et poings ligotés. Ils m'ont attachée sur un lit métallique en ressort. Ils étaient trois personnes à me violer à tour de rôle. Ils m'ont torturée en me lacérant les membres supérieurs et inférieurs avec un objet contondant, puisque je traînais des blessures. C'est à la forêt de Mbao que je me suis par la suite retrouvée avant d'être secourue. Et lorsque j'étais avec les policiers dans la maison suspecte où ils m'avaient séquestrée, c'est le même lit qu'on a trouvé là-bas’’, a-t-elle déclaré dans un français clair.
Néanmoins, la plaignante Céline Gomis a, devant le juge d'instruction jusqu'à la barre de la chambre criminelle, soutenu qu'elle n'arrive pas à identifier ses violeurs. ‘’Je ne saurais dire que ce sont ces individus présents à la barre qui m'ont violée’’, a-t-elle dit à la barre. ‘’Aujourd'hui, j'ai été très courageuse d'être là, parce que ça n'a pas été facile. J'ai failli sombrer, mais grâce à Dieu je me suis relevée et je tiens à continuer. Après les faits, j'ai poursuivi mes études à l'IAM. J'ai soutenu ma Licence en communication. Alors qu'au moment des faits, j'étais à l'ISM en deuxième année’’, a expliqué cette étudiante âgée aujourd'hui de 22 ans.
Son avocat, Me Martin Diatta, a évoqué les efforts que ses parents ont fournis pour sa réinsertion sociale. ‘’Malheureusement, elle est tombée sur ces personnes horribles et elle a vécu l'horreur. Heureusement que ses parents lui ont cherché un psychologue. Espérons que le travail de ce psychologue la ramènera sur un chemin paisible’’, a lancé le conseil qui a demandé que ces prévenus soient condamnés.
Si le procureur a, dans son réquisitoire, noté qu'il n'y a aucune preuve qui milite pour la condamnation de Lamine Diène pour qui il a requis l’acquittement, tel n'est pas le cas pour Diégane Diouf et Adama Ndiaye. Car pour ces derniers, il a sollicité la réclusion criminelle à perpétuité. Les avocats de la défense ont plaidé l'acquittement avant que le tribunal ne fixe le délibéré au 4 octobre prochain.
MAGUETTE NDAO