Le Saes-UGB entre dans la danse et se braque
Le syndicat autonome de l'enseignement supérieur du Sénégal (Saes) rue dans les brancards pour dénoncer la prolongation de la fermeture des universités publiques au Sénégal, le non-respect flagrant du protocole d'accord signé entre le Saes et le Gouvernement le 6 janvier 2023, entre autres problèmes. Ainsi pour exprimer leur vive inquiétude, les enseignants syndicalistes ont décrété 48 heures de grève générale a l'issue d'une assemblée générale tenue à l'université Gaston Berger.
Coordonnateur du Saes-UGB, Evrad Marie Diokel Ngom, déclare que l'appel au dialogue pour un meilleur avenir de l'enseignement supérieur du Saes s'est heurté à un mur. En mouvement hier, lui et ses collègues considèrent que leur ministère de tutelle manque de volonté pour prendre à bras le corps les sérieux problèmes de l'enseignement supérieur surtout avec la fermeture prolongée des universités. " Depuis juin 2023, la quasi-totalité de nos universités publiques, construites sur le modèle de l’enseignement présentiel, sont inaccessibles aux étudiants. Alors que la décision de fermeture était justifiée par des considérations sociopolitiques, nous insistons sur le fait qu'elle devait s'accompagner d'un plan de reprise des cours en présentiel dès octobre, tel que convenu lors des Conseils académiques. Malheureusement, malgré nos sollicitations répétées, les autorités gouvernementales et universitaires ont invoqué des retards dans la préparation des œuvres sociales pour justifier une paralysie inacceptable qui pénalise l'avenir de nos étudiants et le développement de notre pays", dénonce Evrard Marie Diokel Ngom.
A en croire l’enseignant chercheur, ce comportement du ministère de l'Enseignement supérieur qui s'est emmuré dans un long silence frôle la méprise de leur alerte. " Notre ministère de tutelle adopte une position déconcertante face à cette situation critique, tandis que certaines autorités académiques affichent une attitude de dédain envers cette crise universitaire. Il est impératif que les autorités reconnaissent l'importance vitale de l'éducation, de la formation, et de la recherche, et prennent des mesures immédiates pour garantir la réouverture des universités", a déclaré M. Ngom.
Les budgets des universités drastiquement diminués
Très remontés contre les autorités de l'enseignement supérieur, les syndicalistes rappellent que les problèmes socio-politiques ne doivent pas être utilisés comme une excuse pour sacrifier l'avenir des étudiants et la stabilité académique. " Nous dénonçons fermement l'attitude du ministère de tutelle, qui, bien qu'il ait rompu son silence récemment, semble désormais s'engager dans une manœuvre de diversion, en offrant peu de réponses concrètes aux défis critiques auxquels nos universités sont confrontées. Nous prenons à témoin l'opinion nationale et internationale devant cette situation inacceptable qui perdure dans nos universités", a ajouté le coordonnateur du Saes-UGB.
Revenant sur l'un des points phares de leur plateforme revendicative, les enseignants syndicalistes du supérieur ont vigoureusement dénoncé le non-respect du protocole d'accord Saes-Gouvernement. " Nous condamnons vigoureusement le non-respect du protocole d'accord signé entre le Saes et le Gouvernement le 6 janvier 2023 dernier. En particulier, nous dénonçons le retard dans la régularisation des pensions des veuves et veufs du personnel d'enseignement et de recherche (PER) et les budgets insuffisants alloués aux universités. Pour la régularisation des pensions, le ministre des Finances et du Budget a donné son accord de principe, mais le décret est actuellement en attente de signature. Nous demeurons vigilants face à cette évolution. Concernant les budgets alloués aux universités, nous tenons à souligner qu'ils ne sont ni réalistes ni équilibrés, ce qui entraîne des retards de paiement des salaires et entrave nos missions d’enseignement et de recherche. Ces derniers mois, des retards significatifs dans le paiement des salaires ont été constatés dans certaines universités, notamment à Dakar et à Bambey", a fustigé Evrard Marie Diokel Ngom.
Selon lui, il est crucial de noter que, cette année, les budgets votés pour les universités étaient inférieurs à douze mois. "Le budget arrêté pour l'UGB est de dix mois et de neuf mois pour l'université Assane Seck de Ziguinchor. Des budgets qui ont été approuvés à notre grande surprise par le ministère des Finances et du Budget" a déploré M. Ngom. D'ailleurs le Saes menace de durcir la lutte dans les prochains jours si ses doléances ne sont pas satisfaites par les autorités gouvernementales. Ainsi, la conférence nationale des sections est convoquée le samedi 11 novembre 2023 à l'Université Iba Der Thiam de Thiès.
IBRAHIMA BOCAR SENE (SAINT-LOUIS)