Un fracassant succès qui s’en sort tout juste
La boucle a encore une fois été bouclée, cette année, avec une conférence de presse de clôture du Festival International de Jazz de Saint-Louis qui s’est tenue dans un hôtel de l’île en présence du Directeur Général de la BICIS, Pierre Bérégovoy. L’édition de cette année, malgré des débuts difficiles, est néanmoins considérée comme un succès par ses organisateurs. Le seul bémol reste l’impossibilité de cerner l’impact économique de l’événement.
Le Président de l’Association Saint-Louis Jazz, Me Ibrahima Diop, tenait ce lundi matin un point de presse en présence de Pierre Bérégovoy, le Directeur Général de la BICIS représentant la fondation BNP Paribas, principal sponsor de l’événement. Une occasion saisie pour faire le bilan de cette 23e édition, qui a été qualifiée de « réussite » par les organisateurs malgré de nombreuses complications déplorés lors de la phase d’organisation et un bilan économique largement déficitaire.
Parmi les premières, la menace d’Ebola qui a conduit de nombreux artistes à renoncer à leur participation ou encore la situation sécuritaire dans la sous-région d’alors. À l’arrivée, néanmoins, cette équation s’est résolue pour le mieux avec plus de peur que de mal concernant ces deux questions en particulier. Un autre problème du festival, déploré par son Président, la culture de la gratuité chez le public qui préfère se faire offrir des places que d’acheter les billets nécessaires à rendre pérenne l’événement ou même le faire vivre : «Le festival fait tourner les commerces et hôtels de l’île qui comptent sur cette période de vaches grasses tous les ans mais ce n’est pas pour autant que les riverains, pas même ceux qui bénéficient directement des retombées économiques, s’abstiennent de nous demander des invitations.», déplore Me Diop, qui va même jusqu’à affirmer que « si ce n’était pas son principal partenaire, le groupe BNP Paribas », Saint-Louis Jazz aurait été « condamné à disparaître » il y a de cela des années.
Déclarant un budget de 214 millions de F CFA pour cette édition, dont environ 60% est assuré par l’État sous forme de contribution directe avec la cession du matériel du FESMAN et diverses contributions ponctuelles de la part d’autorités diverses, le Saint-Louis Jazz n’arrive toujours pas à générer des fonds et reste, à l’instar de l’essentiel des évènements culturels du pays, largement déficitaire. Ainsi, concernant les deux foires concomitantes à l’événement ou la billetterie, aucun chiffre n’a pu être avancé par le bureau sur l’impact économique du festival de Jazz.
Malgré cet aspect peu reluisant de son bilan, le volet artistique, notamment la qualité du plateau « IN » programmé, a fait de cette édition 2015 un succès. C’est ainsi un savant mélange de monstres sacrés de la musique (Orchestra Baobab, Wallace Roney Quintet etc.) et de groupes moins connus (Malted Milk Septet, Sugar Mama Trio etc.) qui a su capter l’attention d’un public au rendez-vous tout le long des festivités. Bien qu’il n’ait pas directement été géré par le bureau de l’Association, le volet « OFF » du festival a lui aussi grandement contribué à l’attrait de l’événement avec des artistes comme Vieux Mac Faye, Souleymane Faye, Aïda Samb et consort qui on pu communier avec leurs fans saint-louisiens.
Sophiane Bengeloun