Paris et Mbappé : des retrouvailles en cachette

Longtemps fantasmées lors de leurs parcours respectifs en Ligue des champions, les retrouvailles entre le PSG et Kylian Mbappé n’ont pas eu lieu sur la scène européenne. Alors qu’on les pensait reportées de quelques mois, voilà qu’elles prendront finalement place lors du Mondial des clubs, aux États-Unis, dans une certaine intimité, presque en catimini.
Imaginez avoir passé 7 ans avec quelqu’un, avec des hauts, des bas, comme dans beaucoup de couples. Vous être séparés, dans la douleur, puis plane le spectre de se recroiser, un jour ou l’autre, parfois par hasard. Sans date définie, comme le mariage de vos amis en commun par exemple. Vous allez vous revoir, c’est sûr, dans ce moment de joie, de tension même, face à l’importance du moment. Et puis finalement, tout fait pschitt, vous ne vous croisez même pas de la soirée, si ce n’est deux ou trois coups d’œil, et vous finissez par vous recroiser banalement dans la queue de la boulangerie, à quelques jours de partir en vacances.
C’est peu ou prou ce qu’il va arriver au PSG et Kylian Mbappé. Fantasmées tout au long de la saison européenne, mais empêchées par Declan Rice et Arsenal, ces retrouvailles n’ont pas lieu en demi-finales de C1, mais plutôt en demi-finales de la Coupe du monde des clubs. La fameuse boulangerie donc. Depuis la fin des poules, on savait que Paris et le Real avaient une chance de croiser le fer dans le dernier carré. Samedi, les Parisiens ont fait le premier pas en sortant le Bayern, le Real a fait le second dans la nuit de samedi à dimanche, en écartant le Borussia Dortmund. Pourtant, cette réunion n’aura pas la saveur d’une soirée européenne, son engouement non plus, et encore moins le lot d’émotions qu’elle aurait pu générer si tout s’était mieux goupillé.
La politique de la terre brûlée
Car si Paris a désespérément voulu retenir Mbappé à l’heure de le voir s’envoler pour Madrid, le joueur de son côté n’a pas cherché à arrondir les angles avec sa direction. Si sur le plan sportif, tout s’est arrêté sur un nouveau titre de champion de France, un recul dans la hiérarchie opéré par Luis Enrique en vue de la saison suivante et une élimination frustrante en demi-finales face à Dortmund, avec un Mbappé en demi-teinte, sur le plan personnel, la situation est tout autre. L’ancien n°7 parisien s’en est allé avec une longue vidéo d’adieu, et surtout en pleine guerre froide avec Nasser al-Khelaïfi, depuis devenue guerre ouverte, devant les tribunaux notamment.
S’il vient de retirer sa plainte pour harcèlement moral, l’attaquant est toujours engagé dans des procédures pour récupérer quelque 55 millions de salaires impayés, au titre de promesses non tenues par le club qui lui en réclame désormais 98, une situation injustifiée selon le joueur. Des batailles juridiques qui ont fini de marquer la cassure entre le joueur et le club. Car si Mbappé a relativement été épargné par le Parc des Princes lors d’une fin de parcours au mieux mitigée, les supporters parisiens ont toujours en travers de la gorge son départ.
En résulte une situation assez loufoque où ces derniers semblent se réjouir de chaque faux pas ou mésaventure de leur ancienne coqueluche. D’autant plus depuis la victoire en Ligue des champions des Parisiens, qui a amené son lot de moqueries envers l’attaquant, qui disait quelques mois en amont que s’il avait lié son avenir aux chances du PSG de gagner la C1, il aurait mis les voiles depuis longtemps. Une rengaine tenace donc pour les fans, bien différente de celle envers Adrien Rabiot récemment, qui donne ici l’impression que l’histoire du PSG avec Mbappé se résume à une dernière année d’incompréhension et de regrets.
Des retrouvailles en catimini
Du haut de ses sept saisons dans la capitale, de son statut de meilleur buteur de l’histoire du club (256 buts en 308 matchs), de son rôle d’ex-vice capitaine, d’une finale et de deux demi-finales de C1 atteintes, il eut été logique de voir Kylian Mbappé être considéré avec une certaine tendresse pour des retrouvailles au Parc. Il eut été à l’inverse intéressant de voir le Kyks évoluer dans son nouveau jardin du Bernabéu, face au PSG, histoire de montrer à son ex comment il avait pu se débrouiller pour y devenir un grand attaquant, qui bat les records des plus grandes recrues madrilènes, et qui s’épanouit au Real. Il n’en sera finalement rien. Parce qui ni le Parc ni le Bernabéu n’auront l’honneur d’accueillir cette scène digne d’un vaudeville. Le cadre sera prestigieux certes, le MetLife Stadium de Rutherford, où aura lieu la finale de la prochaine Coupe du monde dans un an et qui a déjà été le théâtre d’un Superbowl en NFL par exemple et qui peut contenir un peu plus de 80 000 places. Sauf qu’il ne sonnera comme aucune des deux enceintes européennes, alors que Mbappé a utilisé une photo modifiée par l’IA pour sa dernière publication Instagram, cachant des tribunes vides.
Là aussi le bât blesse. Paris va retrouver son ancien buteur dans une compétition à enjeux certes, mais à l’intérêt limité et à l’engouement minime, du moins sur le Vieux Continent. Les dynamiques sont aussi bien différentes. Mbappé a bien enfilé les buts comme des perles, mais il n’a pas réussi à placer Madrid sur le toit de l’Europe. À Paris au contraire, le moral est au beau fixe, après avoir détrôné… le Real, et réalisé une saison collectivement des plus abouties, tout le contraire des dernières saisons dans la capitale. Xabi Alonso est arrivé pour remettre tout ça sur patte, mais le Français est tombé malade. Son ciseau face au Borussia laisse croire qu’il a retrouvé une partie de ses jambes et qu’il pourrait être à fond contre Paris, c’est déjà au moins ça. On espérait une ambiance de feu, finalement les retrouvailles seront très aseptisées. C’est peut-être mieux comme ça, mais c’est peut-être aussi dommage d’en arriver là.
SOFOOT