"Le numérique reste la seule alternative", selon le chef du CDA
Depuis 2018, le Sénégal a institué une Semaine nationale des archives, à la place de la Journée internationale (9 juin). Une manière pour les responsables du secteur de mieux vulgariser l'importance des archives souvent très méconnues du grand public. Pour l'édition 2021, les nouveaux locaux du Centre de documentation et des archives (CDA) de l'Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) ont été choisis pour commémorer le saccage du centre en février 2020 par des manifestants guet-ndariens qui a causé la perte, à jamais, de plus de 3 000 documents d'archives de l'organisation sous-régionale.
Le chef du Centre de documentation et des archives de l’OMVS est longuement revenu, hier, sur les douloureux événements de saccage et d'incendie des locaux du centre à Ndar-Toute. C’était en février 2020. Beaucoup de documents y ont été perdus à jamais.
Par conséquent, déclare Babacar Diong, il faut tirer les enseignements idoines de cette situation afin de pouvoir faire face à la préservation des archives. Monsieur Diong a rappelé aux autorités et aux populations que préserver les archives, c’est repenser la problématique de la circulation verticale et horizontale de l’information dans toute administration viable. "Les archives sont importantes pour les générations futures. Si nous prenons l'exemple du CDA, c'est l'histoire d'une organisation qui regroupe quatre pays qui y était gardée.
Malheureusement, des manifestants ont détruit sans aucune raison plus de 3 000 documents à jamais. Donc, il faut éviter la destruction et le saccage des archives et des édifices publics, à chaque fois que des populations sont en colère. Des gestes irresponsables ont été notés dans certains centres d'état civil à travers le pays. Combien de Sénégalais sont à la recherche de documents administratifs sans pouvoir y accéder, parce que des mécontents ont saccagé ou brûlé leurs registres ?", a regretté le chef du Centre de documentation et des archives de l'OMVS hier, lors du lancement de la Semaine des archives.
Comme aucune matière n’échappe à l’usure du temps, l’ancienneté des documents pose sur la table la question de la conservation et pour éviter des accidents similaires à celui du saccage du CDA, M. Diong a interpellé les autorités et ses collègues archivistes à amorcer un virage vers le numérique, pour la sauvegarde des archives. Après le saccage de leurs locaux, les pertes ont été énormes, a expliqué M. Diong. Heureusement, il y avait le numérique, car de nombreux documents étaient gardés dans des disques durs pour la reconstitution de la bibliothèque.
"Depuis quelques mois, une application digitale est mise en place pour s'adapter au monde moderne fortement dominé par les Tic. Grâce à celle-ci, plus de 14 000 documents référencés et 4 000 autres éléments du fonds numérique dont regorge la bibliothèque virtuelle de l'OMVS, sont exploités par des milliers de visiteurs via leurs téléphones portables", a annoncé Babacar Diong.
Profitant de la rencontre, le président régional de l'Association des archivistes et documentaires de la zone Nord a appelé à la multiplication des séances de sensibilisation par des activités culturelles pour mieux faire connaître au grand public le sens et la portée des archives.
Ibrahima Bocar SENE (Saint-Louis)