Se taire, c’est trahir
Il est des contextes historiques dans la trajectoire d’une Nation face à l’urgence desquelles se taire s’assimile à un acte de trahison. Notre cher pays le Sénégal semble, hélas, vivre depuis un peu plus d’une année et demie une succession d’événements dont la gravité interpelle tout citoyen épris de paix et soucieux la pérennité de la stabilité sociale et des équilibres de notre vivre en commun que seuls peuvent garantir dans la durée le respect par tous, du droit, de la justice et de l’égalité.
Ces deux dernières années, du fait des aléas d’une vie démocratique viciée et faussée par un pernicieux jeu politicien, nous assistons à une accumulation d’évènements dont le pic tragique avec son cortège de morts de mars 2021, n’augure rien de bon sur ce qu’il en adviendra, ni de l’issue, ni de ce que cela coûtera quand leur paroxysme sera atteint. L’heure est grave pour celui qui sait dans les interstices de l’histoire et qui a su aussi surtout tirer les leçons de ce qui s’est passé, dans une histoire et dans des pays pas si éloignés du nôtre. Pour cette raison et pour moult autres, il faut considérer ces événements vécus dans notre pays pour ce qu’ils sont ; c’est-à-dire dans la toute plénitude de leur gravité et pour l’hypothèque qu’ils font peser sur le pays , avec tous ces risques potentiels des futures conséquences qui pourraient, systématiquement, mettre en péril la paix et la sécurité des personnes et des biens. En conséquence, il faut en parler.
Cependant je ne m’étendrais pas sur le plan juridique du fait de cette intervention magistrale d’un Maitre du droit public le Professeur Ibrahima Fall et de celle issue de cette nouvelle génération de juristes que compte notre faculté des sciences juridiques et politiques de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, à savoir : le Professeur Abdoul Aziz Diouf (droit privé) et le Professeur Sidy Alpha Ndiaye (droit public), alertant ainsi l’opinion, les acteurs politiques et notamment le pouvoir de la nécessité du respect du droit car s’évaporant dans l’espace et dans le temps, de son application dans toutes ses formes surtout dans cette période post-électorale où la conquête du pouvoir frise et aiguise les appétits d’esprits retors aux abois et conduit les plus tordus parmi eux, à sacrifier la paix et la stabilité nationale à l’autel de leurs intérêts propre.
Aussi, une intervention sur un autre angle, en sus de celles précitées, ne fera que renforcer les mêmes normes de paix, de dialogue et de sécurité que notre pays, au-delà des divergences politiques, a toujours connu sur le plan national et reconnu sur le plan international. Ainsi, des faits majeurs et non négligeables ont attiré mon attention, par leur incidence sur le devenir politique du pays, où une solution définitive s’impose pour la conduite de tous afin que pérennes paix et sécurité.
Tout d’abord et on ne le dira jamais assez, l’affaire Adji Sarr / Ousmane Sonko qui traine toujours devant les juridictions, laisse les populations dans l’émoi et l’expectative.
Sur ce, ayons le courage et l’honnêteté d’affirmer, compte-tenu des déclarations et de ce qui a été vu, qu’il n’en est rien de cette affaire embellie, de toute pièce, par une frange du pouvoir qui a voulu plaire au Président Macky Sall avec toute une série de rebondissements qui ont eu pour conséquence de retarder la sentence dans l’esprit de la justice ; laquelle justice est tenue de trancher pour mettre une fin à ce dossier qui turlupine et pollue l’espace politique. En résumé, s’il demeure qu’Ousmane Sonko était sur les lieux, il n’y’a ni viol, ni menace armée ou autres et s’il y’a eu des rapports sexuels, ceux qui connaissent ces milieux savent, bel et bien, qu’ils étaient consensuels. Et le Président Macky Sall n’a été ni l’auteur, ni le co-auteur et encore moins, l’initiateur, de près ou de loin, d’une telle combine et ceux qui comprennent l’organisation et le fonctionnement d’un Etat ne le nieront pas.
Autrement dit, une frange du pouvoir a joué mais elle a perdu comme cela se voit souvent dans le jeu démocratique. Sinon, bonne continuation et à bientôt pour un autre fait majeur.
Nalla Ndiaye, Chercheur en science politique Ucad, invité récent du (LAM) de l’Institut d’Etudes Politiques de l’Université Montesquieu de Bordeaux