Publié le 16 Jul 2014 - 14:36
SEYDOU GUEYE DIRCAB ADJOINT DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

‘’L’APR est secouée mais nous allons vite tourner la page’’

 

Candidat malheureux à la mairie de Médina, Seydou Guèye sort de son mutisme et procède à une analyse sans complaisance de la situation actuelle du parti présidentiel. Un parti qui, dit-il, manque de discipline et doit être plus organisé et plus structuré à l’avenir. Aussi, dans cet entretien, le nouveau directeur de Cabinet adjoint du chef de l’Etat jette une pierre dans le jardin de certains alliés à la posture ambivalente. Tout compte fait, l’ancien secrétaire général du gouvernement est d’avis que la majorité présidentielle est sortie victorieuse des élections locales. Toutefois il reconnait que l’Alliance pour la République (APR), est secouée par les résultats de certaines grandes villes comme Dakar où l’effet Khalifa Sall a presque tout emporté sur son passage.

 

Qu’est-ce qui explique votre mutisme depuis la publication des résultats des élections locales ?

La presse ne m’a pas sollicité. Maintenant que vous le faites, je me soumets à vos questions, même s’il est vrai que l’élégance nous commande au moins de reconnaitre la défaite, de féliciter le vainqueur et de prier pour lui. C’est ce que j’ai fait, concernant Monsieur Bamba Fall, la tête de liste majoritaire de Taxawu Dakar à la Médina. Vous savez, lorsque vous gagnez une élection, on vous prête toutes les vertus et quand vous la perdez, on vous accable de tous les péchés, c’est la loi du genre.

Il convient maintenant de se concentrer sur soi et sur son action passée pour tirer les leçons de l’expérience et dégager les lignes d’avenir. La Médina a parlé, le temps n’est plus au bavardage. Je voudrais juste remercier mes concitoyens de la Médina et exprimer ma gratitude à celles et ceux d’entre eux qui m’ont accordé leurs suffrages et leur dire que la prochaine fois, on fera mieux inch Allah.

Le président a choisi Latif Coulibaly, défait lui aussi à Sokone, pour vous remplacer au secrétariat général du gouvernement, n’est ce pas paradoxal ?

La constitution de notre pays confère au président de la République la prérogative de nommer aux emplois civils et militaires. C’est un principe qui ne devrait souffrir aucune objection. C’est la décision du président de la République et en tant que démocrate et républicain, je me dois de la respecter. Maintenant, dans le cadre du parti,  la ligne politique dégagée, à tort ou à raison, a été énoncée en termes de sanction contre les perdants, ou contre ceux qui n’avaient pas respecté l’option de se retrouver dans Benno et qui ont mis en place des listes dissidentes.

Le Président s’est engagé dans cette direction, il lui faut tenir parole, en veillant naturellement à remettre les responsables en confiance et à renforcer la solidarité entre camarades. Les perdants d’aujourd’hui sont les vainqueurs d’hier et, incontestablement, ils seront parmi les acteurs essentiels des conquêtes de demain.

Les compagnons d’infortune de Macky Sall à savoir Alioune Badara Cissé, Mbaye Ndiaye, Moustapha Cissé Lo, sont aujourd’hui en retrait. Quel commentaire cela vous inspire ?

Je ne pense pas qu’ils soient en retrait. Chacun, avec son style et son tempérament, joue son rôle et tient sa place dans le cadre de notre organisation et dans l’histoire de notre parti.

La réalité est qu’ils n'ont plus d'influence sur le fonctionnement de l'APR

Mbaye Ndiaye est toujours directeur des structures de l’APR, Cissé Lo, Responsable de comités d’entreprise. ABC par contre n’est plus le Coordonnateur général de l’APR. Pour les deux premiers, ils occupent bien leur place. Je peux être d’accord avec vous ; c’est vrai que l’on nous entend moins y compris moi-même porte-parole du Parti. Nous avons tous répondu à l’appel du local, désertant un peu l’échelon central et l’animation du parti.

Que dites-vous des dernières déclarations de Thierno Alassane Sall relatives à son limogeage du gouvernement ?

A l’occasion  d’un échange téléphonique que j’ai eu avec Thierno, je lui ai fait part, en toute amitié, de mon sentiment sur sa dernière sortie en lui indiquant que sur les aspects liés à la dynamique politique à Thiès, je pouvais être d’accord avec son analyse, tels que la qualité de son adversaire, Idrissa Seck pour ne pas le nommer, les divisions de l’APR, les difficultés à bâtir le consensus et sa propre lecture des  résultats.

Mais évoquer le nom de son successeur qu’il aurait connu depuis quatre mois au moins comme moyen, me semblait ressortir d’une argumentation un peu maladroite et qu’il convenait de ne pas rendre subjectives les problématiques politiques. Nous devons tous faire attention à ne pas tomber dans la tentation de la rupture, ou le dilemme « légitimité reconnue ou exil ». Cette expérience est nouvelle pour l’APR et il faut en conjurer les effets pernicieux.

C’est ensemble que nous devons tirer les leçons, sans tomber non plus dans un électoralisme contre-productif pour les batailles à venir. C’est à ce prix que nous pourrons renforcer le parti, bâtir des alliances porteuses et faire pour demain des options stratégiques gagnantes en procédant au préalable à l’évaluation sans complaisance des ces élections, que l’APR et la majorité présidentielle ont très largement remportées. Maintenant, pour les militants et responsables que nous sommes, il convient de garder la sérénité pour dépasser cette étape un peu troublante, il faut le reconnaitre, pour la plupart d’entre nous et apaiser les cœurs et les esprits des camardes à la base en vue de les remobiliser pour les prochaines échéances.

Quelques jours avant la sortie de Thierno Alassane Sall,  les femmes proches de Marième Badiane accusaient de complot la vice-présidente à l’Assemblée nationale, Awa Guèye. L’APR n’est-elle pas en train de vivre un malaise ?

Ce sont là des péripéties assez habituelles et toujours consécutives à des élections locales dans notre pays. Le parti semble secoué mais je reste persuadé que par nos procédures consultatives et délibératives, nous allons très vite tourner cette page. De mon point de vue, Il y a de très bonnes choses, des choses utiles qui se sont révélées lors de ces élections, des leaders ont émergé ou consolidé leur statut, d’autres qui avaient la prétention ou la vanité de la représentativité ont découvert la réalité de leur faible ancrage local, etc.

C’est un bon levain pour fertiliser l’avenir du parti en termes de renforcement de ses bases dans toutes les localités, dont on connait aujourd’hui en toute objectivité les contours, la densité et la marge de progression. Cela me parait l’acquis le plus fondamental pour faire progresser le parti.

Dans ces conditions, pensez-vous que Macky Sall peut compter sur son parti pour aspirer à un second mandat en 2017 ?

Affirmatif. Vous en doutez parce que vous pensez peut-être au scénario des locales de 2009, au département de Dakar gagné par Taxawu Dakar le 29 juin 2014, oubliant que 602 collectivités locales étaient à conquérir. L’APR et la majorité présidentielles en ont gagné plus de 450, remportant également plus de 32 départements sur 45 et 8 capitales régionales sur 14. Je voudrais juste vous rappeler que Dakar n’est pas tombé entre les mains de l’opposition, comme ce fut le cas en 2009 et la majorité présidentielle a perdu moins de grandes villes que le PDS en 2009, mais l’histoire ne bégaye pas toujours.

Il est vrai qu’à quelques exceptions près, les responsables APR de Dakar n’ont pas gagné à Dakar, mais pour autant, le Président Macky Sall n’a absolument pas perdu Dakar, politiquement et sociologiquement parlant. Il faut poursuivre le travail et adopter des stratégies plus conquérantes. Mais avouons qu’au delà de leurs aspects anecdotiques et de l’alerte que l’on peut en tirer, ces résultats constituent une victoire incontestable pour la majorité présidentielle, un encouragement pour l’APR à poursuivre son effort et son engagement derrière le Président Macky Sall.

 Le constat est fait que  BBY n’a pas connu de grands succès dans les grandes villes, qu’est-ce qui a manqué à votre coalition ?

Seule une évaluation plus fine et plus détaillée devrait nous permettre d’y répondre. Mais retenons peut-être une faible concertation préalable, un manque de discipline des membres de l’APR, et la posture souvent ambivalente de certains alliés de l’APR. Mais tous ces indices et d’autres encore devront être plus objectivement analysés.

Quant vous parlez de posture ambivalente de certains alliés, vous faites allusion à qui?

La bonne question aurait été dire : vous faites allusion à quoi ? En vérité, l’ambivalence dans la posture, c’est cette sorte de logique d’alliance à la carte, qui pourrait laisser supposer que la sauvegarde des intérêts partisans devrait primer sur tout, et déterminer le positionnement.

Est-ce que ces résultats ne veulent pas dire que la population n’est pas satisfaite du bilan à mi-chemin du Président Sall ?

Les élections locales n’étaient pas destinées à se prononcer sur l’action du Président Macky Sall, mais les résultats ne peuvent pas manquer naturellement de le concerner, d’autant que c’est son camp qui est sorti victorieux. Si tant est que c’est un bilan qui vient d’être sanctionné, l’expression des citoyens nous réconforte.

Elle devrait nous rassurer et nous pousser à aller encore plus vite pour fournir les solutions attendues pour améliorer le quotidien des Sénégalais, après la baisse des loyers, les bourses de sécurité familiale, la couverture maladie universelle, le soutien utile et massif au monde rural,  l’emploi des jeunes, la baisse des prix des denrées de grande consommation, la revalorisation salariale via la baisse de la fiscalité, pour ne citer que ces solutions apportées contre les souffrances collectives généralisées que nous avons trouvées en héritage.

Beaucoup de responsables de l’APR se sont farouchement combattus entre eux lors des Locales et on n’a pas senti la direction du parti pour faire régner la discipline. Qui contrôle l’APR ?

Comme beaucoup de mes camarades, je déplore cet état de fait, ces luttes fratricides entre membres d’un même parti et cette exaspération des individualismes. Je l’ai dit tout à l’heure, nous devrons faire le point pour remettre le parti dans un nouvelle dynamique d’un parti politique authentique, c'est-à-dire un parti plus organisé, plus structuré et plus uni par la solidarité et la discipline de parti. Nos textes comme l’analyse de la réalité devraient nous y aider, très confortablement. De mon point de vue, nous devrions y procéder toutes affaires cessantes.

Quelle est la nature des rapports actuels entre l’APR et ses alliés de BBY ?

Des rapports entre alliés et non moins concurrents qu’il faudra certainement évaluer et améliorer. Il faut rappeler que BBY est l’aboutissement d’un long cycle politique dans lequel l’APR a joué un rôle majeur qui a contribué à stabiliser notre pays. L’APR est un parti qui s’est donné comme identité originelle d’être un creuset ouvert, donc très à l’aise dans le cadre de cette coalition, respectueux de sa parole et de l’identité de ses partenaires, fussent-ils concurrents. Cela, nous l’avons prouvé tout au long de notre jeune histoire. L’alliance, qu’elle soit politique, stratégique ou électorale est une option cardinale pour le Président Macky Sall et pour notre parti.

Que pensez-vous de l’appel des cadres libéraux pour une retrouvaille de toute la famille libérale ?

C’est un vieux serpent de mer qui resurgit à chaque moment fort du cours politique dans notre pays. Pour moi, la contradiction principale pour l’émergence et le développement de notre pays ne se situe pas là. La stratégie de retrouvaille de la famille libérale peut paraître séduisante comme démarche politique, mais il n’en reste pas moins vrai que cela est très réducteur, au regard de la trajectoire de l’APR comme réalité politique, de Macky Sall comme leader politique et  du regroupement majoritaire populaire dont le président de la République a besoin pour élargir sa base sociale et travailler par la réforme soutenue à la transformation sociale de notre pays.

Mais est ce que vous êtes partant pour un rassemblement des partis d’obédience libérale ?

Je suis pour un rassemblement populaire majoritaire autour du président de la République et pour  l’émergence du Sénégal

Quel commentaire faites-vous de la mise en demeure d’Abdoulaye Baldé ?

Aucun commentaire particulier sur un dossier pendant devant la justice de notre pays. Dans le cadre de l’opération de recouvrement des biens mal acquis lancée depuis 2012, il me semble qu’une mise en demeure ne constitue pas un fait nouveau ou inédit et ne mérite pas de commentaire particulier. 

Le gouvernement ira-t-il jusqu'au bout dans la traque des biens mal acquis?

Pourquoi voulez-vous penser le contraire ? Cette politique est une exigence citoyenne, entre les mains d’une justice indépendante. Et au final, il ne s’agit ni plus ni moins que de récupérer des biens du Sénégal, dont il aura été finalement établi qu’ils auront été mal acquis. Tel est le sens de cette action et il convient de la poursuivre au nom du salut public.

Le procès Karim Wade aura-t-il lieu comme prévu  le 31 juillet?

Les juges en charge du dossier seraient mieux indiqués que moi pour répondre. Jusque-là, je n’ai pas eu d’informations indiquant le contraire. Wait and see.

Votre parti a subi presque un revers à Dakar, est-ce que vous vous attendiez à un tel résultat ?

Franchement non. C’est une grosse surprise.

Est-ce à dire que le travail de Khalifa Sall est plus visible dans la capitale que celui du Président ?

Non je ne pense pas ce soit la raison du succès électoral de Khalifa Sall. Pape Diop pourrait être crédité d’un meilleur bilan à la ville et pourtant il n’a rien gagné. Par contre, il y a eu incontestablement un effet Khalifa Sall qui a sauvé la tête à des maires sortants que les populations avaient décidé de sortir ce 29 juin.

C’est son propre camp qui le dit et qui a fait campagne sur son nom et son aura. Pour ma part, je crois que cela tient à trois choses, d’abord la capitalisation optimale sur le déguerpissement des marchands ambulants, la forte conviction des Dakarois que Khalifa Sall avait initié des bonnes choses telles que le pavage des trottoirs qu’il devrait continuer à réaliser, et sa posture de victime de l’acte 3 de la décentralisation qui le dépossède injustement, fait-il croire aux populations, de la ville de Dakar.

Il a été électoralement habile, frisant régulièrement la ligne jaune. Maintenant, notre travail à Dakar devra consister, entre autres, à faire en sorte que cet effet Khalifa Sall ne devienne pas un  phénomène Khalifa Sall ; et cela est à notre portée j’en suis convaincu.

Avec le recul, pensez-vous que Macky Sall a eu raison de laisser faire au lieu d’intervenir dans les investitures ? Le Président ne s’est il pas tiré une balle dans le pied ?

Avec le recul, on peut tout changer. Le temps n’est pas aux  regrets mais à l’action corrective, à l’action politique de rectification et à la conquête d’un électorat plus massif et à fidéliser.

La victoire de Bamba Fall à la Médina, n’est-elle pas la preuve que le poids électoral de Seydou Guèye et Youssou Ndour a été surévalué ?

La liste conduite par Bamba Fall a largement remporté les élections à la Médina. Il a gagné je l’ai félicité et prié qu’il développe notre commune par son action et en toute éthique. Je n’en tire pas d’autres conséquences qui pourraient laisser croire que je veux déprécier sa victoire ou lui donner une portée que les électeurs ne lui auraient pas conférée.

Selon la presse, vous aviez déclaré que vous étiez indésirable à la Médina et partout les gens vous balançaient des insultes. Qu’en est-il exactement ?

Un candidat arrivé deuxième à la Médina, qui reçoit autant de messages d’encouragements et de marques de sympathie que moi ne peut pas être indésirable à la Médina, où je suis né comme mes parents. L’insulte, l’irrévérence et la violence ont marqué la campagne électorale à la Médina, cela est le fait de ceux qui ont comme culture les comités d’action, la fraude, la terreur et l’escroquerie électorale. La campagne est derrière nous, nous travaillons aujourd’hui à élargir nos bases, à réconcilier les cœurs et à effacer ces laideurs qui n’honorent pas notre histoire politique, même s’il est vrai que nous irons jusqu’au bout des séquences ouvertes au commissariat de police pour nous plaindre des cas de violence avérées avec des preuves à l’appui.

Le Président Macky Sall avait menacé de sanctionner les perdants. Mais vous  attendiez-vous à ce grand chamboulement ?

Seul le président de la République est maître du spectre et de la profondeur d’un remaniement gouvernemental, au regard du changement qu’il estime nécessaire, de la cohérence qu’il veut bâtir et de l’attelage qu’il veut monter en vue d’une plus grande synergie ou d’une efficacité renforcée.

Fallait-il  débarquer Mimi Touré de la Primature ?

Domaine réservé au président de la République. No comment.

On vous accuse d’être l’un des grands pourfendeurs de l’ex Premier ministre. Êtes-vous satisfait de son limogeage ?

Je ne me réjouis jamais du malheur de l’autre.

Quel sort l’APR réserve-t-elle aux responsables battus lors des dernières locales ?

Membres et responsables de l’APR ils sont, membres et responsables de l’APR ils devront rester. De mon point de vue, nous devrions tous rester disponibles pour les équipes de rechange au niveau gouvernemental et de l’appareil exécutif largement considéré.

Finalement, vous avez accepté le poste de ministre directeur de Cabinet adjoint alors que vos militants vous demandaient d’occuper une station plus politique, comme par exemple la direction d’une grande société nationale.

J’ai accepté immédiatement en le remerciant la proposition que le président de la République m’a faite. Tout le reste n’est que supputations et spéculations.

En quoi va consister votre nouvelle fonction?

Directeur de Cabinet Adjoint du président de la République, c’est assister le Titulaire dans la coordination du travail du Cabinet et la préparation des dossiers. Le travail de DC est exaltant et à ce niveau, il est encore plus exigeant qu’au niveau du cabinet ministériel, expérience que j’ai déjà eue de 2006 à 2008.

Sera-t-il facile pour un politique comme vous de travailler avec un technocrate?

Vous venez d’indiquer les bases de la complémentarité. Même si vous ne me prêtez qu’une identité de politique, dans toutes les organisations où j’ai travaillé, j’ai toujours occupé des positions dans la technostructure. Monsieur le Ministre Mactar Cissé est d’un commerce facile, ouvert et naturellement disposé à partager avec les autres ce que la vie lui a appris. Ce sont ces traits que je connais ; je serai en bonne compagnie.

Comment appréciez-vous l’actuel Premier ministre et son gouvernement ?

C’est un homme bon, un homme de bien, compétent et engagé qui devrait nous valoir de grandes satisfactions à la tête du Gouvernement du Sénégal. Un a priori très favorable, une conviction qu’il mènera à bien sa mission, avec l’aide de Dieu.

Un gouvernement de plus de 40 membres, cela ne fait-il pas désordre

Je n’ai pas le fétichisme des chiffres et l’arithmétique ne semble pas un critère déterminant en matière d’efficacité de l’action gouvernementale.

Le nouveau Premier ministre appelle au travail alors que les pénuries d’eau et d’électricité indisposent une grande partie de la population. Est-ce que l’émergence est réalisable dans ces conditions ?

Sans conteste, ces pénuries restent le mal d’une gestion passée, ruineuse pour notre économie, qui a précarisé les Sénégalais, et mis en péril les secteurs stratégiques tels que ceux de l’eau et de l’électricité.  Par contre, la voie de l’émergence est balisée dans le cadre du PSE avec les 27 projets et les 17 réformes qui devront transformer la structure de notre économie pour mieux l’ouvrir à la compétitivité, et à travers un cadre de cohérence méthodologique pour l’élaboration, le pilotage, la mise en œuvre,  l’évaluation des dits projets et les mécanismes de financement adaptés.

N’est-ce pas trop facile de mettre tout sur le dos du régime précédent ?

 Il ne s’agit pas de cela. Mais, concernant les secteurs de l’eau et de l’électricité, la nouvelle gouvernance en œuvre actuellement dans ces différents secteurs devrait nous permettre d’ouvrir les chemins de la fourniture régulière et en qualité et quantité suffisantes pour tous les types de besoins. L’eau potable reste un bien vital, son accès universel correspond à un des objectifs majeurs du chef de l’Etat. L’électricité quant à elle est un facteur de production déterminant pour l’émergence du Sénégal.

Le mix énergétique  reste une solution structurante à brève échéance, orientée vers la maitrise de l’énergie par une fourniture régulière, la diversification des sources et la baisse de ses coûts de production et de distribution. Il me semble qu’il faut se situer à ce niveau de la problématique tout en gardant à l’esprit la dimension extrêmement sensible de l’urgence et de l’impatience sociales pour les populations bien naturellement gênées par la pénurie, qui attendent des solutions ici et maintenant. C’est tout le sens de l’action des ministres chargés de ces secteurs.

L’on note un retour des sociétés étrangères surtout françaises dans l’exécution de plusieurs marchés publics. Qu’en est-il de la préférence nationale, au moment où beaucoup de sociétés sénégalaises connaissent de multiples difficultés ?

Le soutien au secteur privé national est un engagement majeur du régime du Président Macky Sall. L’adoption d’un nouveau code des marchés publics encore plus favorable aux entreprises nationales et moins contraignant, la restructuration des entreprises en difficulté, la mise à disposition de nouveaux mécanismes de financement comme la BNDE, le FONGIP et le FONGIS constituent à n’en point douter des dispositions pratiques de cette nécessité de rendre les entreprises sénégalaises plus performantes, plus compétitives et plus engagées dans l’exécution de la commande publique et le développement du Sénégal.

 Dans un brûlot qu’il vient de publier sur la gendarmerie, le colonel Abdoulaye Aziz Ndaw fait des révélations fracassantes sur l’ex-général de la gendarmerie le colonel Abdoulaye Fall. Quel commentaire cela vous inspire ?

Concernant le livre du Colonel Ndaw, les révélations sont très préoccupantes. Nous devons prendre toutes les dispositions conservatoires requises et faire procéder à toutes les enquêtes en vue de tirer tout cela au clair. Dans une démocratie et une république comme la nôtre, il faut tout faire pour garder aux institutions leur sacralité, leur part de mythe et leur crédibilité.

PAR IBRAHIMA KHALIL WADE

 

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