Après les combats entre militaires dans la capitale, Khartoum, trois humanitaires de l’ONU tués dans l’Est
De violents combats secouent le pays depuis le 15 avril, les troupes de deux généraux rivaux s’affrontant pour le contrôle du pouvoir. Le Programme alimentaire mondial a suspendu ses opérations.
Trois humanitaires du Programme alimentaire mondial (PAM) ont été tués dans les combats au Soudan, a annoncé dimanche 16 avril l’émissaire de l’ONU dans ce pays d’Afrique du Nord-Est, sous les feux croisés depuis plus de vingt-quatre heures de l’armée et de ses rivaux paramilitaires.
Ils ont été tués « samedi en accomplissant leur travail dans le nord du Darfour », dans l’ouest du pays, près du Tchad, qui a fermé sa frontière samedi à cause des violences, précise Volker Perthes dans un communiqué. Il ajoute que des « bâtiments humanitaires auraient été touchés, et d’autres pillés, au Darfour », bastion historique des Forces de soutien rapide (RSF) du général Mohammed Hamdan Daglo, dit « Hemetti », gagné par les combats entre armée et paramilitaires. Le PAM a fait savoir qu’il suspendait temporairement toutes ses opérations au Soudan, pays en proie à une grave crise économique, en attendant que le calme revienne.
L’armée et les RSF ont annoncé ouvrir à 16 heures (heure de Paris) et pour trois heures des « couloirs humanitaires » pour évacuer les blessés, se gardant des deux côtés un « droit de riposte en cas de violation » de l’accord.
Le président de la Commission de l’Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, a fait savoir qu’il allait se rendre « immédiatement » au Soudan « pour engager les parties vers un cessez-le-feu ». Exprimant sa « profonde inquiétude » sur la situation, l’UA a également appelé les forces des deux généraux aux commandes du Soudan à « protéger les civils », dans un communiqué publié à l’issue d’une réunion d’urgence du Conseil de paix et sécurité de l’organisation dimanche après-midi.
Au moins 56 morts parmi les civils
Les combats entre les troupes des deux généraux rivaux, Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhane d’un côté, Hemetti de l’autre, se poursuivaient dimanche. Au moins 56 civils ont été tués en vingt-quatre heures, et des « dizaines » de combattants ont été fauchés par les balles, roquettes et autres projectiles tirés depuis des chars ou des avions depuis samedi matin, rapporte un réseau de médecins prodémocratie, qui recense plus de 600 blessés.
Combats de rue et blindés en travers des routes empêchent tout déplacement dans la capitale, Khartoum : y déambulent des hommes armés en treillis, qui croisent de rares civils, qui portent quelques affaires, à la recherche d’un abri. Des colonnes de fumée s’élèvent depuis samedi du centre-ville, où se trouvent les principales institutions de l’Etat.
Le conflit couvait depuis des semaines, empêchant tout règlement politique. Le pays tente, depuis la révolte populaire qui renversa Omar Al-Bachir en 2019, d’organiser ses premières élections libres après trente ans de dictature.
Lors du putsch ayant mis fin en octobre 2021 à la transition démocratique, le chef de l’armée Al-Bourhane et le patron des RSF, Hemetti, étaient apparus ensemble, faisant front commun pour évincer les civils du pouvoir. La rivalité entre les deux généraux, latente depuis des semaines, a explosé samedi à Khartoum, qui s’est réveillée au son des explosions et des combats.
Le Monde avec AFP et Reuters