Publié le 21 Mar 2013 - 18:41
SYRIE

Enquête de l'ONU sur l'utilisation possible d'armes chimiques

 

L'ONU a annoncé jeudi qu'elle allait ouvrir une enquête sur l'utilisation possible d'armes chimiques en Syrie, qui fait l'objet d'accusations réciproques de la part des deux camps mais n'a pas jusqu'à présent été confirmée.

 

"J'ai décidé que l'ONU mènerait une enquête sur l'utilisation possible d'armes chimiques en Syrie", a déclaré le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon à la presse, convoquée solennellement dans la salle de conférence du secrétariat général. Il a précisé que cette enquête, répondant à une demande officielle de Damas, sera lancée "dès que possible en pratique" et portera sur "l'incident spécifique que m'a signalé le gouvernement syrien". Celui-ci accuse l'opposition d'avoir eu recours aux armes chimiques mardi à Khan al-Assal, près d'Alep (nord). "Je suis au courant qu'il y a d'autres accusations portant sur des cas similaires", a cependant noté M. Ban.

 

Selon l'opposition, c'est le régime qui a employé des armes chimiques à Khan al-Assal, ainsi qu'à Atayba, à l'est de Damas. Paris et Londres demandent de leur côté une enquête qui porterait sur "toutes les allégations". Le porte-parole de l'ONU Martin Nesirky a laissé ouverte la possibilité que l'enquête soit étendue aux accusations de l'opposition contre le pouvoir, comme le souhaitent Londres et Paris. "Le secrétaire général va étudier cette suggestion à mesure que sera mis au point le mandat" des enquêteurs, a-t-il indiqué. Il a souhaité que l'enquête "contribue à la sécurité de l'arsenal d'armes chimiques en Syrie". La demande franco-britannique, transmise jeudi matin à M. Ban, l'invite à "lancer d'urgence une enquête sur toutes les allégations" et à mener cette enquête "aussi rapidement que possible". La lettre fait référence aux cas suspects de Khan Al-Assal et de Atayba, et signale aussi des "accusations d'emploi d'armes chimiques à Homs (centre de la Syrie) le 23 décembre 2012".

 

Cette initiative franco-britannique a provoqué des tensions mercredi avec la Russie. L'ambassadeur russe Vitali Tchourkine, qui préside le Conseil de sécurité en mars, a insisté pour que seules les accusations portées contre l'opposition fassent l'objet d'une enquête. Après l'annonce de M. Ban, M. Tchourkine s'est déclaré "satisfait". "C'est une décision courageuse et très bonne", a estimé le diplomate russe. Depuis le début du conflit en Syrie -- qui a fait plus de 70.000 morts en deux ans selon l'ONU -- Moscou a toujours protégé son allié syrien, allant jusqu'à bloquer trois projets occidentaux de résolutions. L'ambassadrice américaine Susan Rice a déclaré "soutenir une enquête sur toutes les accusations crédibles, sans exceptions". Elle a prévenu Damas "qu'il y aura des conséquences si (le président syrien) Bachar al-Assad et ceux sous son commandement ont commis l'erreur d'utiliser des armes chimiques ou n'ont pas respecté leur obligation" de les garder dans un endroit sûr.

 

Les Occidentaux ont à plusieurs reprises affirmé que l'entrée en jeu des armes chimiques dans le conflit syrien était une ligne rouge, mais sans jamais préciser ce qu'il en coûterait aux coupables ni confirmer que ces armes ont bien été employées. En visite en Israël mercredi, le président américain Barack Obama s'est déclaré "très sceptique" sur un recours des opposants à ce type d'armement. Des diplomates occidentaux restent prudents sur la véracité des accusations lancées de part et d'autre. L'utilisation à très faibles doses de substances chimiques toxiques par le régime, qui dispose de stocks de divers gaz comme le sarin, est possible "dans le cadre d'une stratégie de la terreur", explique l'un d'eux, mais Bachar al-Assad n'est pas assez aux abois pour "faire n'importe quoi".

 

Par contre, ajoute-t-il, "nos renseignements nous laissent penser que la rebellion n'a pas mis la main sur de telles armes". M. Ban a réclamé pour son enquête "la pleine coopération de toutes les parties", y compris un "accès sans entraves" au territoire syrien. L'enquête sera préparée en coopération avec l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques.

 

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