Sept Sénégalais d'«exception» pour des parcours qui en valent la peine
La première conférence propagatrice d’idées «qui valent la peine d’être diffusées», la bien nommée TEDx Sandaga, a eu lieu le 28 mai dernier à l’Institut français de Dakar. Sept Sénégalais d’exception ont ainsi partagé leurs rêves, ambitions et expériences avec un public captivé lors d’un événement enrichissant de par son caractère de communion.
Inédite à Dakar, la conférence «TEDxSandaga» (Technology, Entertainment and Design), se tenait mardi dernier sur la scène du Théâtre de Verdure de l’Institut français de Dakar avec pour thème «La main et l’œil» (deux parties du corps présentées comme indissociables par les organisateurs). Cette soirée d’échanges et de communion a permis aux Sénégalais de découvrir les expériences de sept personnalités dakaroises, choisies pour l’originalité de leurs parcours et la pertinence de leurs actions dans leur communauté.
Il s’agissait du Président de l’Association Sénégalaise pour la Promotion de l’Astronomie (ASPA), Maram Kaïré, de la Designer et productrice Aïssa Dione, du fondateur d’incubateur TIC «Jokkolabs», Karim Sy, du Manager Général du Club de football «Dakar Sacré-Cœur», Matthieu Chupin, d’Emmanuel Henao, le co-fondateur de LinkedAfrica.com, de Yaye Bayam Diouf, la présidente du Collectif des femmes pour la lutte contre l'émigration clandestine (COFLEC) et du photographe et artiste Omar Victor Diop (qui a récemment fait la couverture d’un hors-série de la revue Courrier International, «L’Afrique 3.0»).
Ainsi, l’un des axes les plus importants des conférences TED est d’être «propagatrice d'idées qui valent la peine d'être diffusées». Outre les quelques chanceux présents à Dakar, d’autres internautes ont pu accéder à une partie ou à la totalité de l’événement puisque TED met gratuitement le meilleur de ses conférences sur son site web. Les exposés ainsi postés peuvent couvrir un large éventail de sujets, allant de la science aux arts, de la politique aux questions mondiales, de architecture à la musique, etc.
Deux interventions émouvantes
La première, celle d’une mère d’un disparu de la mer parti un matin à bord d’une pirogue pour ne plus jamais revenir : Yaye Bayam Diouf a raconté la douleur «sans nom», «indescriptible». Des mots graves, pesants, qui ne sont pas sans rappeler le film de Moussa Touré récemment lauréat d’un prix spécial au Fespaco 2013, mais surtout ceux d’une femme forte qui a su transcender sa douleur pour devenir aujourd'hui un personnage clé de sa communauté.
La seconde, celle d’Omar Victor Diop qui, avec une créativité admirable, a parlé de multi appartenance et d’authenticité (non, ce n’est pas paradoxal)… Assis sur son tabouret, il a offert à son audience un speech dans lequel beaucoup se sont retrouvés : comment est-ce qu'un homme ne peut être déterminé que par lui-même, comment accepter sa différence, sa singularité, comment ne pas tomber dans la tentation de se «fondre dans le moule», etc. «Je ne suis pas une seule personne figée, mais un ensemble de plusieurs éléments constituent ce que je suis ... ça ne fait pas de moi une personne non authentique ou non africaine», a-t-il ainsi expliqué.
Le label de conférences TED a été fondé en 1984 et, depuis lors, a vu défiler d’éminentes personnalités dont Bill Clinton, le chanteur Bono, l'inventeur du Web Tim Berners-Lee, Jimmy Wales, fondateur de Wikipédia, Peter Gabriel, du prix Nobel de la paix Al Gore...
Le suffixe «X» signifie que la conférence de Sandaga était un événement local indépendamment organisé du reste des conférences annuellement données sous le label TED, tout respectant les critères définis par ce dernier.
SOPHIANE BENGELOUN
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Maram KaïréPassionné d'astronomie dès son bas âge, Maram Kaïré a la tête dans les étoiles et les pieds sur terre. Après des études d’Ingénieur système en France, Maram revient travailler au Sénégal en 2006. Une occasion pour lui de partager son amour de l’astronomie à travers l’Association Sénégalaise pour la Promotion de l’Astronomie (ASPA), dont il est Co-fondateur et actuel Président. Il consacre aujourd’hui l’essentiel de son temps entre les activités de sa société et la vulgarisation scientifique. Son rêve : créer des vocations chez les plus jeunes. |
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Aïssa DioneEn 1992, Aïssa Dione, peintre et designer textile, a crée la société Aïssa Dione Tissus (ADT). Son ambition première est de se positionner dans le développement de la filière textile au Sénégal, tout en encourageant la pérennisation et le développement d’un savoir faire traditionnel en voie de disparition. Très tôt, l’entreprise se concentre sur les procédés de transformation du coton, créant une très longue chaîne de valeurs ajoutées - non seulement tissus, mais aussi mobilier et accessoires - sur la matière première de base. Aujourd’hui ADT compte une centaine d’employés en grande partie spécialisés dans le tissage, mais aussi dans la menuiserie, la sculpture sur bois, la confection et la broderie. |
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Karim SyAncien étudiant de l'Ecole Polytechnique de Montréal (Génie informatique) et Fellow Ashoka 2012, Karim Sy est un entrepreneur expérimenté. Depuis son retour en Afrique en 1994, il s'investit dans plusieurs projets privés en tant qu'associé et membre de l'exécutif en Afrique de l'Ouest. Depuis 2005, il intervient comme formateur et consultant en compétitivité des organisations et commerce international pour des organisations internationales. Conscient que nous sommes aux "temps des conséquences" et qu'il est urgent de changer de paradigme, Karim consacre depuis 2010 la majeure partie de son temps à titre pro bono à l'initiative Jokkolabs, suite à une formation en leadership stratégique. |
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Matthieu ChupinDepuis plus de 20 ans Matthieu milite pour le développement du football au Sénégal. Cette passion est basée sur une conviction: le sport est l’un des meilleurs atouts du continent africain. A travers son parcours professionnel, Matthieu a mis en place des actions éducatives, sociales, économiques basées toujours sur l’engouement pour le sport. En 2005 il a notamment créé l’AS Dakar Sacré-Cœur, club né d’un véritable Melting pot, reconnu pour son approche globale innovante et la qualité de ses installations. |
Emmanuel HenaoD’origine franco-colombienne, Emmanuel grandit au Tchad et au Mozambique. Son lien avec l’Afrique devient indissoluble lorsqu’il y fonde une famille : sa femme est malienne, ses enfants naissent au Sénégal. Pendant 10 ans, Emmanuel navigue sur tous les continents, entre secteurs public (Aide au Développement) et privé (Media/Communication). Des choix professionnels un peu disparates, un sens de l’intuition développé et beaucoup de détermination : Emmanuel comprend que son épanouissement passe par l’« invention » de son propre job. Il est sûr d’une chose : le capital humain est sa motivation, et devient sa raison d’entreprendre. En 2011, il rencontre son associé, Nicolas Bussard, d’origine camerounaise, et ensemble ils créent le premier réseau social professionnel africain : LinkedAfrica.com. |
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Yayi Bayam DioufYayi Bayam Diouf est la présidente du Collectif des femmes pour la lutte contre l’émigration clandestine, à Thiaroye-Sur-Mer. C’est à la suite du naufrage de deux pirogues en mars 2006, et la mort de 162 jeunes, que Yayi Bayam Diouf décide d’engager le collectif sur le thème de la lutte contre l’émigration clandestine. Par son expérience personnelle, Yayi Bayam Diouf se rend compte que son combat va au-delà de la lutte contre l’émigration clandestine, mais englobe aussi la lutte pour les droits de la femme, dans son village comme dans la société en général. |
Omar Victor DiopOmar Victor Diop, 32 ans, sénégalais, est un photographe dont l'univers hétéroclite s'étend de la photograhie conceptuelle à la photographie de mode. Le caractère profondément optimiste et novateur de ses propositions artistiques, empreintes d'humour, de modernité et de sensualité, font de son portfolio une identité remarquable dans la scène des arts visuels au Sénégal et dans le continent. Omar Victor a exposé aux Rencontres de Bamako, aux Rencontres Internationales de la Photographie d'Arles, à la Biennale de Dakar et à celle de Panama City, entre autres. Omar Victor vit et travaille à Dakar. |