Publié le 22 Sep 2015 - 20:05
TEMOIGNAGE DU PROFESSEUR OLIVIER BERCAULT

‘’Le nom de Déby a été retrouvé à trois reprises dans les archives de la DDS’’

 

Après l’examinateur en écritures Taubin Tanaka, la Chambre d’assises des CAE a recueilli hier le témoignage du chercheur-investigateur sur les crimes de guerre, Oliver Bercault. Professeur de Droit à l’Université de San Francisco, il a été entendu pour son ouvrage intitulé « La Plaine des Morts- Le Tchad de Hissein Habré  1982-1990 ». Le témoin est également revenu sur ses deux séjours au Tchad (en 2000 et 2012) et sa visite de l’ancien siège de la DDS. Selon ses explications, des centaines de cartes postales, des certificats de décès, les noms des prisonniers ont été retrouvés parmi la paperasse trouvée sur place.

Et si en résumant son ouvrage, il a présenté la DDS comme ‘’l’œil et l’oreille du Président’’, le professeur Bercault a aussi fait état d’indices qui mènent à l’actuel Président tchadien Idriss Déby. ‘’Nous avons retrouvé le nom de Idriss Déby, à trois reprises, dans les archives’’, a révélé l’auteur qui n’a pas manqué de faire part des menaces dont il a été victime, durant son travail d’investigation. Parmi les auteurs de ces menaces, il a cité nommément Mohamat Djibrine dit El Djonto. L’ancien coordonnateur de la DDS, reversé dans l’administration après le départ de Hissein Habré et devenu responsable de la délivrance des visas, a-t-il révélé, l’avait insulté et avait confisqué son passeport, lorsqu’il s’était rendu au Tchad en 2000, dans le cadre de la rédaction du livre.

Toutefois, malgré les menaces, ses investigations ont pu se poursuivre pour aboutir à la rédaction de l’ouvrage. Ecrit en collaboration avec Reed Brody, patron de Human rights watch, le livre est versé comme une pièce du dossier par le parquet général. Contenant 715 pages, il retrace l’histoire de la répression du régime de Hissein Habré, à travers six parties. D’après le témoin, 300 à 350 personnes victimes et témoins ont été interviewés et ont pu relater la répression, les arrestations et exécutions sous Habré, avec son lot de viols pour les femmes détenues dans les lieux de la DDS.

‘’Elles étaient obligées de donner leur corps en échange de médicaments’’, a rapporté l’auteur qui est largement revenu sur le rôle de l’accusé par rapport à la DDS. ‘’Des témoins ont confirmé que le directeur de la DDS voyait Habré au moins une fois par jour et certaines fiches d’interrogations lui étaient adressées’’, a renseigné le professeur qui chiffre le nombre de détenus de la DDS à 898 personnes. 

 

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