L'association "Sénégal Mo Gueun" entre en scène

L'émigration irrégulière est un fléau qui ne date pas d’hier. Cette année, les chiffres dépassent le double de l’année 2022. A Thiès, les localités de Kayar et de Fass Boye se relèvent difficilement des drames qui les ont frappées de plein fouet, l’année dernière. Face à cette situation, l'association "Sénégal Mo Gueun", dirigée par Adiouma Dia, a trouvé nécessaire de mener une campagne de sensibilisation afin de convaincre les candidats à l'émigration de rester et réussir au pays.
Tout comme Kayar, Fass Boye pleure encore ses fils restés en mer au mois d’août. Ils étaient plus d'une centaine de personnes ; un matin, la rumeur selon laquelle une pirogue qui avait quitté Fass Boye avait chaviré au large du Cap-Vert s'est répandue. Tout le village était en état de choc ; sur les cent passagers, il n'en restait qu'une trentaine. Aujourd’hui encore, l’émotion reste vive dans la contrée.
Dans un pays comme le Sénégal, où la pauvreté, le chômage endémique, la désespérance et la pression familiale amarrent les jeunes, déserter le pays est pour certains le seul moyen de réussir. Cela les pousse à s’aventurer dans la migration irrégulière. Dans la petite côte de la région de Thiès, des jeunes, au péril de leur vie, s’engagent à rejoindre les îles Canaries, souligne Adiouma Dia, président de l’association ‘’Sénégal Mo Gueun’’, une association composée d’hommes et de femmes soucieux de combattre le phénomène de l’émigration irrégulière.
Car, malgré les politiques de lutte contre l’émigration irrégulière, le phénomène reste toujours alarmant pour lui. Les jeunes continuent d'emprunter la mer, le désert ou le Nicaragua pour se rendre en Europe à la recherche de lendemains meilleurs. Chaque année, des milliers de Sénégalais tentent de quitter le pays par des voies illégales, et certains y perdent la vie, tandis que d’autres restent introuvables.
Pour atteindre ses objectifs, l’association prévoit d'organiser des thés-débats avec vidéoprojecteur pour échanger et partager les points de vue des uns et des autres. Elle envisage aussi d’organiser des panels de discussions avec différents acteurs pour trouver des solutions concrètes. Ces activités permettront de recueillir les avis et les idées des jeunes afin de mieux répondre à leurs attentes. Cette campagne, intitulée "NON À L'ÉMIGRATION IRRÉGULIÈRE", vise à sensibiliser les jeunes aux dangers de l'émigration irrégulière et à promouvoir des alternatives légales et sûres à la migration.
En effet, l’association "Sénégal Mo Gueun" est ouverte à tout citoyen préoccupé par le phénomène de l’émigration irrégulière et invite chacun à être acteur du changement auquel aspire le Sénégal. Elle a ainsi besoin de partenaires clés pour soutenir ses initiatives. Ces partenariats sont notamment ouverts aux structures de formation publiques et privées, explique Adiouma Dia. Cela permettra à l’association d’établir des accords de collaboration avec plusieurs établissements de formation publics et privés. Ceux-ci permettront aux émigrés qui arrivent dans les pays européens de bénéficier de programmes d'apprentissage linguistique, de qualifications professionnelles et d'orientation vers l'emploi adaptés à leurs besoins. Grâce aux généreux soutiens de mécènes et de bénévoles engagés, l'association pourra renforcer ses actions d'accompagnement social, juridique et administratif des candidats à l’immigration régulière.
Ces contributions permettront également la mise en place de programmes de développement durable locaux, pour offrir un accompagnement complet et durable aux jeunes qui feront le choix de l'émigration régulière. ‘’Nous serons reconnaissants envers tous ceux qui nous soutiendront dans cette mission de sensibilisation et de solidarité’’, indique Adiouma Dia. Qui est d’avis que les familles ont un rôle clé dans la prévention de l'émigration irrégulière, notamment en encourageant des choix responsables pour les jeunes. ‘’Elles doivent valoriser l'éducation et encourager les jeunes à rester à l'école pour acquérir les compétences nécessaires pour leur avenir. Les parents doivent offrir un soutien émotionnel à leurs enfants pour les aider à faire face aux difficultés et aux frustrations susceptibles d'influencer leur décision de migrer illégalement. Ils doivent fournir des informations correctes sur les risques de l'émigration illégale’’, lance-t-il.
D’autant que, fait-il remarquer, les contrôles aux frontières ont été renforcés pour détecter et empêcher les entrées illégales, grâce au déploiement de ressources humaines et technologiques appropriées pour surveiller les points d'entrée et les routes fréquemment utilisées par les migrants irréguliers.
NDEYE DIALLO (THIÈS)