Une nouvelle Cité construite sur un cimetière de Baobabs centenaires
Vous, les Baobabs, vous, les Arbres, vous étiez là avant nous. Des centaines, des fois un millier d'années avant nous. Nous, dans la folie la plus absurde, dans un laps de temps, détruisons notre patrimoine naturel sur la terre. Oui, à Thies Ouest, derrière la direction de l'élevage, on est en train d'abattre des dizaines de Baobabs centenaires, millénaires. Ils détruisent le poumon vert de Thies Ouest et personne ne s'en émeut. Ils assassinent les Baobabs, un par un, c'est monstrueux.
Tout ce massacre dans la logique d'une incroyable boulimie foncière.
Oui, il y a quelques hectares entre le rail et la base, entre la voie de contournement et la direction de l'élevage. Et même s'ils veulent, dans leur folie de construction partout et à tout prix, y élever une cité, pourquoi ne pas au moins laisser vivre les Baobabs les plus anciens? Pourquoi faut-il s'accaparer de chaque centimètre carré de cette surface? Pourquoi ne pas laisser des petits espaces avec des arbres centenaires? Vraiment c'est incroyable.
Cette destruction délibérée va à l'encontre de toutes les grandes déclarations des autorités publiques et des représentants élus du Sénégal. On signe toutes les chartes pour l'environnement et le développement durable, c'est bien, c'est du papier. Et de l'autre côté, dans la pratique, on fait exactement le contraire. Qui va m'expliquer comment on peut autoriser la destruction d'une forêt entière, même si elle n'est pas classée, alors qu'il n'y a presque plus de forêts au nord du Sénégal?Une nouvelle cité sera implantée sur un cimetière, un cimetière de Baobabs, de Kadd, de tout un écosystème détruit sciemment, pour des raisons financières.
A Thies, il n'y a pas de pénurie foncière qui pourrait expliquer cette folie de destruction. Il y a suffisamment de terres autour de la ville, il s'agit juste de trouver des arrangements entre la commune de Thies et les communes voisines. Il n'y a aucune raison compréhensible de cette destruction. Le terrain appartiendrait ou bien à la direction de l'élevage, aux chemins de fer ou à la commune de Thies, je ne dispose pas d'informations précises. Seulement, il ne s'agit pas de savoir à qui appartient le terrain qui a abrité la forêt, mais de savoir qui l'a fait détruire.
Je ne connais pas bien le code de l'environnement, mais il me semble absurde que dans une logique financière, pour maximiser les gains, on puisse détruire un patrimoine écologique de telle envergure. Il reste encore deux morceaux épargnés, au sud et au nord de la zone détruite, et j'appelle les autorités à les protéger, à les garder, à les conserver, comme parc, comme petit poumon vert des nouvelles cités qui sont en train d'être construites. Mais je sais que mon appel sera vain, car l'appât du gain est plus fort que la cinquantaine de Baobabs encore en vie dans cette zone.
Dr. Ute Gierczynski-Bocandé
Citoyenne désespérée de Thies