A la recherche d’alternatives de financement durable

Oxfam Sénégal, en partenariat avec l’Institut des sciences de l’environnement (ISE), a organisé, hier, un débat sur le ‘’financement de la transition énergétique au Sénégal’’. L’objectif est de discuter des moyens de renforcer la souveraineté énergétique dans un contexte de transition écologique et de dépendance aux ressources internationales.
Selon la directrice pays d’Oxfam, Khar Ndiaye, le Sénégal, à l’instar des pays en développement, fait face à une profonde injustice climatique. Bien que notre pays ne soit responsable que d’une infime part des émissions historiques de gaz à effet de serre, il se trouve en première ligne face aux impacts des changements climatiques. Cette réalité impose de repenser fondamentalement la place des énergies renouvelables dans notre modèle de développement.
‘’Malgré les avancées réalisées ces dernières années dans le déploiement des projets d’énergies renouvelables, force est de constater que le secteur énergétique sénégalais demeure fortement dépendant des énergies fossiles. Notre pays continue à faire face à une crise énergétique. Oxfam a produit un rapport qui met en lumière une réalité préoccupante : l’augmentation d’un mix énergétique repose sur un modèle de financement essentiellement axé sur l’investissement privé étranger : l’endettement et des mécanismes de réduction des risques qui privilégient les rendements financiers au détriment du développement national et des communautés. Ces options financières enferment notre pays dans des engagements à long terme qui protègent plus les intérêts internationaux. Nous avons également constaté que les petites et moyennes entreprises (PME) de notre économie et les travailleurs locaux ne jouent généralement qu’un rôle marginal dans ces projets’’, a constaté Mme Ndiaye, hier, à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad 2), lors d’un panel sur le ‘’Financement de la transition énergétique au Sénégal’’.
En effet, Oxfam Sénégal a mené une étude portant sur cette problématique, dont le rapport sera publié bientôt. L’objectif principal de l’étude est de fournir une analyse des mécanismes actuels de financement de la transition énergétique et des recommandations pour que ceux-ci soutiennent une transition juste qui n’accentue pas les inégalités existantes.
Sur la base des enseignements et des conclusions de ce rapport, Oxfam au Sénégal, en partenariat avec l’Institut des sciences de l’environnement (ISE), souhaite initier un espace de réflexion et d’échanges autour d’une expertise pluridisciplinaire pour discuter des moyens de renforcer la souveraineté énergétique du Sénégal, dans un contexte de transition écologique et de dépendance aux ressources internationales pour le financement du développement.
Les alternatives de financement
Le panel a réuni des doyens des facultés, des professeurs, des experts et des étudiants. Pour une souveraineté énergétique, les panélistes ont suggéré une nouvelle approche en développant des alternatives basées sur des modèles publics et communautaires. ‘’La solution à ces défis est d’aller vers une diversification des sources de financement pour réduire la dépendance. Parmi ces solutions, la mobilisation de l’épargne locale. Il est important de donner la chance et d’encourager les investisseurs locaux à travers des banques, des assurances et des fonds souverains pour financer les infrastructures énergétiques. Il y a également ce qu’on appelle des obligations vertes. L’État doit continuer à émettre des obligations dédiées aux projets énergétiques renouvelables pour attirer des investisseurs privés. Il faut également développer des partenariats stratégiques au niveau régional’’, a recommandé Ismaïla Sankaré du Bureau opérationnel de coordination et de suivi des projets et programmes (Bocs).
Un autre panéliste a proposé que le Fonds souverain d’investissements stratégiques (Fonsis) joue un rôle dans les dépenses et les revenus tirés des recettes du pétrole et du gaz pour les redistribuer dans les énergies renouvelables.
Le panel a été présidé par la représentante du ministre de l’Énergie, du Pétrole et des Mines. Elle a souligné que le Sénégal a besoin d’équilibrer sa transition énergétique. ‘’La transition doit être soigneusement planifiée et basée sur une approche pragmatique, réaliste et s’appuyant sur des ressources locales comme le gaz naturel, une énergie bon marché et moins polluante que les autres énergies fossiles telles que le charbon. Les conséquences d’une transition hasardeuse seraient désastreuses aussi bien financièrement que socialement pour notre pays’’, a-t-elle estimé.
F. Bakary Camara