Bien faire peut parfois déranger
Au niveau de nombreuses artères de la ville de Dakar, des travaux sont en cours, au grand dam du petit commerce, des piétons et des automobilistes qui ne savent plus à quel saint se vouer. Un tour au Point E suffit pour constater ces désagréments.
Des hommes vêtus de dossards de couleur orange sur lesquels on peut lire, sur la face dorsale, ''Satom-Cons'', occupent depuis quelque temps la rue Ziguinchor de Point E, quartier de Dakar. Ils effectuent des travaux pour le renforcement du réseau électronique de la Senelec. Ce, dans le cadre de la réalisation d’une boucle électrique. À plusieurs dizaines de mètres à la ronde, s'entend le bruit infernal des machines qui s'attaquent au bitume, parfois forent les parties en ciment ou caillouteuses de leur aire de travail. Les pioches et pelles sont mises à contribution dans les zones sablonneuses. L’entreprise Atom Construction gère ces chantiers. Casques bien vissés sur les têtes, les manœuvres, sous le chaud soleil d’un après-midi très ensoleillé, s'échinent à creuser la tranchée devant accueillir les tuyaux et les câbles de la Senelec.
Riverains, piétons et commerçants scandalisés
La conséquence de ces travaux ''à n'en plus finir'' est que la circulation sur cet axe est devenue problématique depuis ''trop longtemps'', selon les riverains. Car les travaux ont considérablement freiné le business, au grand dam des tenanciers de cantines, boutiques, agences et autres. ''J’ai perdu un pourcentage considérable de ma clientèle. Maintenant, les gens évitent même de passer par là'', souligne Abdou Diallo, vendeur de bonbons et bananes. Un regard permet de voir le trottoir défoncé au milieu duquel se trouve un trou rempli d’eau que des ouvriers tentent de boucher, alors que d'autres continuent de creuser.
Ici, les tas de gravats sur la chaussée réduisent considérablement la marge de manœuvre des automobilistes. ''Cela fait bientôt cinq mois que cette avenue est en travaux. Il est devenu quasiment impossible d’emprunter ce chemin, parce que nous partageons la chaussée avec les voitures'', peste El Hadj Mamadou Diop, étudiant à l’université Cheikh Anta Diop, en partance pour Colobane. En plus du manque d’espace, des voitures garées sur le bord de la chaussée gênent fortement la circulation des voitures et le passage des piétons. Résultat : ce sont des embouteillages à n'en plus finir au rond-point qui jouxte l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD). ''Depuis le début des travaux, nous avons d’énormes difficultés à mener une vie paisible, surtout en cette période de saison des pluies'', déclare Hubert, assis devant sa maison.
Les eaux usées, un autre cas…
En face de la banque Ecobank et devant une papeterie, de l’eau usée coule tranquillement. Difficile d'en connaître l’origine ''La situation est bien pire, à l’intérieur des maisons'', révèle Omar Ouedrago qui se tient devant une cavité remplie d’une eau nauséabonde à l’entrée du restaurant. ''Ces eaux usées ont envahi toutes les villas'', dit-il. Un autre résident est convaincu que cette situation est liée au travaux en cours. «Certains canaux souterrains, dit-il, où passent les eaux usées, ne sont pas fonctionnels depuis quelque temps. Je crois que ces travailleurs ont dû, soit en casser quelques-uns, ou les ont bouchés, le temps qu’ils terminent leur creusement». «Depuis le début du chantier, le réseau souterrain des égouts du quartier a été fortement perturbé et les eaux usées stagnent partout», dénonce un vigile assis devant une villa.
«Normal», semble répondre M. Niang. Ces équipes ont gâté quelques tuyaux, mais ont toujours pris soin de les réparer, renseigne-t-il. Même s'ils s'évertuent à ne rien abîmer, ajoute-t-il.
Toujours est-il que les riverains estiment avoir, à maintes reprises, tenté d’entrer en contact avec l’Office national de l’assainissement (ONAS) et la municipalité, mais en vain. «Nous faisons notre possible pour limiter au maximum les incidences de notre activité sur la vie des riverains. Après avoir rebouché les tranchées, la C.S.E remettra en état les trottoirs'', rassure Modou Cissé, le chef de chantier de la CSE. Concernant les eaux stagnantes, il estime qu’ils vont veiller à éviter d’endommager les réseaux de la SDE et ceux de l’Onas. «Et si par accident cela arrive, nous les appellerons pour faire les réparations», précise-t-il.
Quand la pluie handicape le creusement !
La saison des pluies n'a également pas aidé les manœuvres. «Avec l’hivernage, nous aussi, travailleurs, nous éprouvons beaucoup de problèmes pour bien faire notre travail», révèle Ibrahima Niang, chef d’équipe, devant les récriminations. Il explique que l’eau des pluies a beaucoup ralenti leur creusement. ''Si nous entamons un travail, nous sommes tenus de l’achever avant la fin de la journée, parce qu’il faut enlever l’eau'', avance M. Niang.
A cet effet, des motopompes sont chargées de tirer l’eau stagnante dans les trous. Parfois aussi, les travailleurs puisent l’eau à l’aide d’un seau de 10 litres. Des bandes de couleur blanche et rouge délimitent la zone des travaux. ''Ce creusement a commencé à l'agence de la Senelec, sise à la rue Vincent, et va se prolonger jusqu’à la centrale électrique devant l’université Cheikh Anta Diop'', renseigne le chef des travaux.
JEAN PIERRE L. T. SAMBOU (Stagiaire)
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