Le déclin d'une épidémie
Après une analyse de la situation du VIH et des IST au Sénégal, le Conseil national de lutte contre le sida a montré des résultats positifs, même si l'épidémie existe, avec parfois les dégâts qu'elle cause. Selon les chiffres donnés par le CNLS, le sida ''est en déclin'' dans notre pays.
Le Sénégal peut se féliciter des résultats réalisés dans la lutte contre le VIH. Les chiffres donnés par le Conseil national de lutte contre le sida (CNLS) montrent que cette maladie est en nette régression. Après analyse de la situation, le CNLS a pu noter que ''l'épidémie est d'ampleur modérée et en déclin''. Le Sénégal compte, actuellement, 0,4 % de femmes et 0,3 % d'hommes ayant entre 15 et 49 ans qui sont positifs au VIH. En se basant sur les informations concernant la prévalence du VIH dans la population générale, le pays peut être fier de son système de santé.
"Les dernières estimations du Spectrum 2021 montrent une baisse progressive de la prévalence chez les 15 et 49 ans depuis 2005, passant de 0,75 % à 0,32 %'', renseigne le CNLS dans un rapport dont ‘’EnQuête’’ détient copie.
Toutefois, malgré ces résultats satisfaisants, il faut noter que l'épidémie est un peu plus ressentie au niveau de certaines couches de la population. De ce fait, il est mentionné dans le rapport du CNLS que "malgré une ampleur modérée et en déclin, la maladie cache une autre facette, si l’on tient compte de certaines caractéristiques socioéconomiques et démographiques. En effet, l’épidémie du sida au Sénégal est de type concentré avec une prévalence basse dans la population générale et élevée dans certaines localités et chez les populations les plus vulnérables''.
Ceci étant, le CNLS fait savoir que les femmes enceintes ne sont pas épargnées. ''Les résultats de la dernière enquête de surveillance sentinelle réalisée en 2015, dans les différentes régions et au niveau des sites sentinelles, révèlent une prévalence de 0,8 % chez les femmes enceintes, renseigne-t-on. Et le CNLS de poursuivre : "La séropositivité du VIH chez les femmes enceintes s’élève à 0,26 %."
''Les pourcentages de femmes et d’hommes séropositifs augmentent avec l’âge''
D'après les informations données par le Conseil national de lutte contre le sida, la séropositivité des femmes et des hommes varie selon l'âge.
Ainsi, ''de façon irrégulière, les pourcentages de femmes et d’hommes séropositifs augmentent avec l’âge. Chez les femmes, elle est très faible au sein des moins de 20 ans, mais augmente avec l’âge pour atteindre un maximum de 1,2 % à 45-49 ans. Chez les hommes, les variations par âge sont plus irrégulières. En excluant le groupe d’âge 30-34, où la prévalence est très basse, le pourcentage des séropositifs augmente jusqu’au maximum de 1,5 % chez les hommes de 40 à 44 ans.
La hausse des cas est notée au niveau des relations sexuelles entre hommes. À ce niveau, le VIH connaît une nette augmentation, entre 2014 et 2017, selon le rapport du CNLS. Il renseigne à ce propos : "Selon une enquête menée, la prévalence du VIH chez les hommes qui ont des rapports sexuels avec les hommes (HSH) est passée de 17,8 % en 2014 à 27,6 % en 2017.''
Le document précise aussi que les résultats de cette dernière enquête montrent une variation de la prévalence selon les sites. Il précise ainsi que ‘’les prévalences les plus élevées sont observées respectivement au niveau des sites de Dakar (49,6 %), de Diourbel (34,8 %) de Mbour (32,7 %), de Saint-Louis (30,3 %) et de Louga (29,3 %).
244 168 cas d’IST en 2021
En ce qui concerne la situation des IST, le Conseil national de lutte contre le sida fait état de plus de 200 000 cas, pour l'année 2021. Il l'explique d'ailleurs : "Durant l’année 2021, un total de 244 168 cas d’IST ont été notifiés dont 230 840, soit 94,5 % chez les femmes selon les données de routine recueillies auprès des sites de prise en charge des IST.''
À propos de cette situation, on apprend que l’écoulement génital reste le syndrome le plus répertorié, avec 130 329, soit 53,4 % de l’ensemble des notifications. Selon le sexe, cet écoulement est plus fréquent chez les femmes que chez les hommes. ‘’On répertorie plus d'écoulement chez les femmes, avec 118 880, soit 91,2 % que chez les hommes (11 449), soit 8,7 %’’, renseigne le document.
Après l'écoulement, il y a d'autres syndromes comme les douleurs abdominales basses, avec 101 288, soit 41,5 %, des ulcérations génitales (12 551), soit 5,1 % dont les 85,0 % des cas sont notifiés chez les femmes. De plus, les cas de syphilis positifs sont de 0,8 % pour les deux sexes avec les femmes qui avoisinent les 0,7 %.
Plus de 1 000 décès en 2021
Entre 2018 et 2021, on a constaté une tendance haussière des IST. Et surtout, ce sont des infections qui touchent de manière disproportionnée les femmes, avec 94 %. Les chiffres suivants prouvent que les cas augmentent, d'une année à une autre, partant de 2018 qui a enregistré 136 062, 205 820 pour 2019, 212 994 pour 2020 et 244 168 pour 2021. Ce qui donne un total de 801 176 cas d’IST.
Le VIH n'a pas manqué de faire des victimes. Selon les chiffres du CNLS, il y a eu un peu plus de 1 000 décès en 2021. Plus précisément, il fait état d’environ 1 024 décès. Cependant, il est important de noter que ce chiffre est inférieur à celui enregistré une année auparavant. C'est-à-dire une légère baisse passant de 1 167 en 2020 à 1 024 en 2021.
Ces infections, accompagnées de décès, montrent l'impact du sida sur la démographie. Au-delà des 1 024 victimes, on note un nombre important d'orphelins pour la même année, estimé à 46 291.
Et pour la recrudescence des IST notée d'année en année (2018-2021), cela montre que leur prévention a été reléguée au second plan, durant ces années-là, avec un engagement politique et financier insuffisant qui a conduit à un relâchement, notamment chez les adolescents et les jeunes. ''On constate des progrès nettement insuffisants dans la lutte contre ces infections qui ne sont souvent ni diagnostiquées ni traitées. L’absence de mise à jour des algorithmes cliniques pour la prise en charge des infections sexuellement transmissibles, leurs disponibilités dans les points de prestation et la formation des prestataires constituent une des faiblesses pour la prise en charge des IST. Les derniers algorithmes cliniques pour la prise en charge des IST datent de près d’une dizaine d'années’’, regrettent les rédacteurs du rapport.
El hadji Fodé Sarr