Publié le 26 Oct 2023 - 22:16
VIOLENCES INTRAFAMILIALES

Le centre Kayam accueille 70 femmes en 20 mois

 

Créé il y a un an et demi, le centre Kayam, situé à Petit-Mbao, est en train de valider son chemin. Fondé par Yacine Diouf, fille de l'ancien président Abdou Diouf, il a déjà accueilli 70 femmes victimes de violences basées sur le genre.

 

Il y a cela 20 mois, le centre Kayam, niché à Petit-Mbao, une localité du département de Pikine, dans la banlieue dakaroise, a été fondé par Yacine Diouf. Il s'agit d'une association à but non lucratif. Sa mission, d'après la présidente qui est par ailleurs la fille de l'ancien président du Sénégal Abdou Diouf, est de soutenir des femmes victimes de violences intrafamiliales, notamment les violences entre couples, le mariage forcé et l'excision. ‘’Ce sont des violences qu'on n’arrive pas à arrêter et dont les femmes ont honte d'en parler. Ce centre leur permet d'avoir un endroit où aller, un endroit où l’on s'occupe d'elles, du début à la fin. Nous les hébergeons, les nourrissons, faisons un suivi psychologique et médical. À la fin de toutes ces assistances, nous passons aux formations, car nous voulons qu'elles deviennent indépendantes financièrement pour se gérer face à la société. Aujourd'hui, nous clôturons la troisième phase de notre formation et grâce à notre bailleur Osiwa, nous pouvons financer ces femmes à hauteur de 1,8 million pour qu'elles puissent commencer leurs activités génératrices de revenus’’.

Elle ajoute : ‘’Une des doyennes de ce centre est revenue pour former d'autres pensionnaires du centre. Pour les formations, il y a le perlage, la transformation d'aliments, de produits halieutiques, de l'eau de javel, entre autres. Le centre, ouvert il y a un an et demi, a accueilli 70 femmes, depuis l'ouverture."

Ce sont, renseigne la présidente du centre Kayam, des femmes qui sont venues en état d'urgence. Certaines sont parties, d'autres sont restées. "Et nous nous occupons de leurs enfants. Les femmes nous retrouvent par les réseaux sociaux, les commissariats, la gendarmerie, l'Association des juristes du Sénégal. Nous sommes à Dakar, mais nous allons ouvrir d'autres centres à Kaolack et à Ziguinchor. C'est la deuxième étape du programme", renseigne-t-elle.

La directrice du centre, Béatrice Badiane, de renchérir qu’elles rencontrent souvent des femmes victimes de violences financières, psychologiques, physiques et verbales. "Nous œuvrons par rapport à la protection, le bien-être de la femme. D'où l'importance des formations. Nous avons pas mal de formations en transformation en produits halieutiques. Nous travaillons avec beaucoup d'organismes et surtout des stagiaires qui nous viennent d'ailleurs. Beaucoup sont intéressés par rapport au fonctionnement du centre Kayam, l'importance que nous donnons à la valeur de la femme victime. Comment nous pouvons l'aider à se réinsérer dans le milieu sociétal. Nous savons qu'au Sénégal, nous avons beaucoup de préjugés, de stigmatisations, de problèmes liés à la femme et à son bien-être’’, souligne la directrice.

Elle poursuit : ‘’Quelles sont les méthodes idéales pour bien prendre soin de la femme ? On dit qu'au Sénégal, on parle souvent de jeunesse et on ne peut pas faire une jeunesse sans qu'il y ait la main de la femme. D'où l'importance d'ouvrir ce centre d'accueil pour héberger, soutenir, accueillir et faire un suivi juridique, psychologique et psychothérapeutique pour le bien-être de la femme."

Béatrice Badiane s’est aussi prononcée sur le choix des régions de Kaolack et Ziguinchor pour abriter d’autres centres, le mois prochain. Cela s’explique, selon elle, par le fait que c'est des zones vraiment chaudes, quand il s'agit des violences sur le genre, mais plus précisément à l'endroit des femmes. "Que ce soit Kaolack ou Ziguinchor, nous recevons beaucoup de femmes qui viennent de ces localités et qui ont été victimes.

Nous recevons aussi des femmes qui ont été stigmatisées. Soit des femmes qui ont vécu ou qui vivent avec le VIH et qui n'ont plus leur place, parce qu'elles ont été dénoncées. Elles ont été sujettes de stigmatisation au sein de la société. Nous avons d'autres femmes aussi qui viennent avec leurs enfants. Elles ont été tellement stigmatisées qu'elles ne trouvent refuge qu'ici auprès du centre. On travaille avec l'armée, la police, la gendarmerie, les services juridiques, surtout l'AJS qui est un partenaire avec qui nous collaborons et qui soutient les femmes en matière de conseils juridiques. Nous avons aussi d'autres ONG... Nous avons réservé quelques espaces dédiés aux enfants, car une femme ne vient jamais sans ses enfants", informe Mme Badiane.

Selon elle, l’idée est de toucher un peu les villages les plus reculés ou les femmes sont stigmatisées, laissées à elles-mêmes. ‘’On parle des droits des femmes, mais est-ce que ces droits sont appliqués ou respectés ? Nous aussi, en tant que femmes, nous avons notre droit de regard sur la société. Nous travaillons beaucoup avec l'AEMO par rapport à la protection des enfants, car c'est eux qui nous délivrent les ordonnances de gardes pour les enfants.

C'est quelque chose de très important, pour vous dire que le centre travaille avec l'État. Nous avons eu dernièrement une rencontre avec le ministère de l'Action sociale, dans le cadre de l'évolution des maisons d'accueil. Oui, nous les ouvrons, mais pour capter des financements, nous, nous valorisons au niveau extérieur, parce que nous recevons par mal de stagiaires. Nous travaillons aussi avec d'autres, comme la Maison rose, le HCR. C'est des partenaires qui nous accompagnent, connaissent le droit et le sens de l'être humain dans la société, l'impact de la femme que nous devons valoriser pour une société pérenne".

Section: