Les pays arabes envoient dix mille soldats sur le terrain
Blindés et chars de combat des forces arabes du Golfe, ce mardi 8 septembre 2015, dans la province de Marib, dans le nord du Yémen. REUTERS/Stringer
Dix mille hommes, c'est un tournant au Yémen. Les pays arabes ont envoyé au sol un important contingent. Jusqu'à présent la coalition arabe menée par l'Arabie saoudite s'était contentée de soutenir les troupes loyalistes yéménites en leur livrant des armes et en menant des raids aériens. Ces 10 000 hommes pourraient participer à l'assaut de la capitale Sanaa toujours aux mains des milices chiites.
Personne ne s’attendait à cet envoi de 10 000 militaires sur le terrain auxquels s’ajoutent les 6 000 égyptiens et soudanais dans les prochains jours. Cette intervention terrestre marque incontestablement un tournant dans ce conflit, entre pays arabes sunnites et rebelles houthis soutenus par l’Iran, analyse notre correspondante à Riyad, Clarence Rodriguez. Alors que les Saoudiens ont toujours récusé une intervention terrestre, il semble que la mort de 60 soldats émiratis, bahreïnis et saoudiens, le week-end dernier, ait provoqué un véritable électrochoc.
Déterminés et animés par un esprit de vengeance, les pays arabes de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite ont renforcé leur dispositif. Ils ont envoyé des équipements supplémentaires : 30 hélicoptères Apache, des véhicules blindés et des lance-roquettes. Un haut responsable du Qatar a confirmé ce mardi qu'un millier de soldats qataris, fortement équipés, sont positionnés à la frontière saoudienne et devraient entrer au Yémen dans les prochains jours. A ce renforcement en hommes venus de l'extérieur, il faut ajouter les forces yéménites loyales au président en exil Abd Rabbo Mansour Hadi et des tribus sunnites hostiles aux rebelles chiites.
Reste à savoir si le déploiement de moyens aussi exceptionnel en hommes et en matériels permettra à la coalition d’en finir avec ce conflit enlisé depuis cinq mois.
Raids intensifs sur Sanaa
En même temps, la coalition arabe a poursuivi ce mardi ses raids aériens intensifs sur Sanaa, qui est contrôlée par les rebelles chiites houthis. But de l’opération : la reconquête du nord et de la ville, prise il y a un an par les rebelles. Les frappes ont ainsi visé le quartier-général des services de la Sécurité centrale et des habitations de responsables de la rébellion.
Le pays, théâtre de combats et de raids aériens quotidiens depuis mars, « se prépare à une nouvelle phase plus meurtrière », met en garde April Longley Alley, spécialiste du Yémen à l'International Crisis Group. « Les deux camps se positionnent pour un conflit majeur dans le nord et, en particulier, à Sanaa », indique-t-elle.
Car les troupes houthis disposent encore d’un arsenal suffisamment sophistiqué pour menacer la coalition sunnite. April Longley Alley affirme à l'AFP que la « bataille pour le nord du Yémen promet d'être une affaire longue et sanglante qui aggravera la situation humanitaire déjà désespérée » de millions de civils. « Il n'y a pas de solution militaire, estime-t-elle encore. Une victoire complète sur les Houthis sera difficile, sinon impossible, dans le Nord ».
Il est donc indispensable, selon elle, d'œuvrer à un « compromis » qui intègrerait les Houthis au système politique yéménite. Elle rappelle qu'en août, les rebelles ont commencé à faire des « concessions » en acceptant d'œuvrer dans le cadre de la résolution 2216 du Conseil de sécurité de l'ONU. La coalition arabe affirme qu'un quelconque règlement du conflit doit être basé sur cette résolution qui impose aux rebelles de se retirer de tous les territoires conquis depuis l'année dernière.
(RFI.FR)