Publié le 22 Apr 2025 - 15:48
ZIARRA GÉNÉRALE DE TIVAOUANE

Un rassemblement spirituel sous le sceau de l’unité et de la dévotion

 

Le week-end dernier, Tivaouane s’est imposé une fois de plus comme l’épicentre de la spiritualité musulmane au Sénégal, en accueillant deux temps forts de la tradition tidiane : le Gamou, en hommage à Sokhna Oumou Khaïry Sy et la Ziarra générale dédiée à Serigne Babacar Sy, premier khalife de Maodo. Depuis samedi, la cité religieuse est prise d’assaut par une foule de fidèles venus des quatre coins du pays et de la diaspora, dans un élan de dévotion et de communion.

 

Dès les premières heures du samedi, est notée une affluence à Tivaouane. À 13 h déjà, la mosquée Serigne Babacar Sy était bondée. Le trop-plein s’est naturellement déversé sur les abords de l’édifice et dans les artères principales de la ville, transformant Tivaouane en un gigantesque lieu de prière et de recueillement.

Samedi soir, une veillée religieuse empreinte d’émotion a été tenue en l’honneur de Sokhna Oumou Khaïry Sy, fille de Serigne Babacar Sy. Présidée par le préfet Mamadou Guèye, la cérémonie a été animée par son fils, Serigne Babacar Sy Cissé dit ‘’Pape Cissé’’, en présence de nombreuses autorités religieuses.

Figure discrète, mais influente, Sokhna Oumou Khaïry Sy, surnommée ‘’Borom Waagne Wi’’, a longtemps œuvré dans l’ombre pour la réussite logistique et sociale de la Ziarra, gagnant le respect et l’affection des fidèles.

Le dimanche 20 avril, place à la Ziarra générale, instaurée en 1930 par Serigne Babacar Sy comme un moment fort de spiritualité et d’enseignement. Devenue un pilier du calendrier religieux tidiane, cette cérémonie permet aux disciples de renouveler leur allégeance et de se ressourcer dans les enseignements du fondateur. Parmi les pèlerins, on retrouve des fidèles comme Sokhna Khady Diop venue spécialement de Saint-Louis. ‘’Depuis mon enfance, je n’ai jamais manqué une Ziarra dédiée à Serigne Babacar Sy. J'aime Serigne Babacar Sy’’, dit-elle avec émotion.

Pour garantir le bon déroulement de ces grands rassemblements, le comité d’organisation dirigé par Khalifa Niang a déployé un dispositif minutieusement préparé depuis plusieurs semaines. ‘’Toutes les consignes ont été suivies à la lettre’’, précise-t-il, soulignant le rôle crucial joué par les équipes de terrain. Sous la supervision de la mairie, en particulier du secrétaire municipal Khalifa Ababacar Gaye, les sites d’accueil ont été aménagés, notamment dans le quartier Kogne Diacka.

L’esplanade des mosquées, elle, a été entièrement dédiée aux pèlerins afin de faciliter leurs déplacements entre les mausolées, selon les directives du préfet. Ce dernier insiste sur la nécessité d’une organisation fluide et inclusive, à la hauteur de l’événement. ‘’La Ziarra générale est une plateforme spirituelle majeure qui engage toutes les composantes de la Hadara. Nous avons l’obligation d’en assurer la réussite totale’’, affirme Mamadou Guèye.

Le khalife des tidianes plaide pour un sursaut moral et éducatif

En livrant le message du Khalife général des tidianes, Serigne Babacar Sy Mansour, lors de la Ziarra générale de Tivaouane, le professeur Papa Makhtar Kébé a mis l’accent sur la nécessité d’un retour aux fondamentaux de l’islam dans la vie sociale et familiale. Rappelant les principes essentiels que tout musulman se doit de respecter pour aspirer au salut, le Pr. Kébé, figure respectée du monde universitaire et fervent serviteur de la langue arabe et des sciences islamiques, a souligné que les familles restent le socle du comportement individuel et collectif. Il a mis en garde contre l’érosion des valeurs islamiques dans le foyer, véritable point de départ de toute dérive sociétale.

Il est également abordé dans le message du khalife la quête de justice sociale, une société juste étant, selon lui, une exigence de l’Islam.

Le Pr. Kébé a dénoncé les comportements inhumains, appelant à un renforcement de l’éducation, à la fois dans les écoles coraniques, les établissements classiques et les universités. Il a, dans ce sens, invité les nouvelles autorités, en particulier le ministre de l’Enseignement supérieur, Dr Abdourahmane Diouf, à accorder une place centrale à la formation de la jeunesse.

Autre appel fort du khalife : l’inclusion. Il a exhorté à ne pas marginaliser les individus en situation de précarité ou en perte de repères, souvent oubliés dans les dynamiques de développement. Pour lui, toute société aspirant à la paix et à la cohésion doit tendre la main aux plus vulnérables.

Enfin, le message s’est voulu une interpellation directe aux parents, éducateurs, leaders communautaires et religieux. ‘’Les comportements des jeunes laissent à désirer aujourd’hui’’, a rappelé le Pr. Kébé. D’où l’urgence, selon le khalife, d’un engagement collectif pour une éducation rigoureuse, imprégnée des valeurs morales et spirituelles que prône l’islam.

Le représentant du président de la République, Dr Abdourahmane Diouf, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, a transmis un message du chef de l’État. ‘’De quelle société avons-nous besoin et dans quel pays voulons-nous vivre ?’’. Telles sont les questions qui résument la vision du président Bassirou Diomaye Faye. Une interpellation claire adressée à la nation tout entière, dans un contexte où les repères moraux et spirituels doivent plus que jamais guider l’action publique et citoyenne. Le ministre a insisté sur la nécessité de puiser dans l’héritage des grandes figures religieuses du Sénégal, à l’instar de Serigne Babacar Sy, dont l’enseignement demeure une boussole pour les générations actuelles. ‘’Nous devons apprendre de ces guides religieux. Nous sommes la génération qui doit beaucoup apprendre de Serigne Babacar Sy. Le président Diomaye et son Premier ministre Ousmane Sonko le savent bien’’, a-t-il souligné.

Docteur Abdourahmane Diouf a salué la maturité des autorités religieuses du pays, véritables garantes de la stabilité sociale et spirituelle. ‘’Quelles que soient les difficultés, nous pouvons être au bord du gouffre, mais nous n’allons jamais tomber dedans, car nous avons des autorités religieuses matures qui nous rappellent toujours les valeurs religieuses et temporelles’’, a-t-il déclaré.

 

Ndeye Diallo ( Thiès)

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