Un comique célèbre fait l'objet d'une enquête pour diffamation
Un célèbre comique tunisien, Lotfi Abdelli, a déclaré mardi à l'AFP faire l'objet d'une enquête pour diffamation envers un ministre pour avoir brandi un doigt d'honneur à la télévision en octobre.
"Les flics (. . . ) m'ont signifié une enquête pour le chef d'accusation de diffamation qui est passible d'un an de prison", a expliqué M. Abdelli, précisant ne pas avoir été inculpé.
Cette affaire intervient alors que les islamistes d'Ennahda, qui dirigent le gouvernement, sont régulièrement accusés par la société civile de s'en prendre à la liberté d'expression. Des ONG et opposants estiment aussi qu'ils tentent d'orchestrer une islamisation rampante de la société.
M. Abdelli, très populaire en Tunisie et critique à l'égard du gouvernement, avait indiqué plus tôt mardi avoir été convoqué par la direction générale des enquêtes de la Garde Nationale à L'Aouina, en banlieue de Tunis.
"C'est le groupe chargé aussi d'enquêter sur les grandes affaires d'Etat, ce n'est pas de la blague (. . . ) c'est la grosse armada", avait-il dit quelques minutes avant le début de l'interrogatoire.
"Ca me fait rire car je n'ai pour seule arme que l'humour et la dérision", avait-il ajouté.
Lotfi Abdelli avait brandi le 21 octobre à la télévision un doigt d'honneur en présence du ministre des droits de l'Homme, Samir Dilou, qui, en colère, avait quitté le plateau.
Le comique souligne que le geste ne visait pas le ministre en particulier mais la classe dirigeante tunisienne en générale. Tournant en dérision cette affaire, le comédien présente désormais M. Dilou comme le "ministre du doigt de l'homme".
Le comédien n'en est pas à son premier coup d'éclat. La police a ainsi longtemps refusé d'assurer la sécurité de ses spectacles pour protester contre des propos qu'elle jugeait insultants à son égard.
Par ailleurs, en août, un groupuscule de la mouvance radicale salafiste avait empêché la tenue d'un de ses spectacles dans le nord du pays en pénétrant dans la salle, menaçant de représailles le public et déroulant des tapis de prière. L'enquête n'a donné aucun résultat selon lui.
"Ils sont tous tranquilles, en liberté", a-t-il indiqué à l'AFP.