Près de 70.000 morts en deux ans, selon l'ONU
Les rebelles ont gagné du terrain mardi dans le nord de la Syrie en s'emparant notamment d'une importante base aérienne, au moment où l'ONU faisait état d'un bilan de près de 70.000 morts en deux ans de révolte contre le régime de Bachar al-Assad.
"Des rebelles de plusieurs bataillons islamistes" ont pris le contrôle de l'aéroport militaire d'Al-Jarrah, sur la route entre Raqa et Alep, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Les rebelles ont tué, blessé ou capturé une quarantaine de soldats."Le reste des troupes s'est retiré de l'aéroport, abandonnant plusieurs avions de combat et de grandes quantités de munitions", a déclaré à l'AFP le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, soulignant que "les rebelles effectuent des avancées très rapides dans cette zone".
Peu après, l'armée de l'air a bombardé l'aéroport pour tenter d'en déloger les rebelles, a indiqué l'OSDH. Selon l'ONG, qui a recensé mardi 185 morts dans les violences à travers le pays, des raids ont également été menés près de l'aéroport international d'Alep, qui a également subi une attaque rebelle. Des militants ont fait état d'offensives rebelles sur ce dernier aéroport ainsi que sur la base aérienne militaire d'al-Nairab, proche. Le chef du conseil militaire rebelle dans la province d'Alep, le colonel Abdel Jabbar al Oqaidi, a parlé d'une "avancée majeure dans Alep" rendue possible selon lui grâce à "une large coordination des groupes combattants dans la région".
Une source militaire à Alep a confirmé à l'AFP la prise par les rebelles de l'aéroport d'al-Jarrah, affirmant cependant qu'il avait été "vidé des avions militaires et des munitions.Elle a par ailleurs démenti que des attaques aient été lancées sur d'autres aéroports. Dans une vidéo diffusée sur YouTube, les combattants islamistes d'Ahrar al-Cham ont affirmé avoir participé à la prise de l'aéroport d'al-Jarrah. La vidéo montre plusieurs caisses de munitions et des avions militaires stationnés sur le tarmac, dont deux MiG. C'est la première fois que des avions militaires de ce type tombent entre les mains des rebelles depuis le début du conflit en Syrie en mars 2011.
"Permettre aux Syriens de se défendre"
L'OSDH a en outre rapporté la prise par les rebelles de la principale route reliant la province d'Alep à celle voisine de Raqa, plus à l'est, ainsi qu'une partie d'une base militaire chargée de sécuriser les aéroports de la région. Plusieurs bataillons islamistes avaient annoncé "le début à l'aube d'une vaste attaque contre les aéroports civil d'Alep et militaire d'al-Nairab". Depuis Alep, le journaliste militant Abou Hicham a confirmé des "attaques sur les aéroports et postes militaires" dans le nord. "Leur capture empêche l'utilisation des avions de combats pour nous bombarder", a-t-il indiqué à l'AFP.
Sur le plan politique, le chef de l'opposition, Ahmed Moaz al-Khatib, attend toujours de la part de Damas une réponse claire à sa proposition de dialogue. Le président Assad a pour sa part indiqué mardi que les institutions et les citoyens devaient s'engager dans un "effort collectif" pour atténuer les conséquences de la guerre, a rapporté l'agence officielle Sana. Alors que ce conflit entre le mois prochain dans sa troisième année, la Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme Navi Pillay a indiqué que le bilan des morts était "désormais sans doute proche des 70.000". Elle a une nouvelle fois fustigé le Conseil de sécurité de l'ONU pour son incapacité à agir.
Le Conseil reste divisé sur la crise, la Russie et la Chine, alliées de Damas, ayant bloqué toutes les tentatives occidentales pour faire pression sur le président Assad. Au moment où les rebelles réclament aux Occidentaux des armes pour pouvoir l'emporter, le chef de la diplomatie saoudienne, le prince Saoud Al-Fayçal, a estimé à ce sujet que la communauté internationale devrait "permettre aux Syriens de se défendre" face au régime si elle ne veut pas intervenir en leur faveur.
Yahoo