Le Cineseas réclame plus de considération pour Sembène
Selon l’Association nationale des cinéastes associés (Cineseas), les autorités sénégalaises n'accordent pas à Ousmane Sembène toute la considération qu’il mérite. Un cri de cœur lâché par son président Ngaïdo Bâ, hier lors de la journée dédiée au Sénégal, au Fespaco.
''On veut plus de considération à l’égard de Sembène. Ici, au Burkina, une grande avenue porte son nom''. C’est en ces termes que le président de l’Association nationale des cinéastes sénégalais associés (Cineseas), Ngaïdo Bâ, a interpellé, hier, le ministre de la Culture, Abdou Aziz Mbaye. Celui-ci présidait l’ouverture d’une exposition sur les grandes figures du cinéma sénégalais, hier lors de la journée dédiée au Sénégal au Fespaco. M. Bâ a choisi le moment où la délégation sénégalaise visitait la chambre où logeait habituellement l'emblématique réalisateur Sembène Ousmane à l’hôtel Azalaï, à chaque fois qu’il séjournait à Ouagadougou.
Très bien décorée au moyen des différentes distinctions reçues par le défunt cinéaste et d’autres objets qui lui seraient précieux, la pièce a tout d’un musée. D'où la complainte de Ngaïdo Bâ devant tant de considérations de la part d’un pays étranger dont une des plus grandes avenues de la nouvelle cité du Ouaga 2000 porte le nom de Sembène Ousmane. ''Nous demandons que le grand rond-point de la Poste Médine porte le nom de Sembène'', a plaidé le président de la Cineseas.
Directement apostrophé, le ministre de la Culture n’a eu d’autres choix que de répondre : ''On prévoit beaucoup de choses pour rendre hommage à Sembène. On est en train de réfléchir là-dessus et sur la proposition qui nous est faite'', a avancé Abdou Aziz Mbaye.
Cette journée du Sénégal a marqué par ailleurs l’ouverture officielle de l’exposition. Photos, affiches et coupures de presse des pionniers du cinéma ornaient les cimaises des couloirs de l’hôtel Azalaï. Il s'agit de la génération allant de Sembène à Safy Faye, en passant par Mahamath Johnson Traoré, Momar Thiam, Cheikh Tidiane Aw, entre autres.
Tous les cinéastes sénégalais présents actuellement à Ouaga ont pris part à l’événement. Ému, Alain Gomis, réalisateur du film ''Tey'' (Aujourd'hui en wolof), en compétition pour l’Étalon du Yénenga, s’est confié à EnQuête, les larmes aux yeux. ''Je suis ému de voir tout cela. Nous, la jeune génération, devons beaucoup à ces gens-là'', a-t-il dit.
B.BOB (envoyée spéciale à Ouagadougou)