Damas dans le centenaire de Césaire
4 voix, 8 mains, 3 tams-tams, une paire de maracas, un peu d’onirisme et un lyrisme énorme… La compagnie du théâtre Le Maroni redonnait vie, jeudi, à des siècles d’esclavage et de colonisation à l’institut français de Dakar. Un spectacle poétique s’inscrivant dans le cadre des activités entourant un colloque sur Aimé Césaire, piloté par l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), cette semaine.
La Guyane… on s’y serait cru. La compagnie du théâtre Saint-Laurent du Maroni investissait, jeudi soir, le théâtre de Verdure de l’Institut français de Dakar dans un élan d’invitation au voyage lyrique mais, surtout, à une recollection : Aimé Césaire, Léon Gontran Damas, Léopold Sédar Senghor… Les chantres de la Négritude étaient tous de la partie, leurs noms égrenés un à un par la bouche collective des poètes qui dansaient, les pieds nus, sur la scène.
On a ainsi voyagé à travers plusieurs époques pour revivre, dans un ordre chronologique, le déracinement, la traite, l’esclavage, puis la libération et son cortège d’anxiétés et de questions. Viennent ensuite le tour de l’assimilation, de l’exil pour, enfin, s’échouer aux portes de l’affirmation identitaire : ''Se peut-il donc qu'ils osent me traiter de blanchi, alors que tout en moi aspire à n'être que nègre autant que mon Afrique qu'ils ont cambriolée ?'', s’écriaient les poètes, reprenant en chœur un célèbre poème de Léon Gontran Damas.
D’une durée d’à peu près 1h30, le spectacle était rimes et rythmes… Tamtams, maracas et bois sec, ponctuant les acrobaties syntaxiques et stylistiques de ceux qui se sont fait, le temps d’une représentation, hôtes de paroles enfouies avec leurs auteurs dans la terre, mais immortelles de par leur justesse et leur beauté. Un public restreint a assisté au spectacle, leur nombre compensé par leur engouement. C’est sous des applaudissements nourris que l’Association des amis de Léon Damas (Assald), par le biais du théâtre Le Maroni, a tiré sa révérence. Chapeau bas.
Sophiane BENGELOUN
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