Le Syndicat charge, le ministère explique
Les Impôts et domaines seront au rouge ce matin. A l’origine du courroux, la mise à l’écart des agents dans les réformes, entre autres. Mais au niveau du ministère de l'Economie et des finances, le son de cloche est tout autre.
Les brassards rouges seront bien attachés autour des bras, ce lundi matin, dans les services des impôts et domaines. Le rouge, la couleur dominante, la colère, le sentiment partagé. Ces agents sont mécontents et tiennent à le faire savoir. En ligne de mire, leur mise à l’écart sur les réformes du secteur, notamment, le nouveau Code général des impôts. Entré en vigueur en janvier dernier, ce Code est sorti sans que les agents ne soient consultés, regrettent les révoltés de ce lundi. Résultat d’un tel acte, il y a plusieurs ‘’incohérences’’ et ‘’incompréhensions’’ sur le document. Des zones d’ombre sur lesquelles ‘’les inspecteurs du travail sont incapables de vous dire la démarche à adopter’’, renseigne le secrétaire général du syndicat des Impôts et domaines, Waly Diouf Bodian.
Les agents en mouvement tiennent à faire comprendre aux populations qu’il est ‘’faux’’ de dire que le nouveau Code général des impôts relève de la vision du Chef de l’État. Cette ‘’hypocrisie administrative’’ entretenue par des fonctionnaires ‘’véreux’’ est un long tissu de leurre. En réalité, rapportent les agents, le Code en question était prêt depuis 2009, sous le règne du président Abdoulaye Wade. ‘’Il a juste connu quelques retouches’’, déclarent les agents qui insistent sur l’escroquerie entretenue par ceux qui soutiennent que le Code relève de la vision du chef de l’État.
En plus, dénoncent-ils, le document n’est pas en ‘’phase’’, ni en ‘’cohérence’’ avec une politique économique globale. Le plan d’action qui sera déroulé de façon évolutive par les agents des Impôts et domaines prévoit, le lundi 15 avril, une journée de présence passive. Ils vont s’abstenir de toute tâche administrative. Pas de gestion de la fiscalité, ni domaniale encore moins cadastrale. Autre date, autre supplice pour les usagers : le mardi 30 avril, coïncidant avec le dernier jour du délai de dépôt des états financiers. Les agents ne viendront pas tout bonnement ce jour, ils déclarent qu'ils observeront une grève totale en cette date hautement stratégique.
Une masse de 950 agents pour 830 milliards de recettes en 2012
L’autre grief de la plate-forme déposée depuis l’année dernière, est lié au ''refus systématique'' des différentes autorités de recevoir le syndicat des Impôts et domaines. Waly Diouf Bodian de s’interroger sur le fait que les autorités ignorent une masse critique aussi importante. En effet, ils sont 950 agents des impôts et domaines, sur l’ensemble du territoire et ont fait, rien que pour l’année dernière, 830 milliards de recettes. Le système de rémunération est aussi décrié dans la plate-forme revendicative. Il est en déphasage avec le principe de justice et d’équité matérialisé par des écarts de rémunérations que rien ne justifie, de l’avis des porteurs de brassards rouges de ce matin.
Sur ce, ils soutiennent que le Directeur général des Impôts leur a fait croire que les documents de la réforme ont été envoyés au ministre des Finances. Le comble de tout cela, c’est que le DG leur a même présenté une ‘’fausse’’ lettre de transmission en octobre dernier. En réalité, ce n’est qu’en janvier que le DG des impôts a envoyé le bon document. Depuis, ''le ministre prend son temps et traîne les pieds'', fustige le secrétaire général du syndicat des impôts. Le dernier point est lié aux lotissements des parcelles destinées aux agents. Là-dessus, il y a une discrimination et un dilatoire qui ne dit pas son nom, de leur avis. Les agents en appellent à une diligence. En attendant, ils entrent en rébellion dès ce matin.
Le ministère de l’Économie et des Finances parle de prétexte...
Du côté du Ministère de l'Economie et des Finances, le son de cloche est tout à fait différent. L'on nous signale à ce niveau que le Syndicat des agents des Impôts et domaine (SAID) a déposé depuis le 27 mars dernier un préavis de grève. Dans lequel préavis ne figurent que deux points.
Le premier point est relatif au ''défaut d'application de la réforme du mode de rémunération extra-salariale des agents de l'administration fiscale''. Alors que le second point évoque un ''défaut de finalisation des lotissements au profit des agents des Impôts et domaines''. Des ampliations du préavis de grève ont été adressées à la Primature, au ministère de l'Economie et des Finances ainsi qu'au ministère délégué en charge du Budget. Dans les coulisses du ministère de l'Economie et des Finances, on croit dur comme fer que le véritable nœud du problème réside dans des revendications liées à l'habitat et aux avantages extra-salariaux.
Des ''avantages'' qui ne peuvent, en l'état, être octroyés, vu les contraintes auxquelles fait face l'Etat du Sénégal. Selon un haut fonctionnaire du ministère de l'Economie et des Finances, le problème n'est pas le nouveau Code des Impôts, mais plutôt d'avantages réclamés par des fonctionnaires déjà privilégiés par rapport aux autres. ''Il serait indécent d'octroyer encore des avantages à des fonctionnaires qui bénéficient déjà d'avantages colossaux'', indique une source proche du ministère de l'Economie et des Finances. Et d'ajouter qu'il est même immoral de soulever des problèmes liés à des avantages au moment où l'on demande à tout le monde de se serrer la ceinture. Le bras de fer est parti pour être féroce...
Amadou NDIAYE et Gaston COLY
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