Publié le 14 Jun 2013 - 21:40
LIBRE PAROLE

Don du sang, un acte noble difficile à accomplir…

 

 
Depuis l’Antiquité, l'homme a considéré le sang comme un emblème même de la Vie, la « Rivière de Vie ». On lui concédait entre autres vertus : de revivifier un organisme épuisé par l'hémorragie, de ré-attribuer, si ce sang était "jeune et frais", force et vigueur au vieillard, ou même de redonner le bon sens au fou…

La transfusion du sang ou de ses composants est à l'heure actuelle une pratique plus ou moins courante. Ce geste, aussi noble soit soit-il, semblerait, assimilable hélas à un parcours du combattant en des temps où le CNTS (Centre National de Transfusion Sanguine) en recherche ardemment sans très grand succès.

Pourquoi bon Dieu décourager alors et autant «vos» et «nos» donneurs» ?

A la lecture d’un article intitulé du journal «Le Populaire» de septembre 2011 : «Douze jours après la fin du Ramadan : Le Centre national de transfusion sanguine toujours en proie à une pénurie de sang*», je me suis posé la question à savoir comment ne pas connaitre pareille situation si un geste qui devait être exécuté le plus naturellement du monde passe pour être difficile voire impossible.

Au CNTS (Centre national de transfusion sanguine), le credo c’est : «Donner du sang, un geste civique qui sauve ». Me concernant, je leur oppose sans rancune : « Donner du sang, un parcours qui décourage ». Ceci pour la bonne et simple raison que tous les donneurs se sentent négligés du point de vue accueil et orientation. De plus, ils se sentent outrés par le comportement des agents chargés de recueillir ce liquide tant précieux. Savent-ils ô combien il est difficile de donner de son sang ?

Merci de noter avec moi :
Ø  lorsque le donneur se pointe à l’heure, ils –les agents– arrivent à l’heure qu’ils veulent,
Ø  lorsque le donneur s’impatiente, ils –les agents– prennent leur temps,
Ø  lorsque le donneur questionne, ils –les agents– lui répondent par le mépris,
Ø  lorsque le donneur joue de son tact pour se faire prendre en charge, ils –les agents– le dédaignent…

Alors dans ces conditions comment ne pas connaitre de pénurie ? Mais enfin, l’idée n’est pas de jeter la première pierre au CNTS mais de relever quelques insuffisances dues en grande partie par une malheureuse et réelle absence des pouvoirs publics devant accompagner comme il se doit ce centre «National». Dans une interview à la presse, après les accusations du ministre de la santé d’alors Safiétou THIAM sur la supposée vente de poches de sang au CNTS, un des syndicalistes de cette boite en avait profité pour étaler tous les maux dont souffrait la structure.

J’en avais retenu que ce centre : fonctionnait à 75% sur fonds propres et qu’il générait 25% de recettes (un gain à ne rien avoir avec une quelconque vente), devait recevoir des hôpitaux une compensation 7.500 frs par malade mais que depuis quelques cette somme est capté par le ministère de la santé, souffrait d‘un manque criard de personnel avec surtout des départs à la retraite sans remplacement, disposait d’un budget de 90 millions de francs Cfa qui ne couvre même pas l’achat de pochettes, de carburant et de la collation à servir aux donneurs après chaque don, avait décidé d’arrêter le plan Sésame car l’Etat n’a jamais payé les sommes dues…

Selon le Professeur Saliou DIOP (directeur du CNTS), «nous avons besoin, au Sénégal, de 120.000 donneurs pour une population de 12 millions d’habitants. Actuellement, on en est à 4,5 dons pour 10 habitants. L’urgence est de taille puisque, selon l’Organisation mondiale de la santé, pour qu’un pays soit auto-suffisant en sang, il faut, au moins, 10 donneurs pour 1000 habitants. A l’image de beaucoup de pays africains, le Sénégal est loin de cette moyenne.» Ce qui n’en est que bien triste pour nous qui nous vantons champions en tout et en rien !!!

L’heure est venue alors pour l’Etat du Sénégal de soutenir le DON DE SANG afin de permettre au pays d'atteindre les 120.000 donneurs pour couvrir par la même ses besoins qui iront inéluctablement à sauver beaucoup de vies. Pour ma part, je propose que l’Etat à travers son ministère de la santé œuvre pour parvenir à : l’établissement d’un service d’accueil et d’orientation mieux outillé et plus enclin à servir, l’augmentation de l’effectif en salle de dons pour ne plus laisser le donneur entre les mains d’un stagiaire sans supervision, l’aménagement d’un feu continu et/ou une permanence pour permettre à ceux qui sont tenus par leur boulot de pouvoir donner de leur sang  à leur descente et/ou durant le week-end plus précisément le samedi, la communication des véritables heures de début et de fin de service en semaine pour permettre aux populations environnantes de se tenir prêtes le jour J, l’ouverture de centres de collecte dans les banlieues pour dispenser aux banlieusards un trajet laborieux qui n’est pour autant que superflu, l'accroissement de la sensibilisation pour que chacun se sente davantage concerné, et autres... que je partagerai si possible avec le chargé des relations publiques dudit centre…

Certes le mauvais accueil n'est pas que l’apanage du CNTS mais est partagé par la plupart des composantes de nos services publics comme privés mais dans le domaine médical c'est encore plus déplorable et contre-indiqué surtout lorsque l’on vient rendre un service à soi-même et à sa société (le tout que bénévolement).

Il faut se rappeler que ce geste est un don des plus bénévoles qui doit inspirer de la part du personnel d’accueil et d’orientation un devoir d’estime, une obligation d’égards et un impératif de considération vis-à-vis du donneur.
Nous pouvons, certes, admettre que les ressources financières soient limitées comme partout ailleurs dans le service public, que la formation du personnel soit défaillante car nécessitant encore et toujours des moyens non négligeables et que les obstacles culturels soient trop présents ; seulement la situation mérite un dynamisme nouvel et accru de part et d’autres des acteurs pour mieux coller aux minima en la matière.

Je souhaite, par Allah, que le CNTS arrive grâce aux pouvoirs publics à rendre son institution plus accessible, mieux lotie en équipements et en personnel, plus enclin à associer les donneurs dans son organisation et pourquoi pas dans son fonctionnement afin que DON DE SANG – ce geste simple mais ô combien généreux – devienne un PLAISIR RENOUVELÉ singulièrement enluminé d’HUMANISME…

 

Ababacar Sadikh SECK
secksadikh1@yahoo.fr
 

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