Diverses idées avancées
Quel usage faire de la Maison de la presse ? EnQuête pose, d'ores et déjà, un débat qui se fera de toute façon jour à la réception du bijou sis sur la Corniche ouest de Dakar.
En finition, la Maison de la presse initiée sous Wade suscitera sans doute des convoitises à sa réception. D'où la question : quel usage en faire ? Elle mérite d'autant d'être posée que le ministère de tutelle entend s'en remettre à une concertation avec les acteurs des médias pour y voir clair. Le régime de Wade a-t-il initié ce projet sans objectif bien pensé ?
''En construisant cette maison de la presse, les gens ont mis la charrue avant les bœufs. Ils l'ont construite sans savoir quel contenu y mettre'', de l'avis du directeur de la Communication au ministère de la Communication, des Télécommunications et de l'Économie numérique, Alioune Dramé. Pourtant, le bijou, d'un coût estimé à au moins 6 milliards FCfa, d'après la tutelle, a été construit à la demande du Syndicat des professionnels de l'information et de la communication du Sénégal (SYNPICS). Et l'association avait fait des suggestions aux autorités de l'époque. ''On a émis l'idée de voir la Maison de la presse abriter des salles de conférence, des salles de montage et même des chambres où pourraient loger les journalistes en mission dans notre pays'', a expliqué le journaliste et secrétaire général du SYNPICS, Ibrahima Khalliloulah Ndiaye. A cela, M. Dramé ajoute la formation et la production qui y seraient prévues par les initiateurs du projet. ''Ils avaient prévu de la formation, de la production. Ce qui ne cadre pas. Une Maison de la presse, son rôle, ce n'est pas ça'', fait savoir Alioune Dramé.
De fait, une réflexion s'impose sur la question afin de définir un meilleur contenu. ''On a réuni un certain nombre de personnes expertes en la matière. Moi même j'ai fait des investigations au Mali, en Égypte, en Tunisie pour voir comment on se sert des maisons de la presse. On va organiser un séminaire autour de tout cela'', a expliqué l'ancien PDG du Soleil.
En attendant les conclusions des réflexions avec les experts, le ministère de tutelle a pensé à divers contenus. ''Une Maison de la presse doit être un foyer de rencontre. On peut y faire un peu de production, un peu de formation. Permettre à toutes les associations qui relèvent de la presse d'avoir leurs bureaux là-bas. Avoir tous les organes qui sortent dans la presse dans un même kiosque'', a dit M. Dramé.
''Club de la presse''
Ibrahima Khalliloulah Ndiaye abonde dans le même sens : ''Toutes les associations regroupant des journalistes jusqu'à la CJRS (Convention des jeunes reporters du Sénégal) doivent y avoir des bureaux où se réunir.'' Il a ajouté que ''les autorités qui sont de passage au Sénégal doivent y passer pour s'entretenir avec la presse en plus d'activités régulières qui y seront organisées''. M. Ndiaye parle de monter un ''Club de la presse'' pour animer lesdites activités. En tout, a-t-il insisté, le SYNPICS se battra ''pour que la Maison de la presse ait une certaine vocation et qu'elle réponde à des attentes''.
Le cas APS
Loin encore de tout cela, l'actualité est au relogement de l'Agence de presse sénégalaise (APS) dans le joli immeuble sis sur la Corniche ouest de Dakar. Est-ce la bonne solution ? Oui, pense la tutelle. ''L'APS, ce n'est pas grave, ce qui serait grave, c'est d'y loger un autre service de l’État. Entre journalistes, on peut s'accepter'', a déclaré Alioune Dramé. Le SYNPICS n'est pas tout à fait contre mais émet quelques réserves. ''On ne peut pas être contre le déménagement de l'APS vu comment se présente la situation. Le bâtiment (où abritant actuellement ses bureaux) n'est pas sûr. Mais si on doit reloger l'APS à la Maison de la presse alors cela ne doit être que provisoire'', a précisé M. Ndiaye. Cependant, a-t-il martelé, ''la vocation première de la Maison de la presse n'est pas de loger les organes de presse''. ''Ce cas ne doit pas servir de précédent'', d'après lui, ajoutant que l'APS pourrait faire des émules surtout en cette période de crise.