Le service d'hygiène en mal de moyens contre les moustiques
Chargé de la désinfection des bassins de rétention d'eaux pluviales dans le département de Guédiawaye, le service d'hygiène n'a pas les moyens pour lutter contre les moustiques afin de mieux faire baisser le taux de paludisme dans la zone.
La lutte contre les moustiques constitue un véritable obstacle pour le service d'hygiène basé à Guédiawaye. Même si le taux de prévention du paludisme a considérablement baissé, les moyens pour la prise en charge de la désinsectisation du bassin de rétention de Médina Gounass font défaut. Les agents d'hygiène l'ont fait savoir hier au cours d'une visite à Guédiawaye dans le cadre de la bataille contre le paludisme.
Selon le chef de la brigade du service d'hygiène de Guédiawaye, Ibou Kane, depuis avril, son équipe a établi un programme pour la désinsectisation et le délavage du bassin, mais grand-chose n'a pas été fait. ''Nous attendons l’État. Les moyens ne sont pas disponibles pour faire un bon travail. Parce qu'au-delà du pompage, il y a des insectes qui restent toujours. Et la prolifération de ces insectes peut causer beaucoup de maladies'', a-t-il alerté. A l'en croire, depuis le début de l’hivernage, ces agents essayent de sauver les populations contre le paludisme et autres maladies hivernales avec le peu de moyens dont ils disposent. ''Des opérations sporadiques ont été faites. Nous avons à Médina Gounass deux lacs et trois bassins et leurs prise en charge causent d'énormes problèmes par manque de moyens. C'est vraiment dommage parce que si les eaux ne sont pas pompées, elles constituent un problème de santé publique. Les maladies comme le paludisme, les parasitoses, les dermatoses et les maladies diarrhéiques ne pourront pas être combattues'', a déploré M. Kane.
3 à 4 cas de palu détectés par semaine, et zéro décès
Toutefois, l'on assure que le paludisme a beaucoup baissé dans la ville de Guédiawaye. Dans tout le district du département de Guédiawaye, trois à quatre cas de palud sont détectés par semaine. Aucun décès y ayant trait n'a été enregistré, selon l'infirmier superviseur des soins de santé primaire du district de ladite ville, Oumar Diop. D'après lui, cette régression est liée à la mise en place d'un programme de lutte contre la pathologie consistant en la distribution et l'utilisation de moustiquaires imprégnées. A l'en croire, 210 000 moustiquaires ont été distribuées gratuitement entre février et mars.''La proximité avec le bassin de rétention constitue certes un danger mais pas pour autant car 45% de la population de Guédiawaye dorment sous moustiquaires'', a tenté de rassurer M. Diop. ''Nous sommes en plein hivernage et la ville est une zone inondable. Nous allons sensibiliser davantage les populations à dormir sous moustiquaire durant toute l'année afin de mieux lutter contre le paludisme, car les conditions d’extension de la maladie sont présentes'', a cependant admis Oumar Diop.
Autre son de cloche
Las ! À Guédiawaye, personnel de santé et population ne parlent pas le même langage. Si pour le corps médical, le paludisme a connu une baisse considérable grâce à l'utilisation des moustiquaires, le discours est moins enchanteur chez les populations. Celles-ci jugent insuffisant le nombre de moustiquaires distribuées. Binta Ndiaye, quinquagénaire, est riveraine du bassin de rétention de Médina Gounass. ''Presque tous les jours, l’hôpital Roi Baudouin grouille de monde souffrant de palu. Surtout les enfants qui sont âgés de trois à cinq ans. Chaque année, c'est la même chose qui se produit. Le paludisme est très fréquent ici. Même s'il y a une baisse, elle n'est pas aussi conséquente. Ils ont distribué certes des moustiquaires, mais cela persiste car ces moustiquaires ne sont pas suffisantes'', a tonné Mme Ndiaye. Et de poursuivre : ''Ils ont donné trois moustiquaires pour chaque maison. Imaginez si la maison a plus de trois dortoirs comment vont se passer les choses. C'est très insuffisant et cela a fait que les hôpitaux du département sont toujours pleins. Il faut qu'ils augmentent le nombre de moustiquaires. C'est ainsi que nous pourrons vaincre le palu'', a-t-elle souligné. Sa voisine Fary Fall abonde dans le même sens. ''Les enfants sont tout le temps malades. Nous n'avons pas les moyens pour acheter d'autres moustiquaires. Nous faisons avec ce qu'on nous a donné. C'est très peu mais on n'y peu rien. Et le paludisme prend de l'ampleur'', avance Mme Fall.