Publié le 24 Sep 2013 - 01:40
ANALPHABÉTISME SUPPOSÉ DES FEMMES DÉPUTÉES

Quand Fatou Sarr Sow pulvérise les clichés

 

 

Selon la directrice du laboratoire genre de l'Institut fondamental d'Afrique noire (IFAN), le niveau d'études des femmes présentes à l'Assemblée nationale n'a rien à voir avec les résultats de ses enquêtes sur leur profil académique. C'était à l'occasion de son ouvrage «Les premières héritières de la Loi sur la parité»

 

«C'est vrai, des Sénégalais ont dit que c'était la législature la plus nulle de l'histoire à cause du niveau des femmes. Ce qui est archi-faux, car nous avons mené une recherche et les résultats ont prouvé que 37,5% de femmes ont un bon niveau d'éducation, 26,56% de niveau supérieur, 26,56% de niveau secondaire et technique, 15% de primaire, et seuls 12,5% d'entre elles n'ont pas été à l'école française.'' Pour la chercheuse Fatou Sarr Sow, cela veut dire que «les femmes qui sont à l'Assemblée nationale ont des compétences et font correctement le travail qui leur est demandé». Toutefois, Fatou Sarr a rappelé à ces femmes députées qu'elles n'ont pas «le droit de trahir le combat de plusieurs générations sur l'autel de la fidélité à un parti qui, jusqu'ici, leur refusait les portes de l'hémicycle».

C'était vendredi au siège du Centre de recherche ouest-africain (WARC) à l'occasion de la présentation publique de son livre intitulé «Les premières héritières de la loi sur la parité», sous la présidence du président de l'Assemblée nationale, Moustapha Niasse. Un ouvrage qui prouve, selon elle, que l'égalité entre homme et femme n'est plus à démontrer dans un pays qui vit «une expérience singulière» depuis l’adoption en 2010 d'une Loi reconnaissant et organisant le principe de parité.

Dans cet ouvrage de 104 pages, le lecteur peut découvrir l’itinéraire et l'engagement des premières femmes élues à l’Assemblée nationale du Sénégal, le 1er juillet 2012, en application des dispositions de la Loi sur la parité. Pour Fatou Sarr Sow, il est une réponse et une interrogation suscitées par la directrice de l'institution de condition féminine de Berlin. Celle-ci, en visite dans les locaux du laboratoire genre de l'IFAN, avait fait remarquer qu'il était bien d'avoir la parité, mais que 90% de nos députés étaient des analphabètes.

L'ouvrage se veut aussi le trait d'union entre le Président sortant, Me Abdoulaye Wade qui s'est battu pour que la parité existe, et son successeur, Macky Sall qui l'a mise en œuvre.

Le représentant résident de la fondation Friedrich Ebert, Friedrich Kramme-Stermose, a indiqué pour sa part que «ce livre nous permet de mieux connaître les parcours politiques et socioprofessionnels (des femmes), dans une perspective de remise en question de certains clichés vis-à-vis des femmes politiques». A ses yeux, «le Sénégal, dont la richesse principale réside en ses ressources humaines, a bien compris qu'il ne doit et ne peut pas marginaliser la moitié de sa population dans sa quête de développement politique, économique et social».

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