Le parti au pouvoir et ses alliés gagnent les législatives
Le parti au pouvoir et les petits partis qui lui sont alliés ont remporté les législatives du 28 septembre en Guinée, obtenant 60 des 114 sièges à l'Assemblée nationale – des résultats aussitôt rejetés par l'opposition. Trois semaines après le vote, ces résultats ont été publiés, vendredi 18 octobre par la commission électorale, après de mutiples recomptages des voix et d'innombrables contestations.
Le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) du président Alpha Condé obtient à lui seul 53 députés, ses alliés sept. Les partis de l'opposition obtiennent au total 53 députés. Le principal parti d'opposition, l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) obtient 37 députés, suivi de l'Union des forces républicaines (UFR) avec 10 députés, les autres partis de la coalition de l'opposition se partageant 7 députés. Le taux de participation a été de 64 %.
"Fraudes massives"
Peu après la publication de ces résultats provisoires, Sydia Touré, dirigeant de l'UFR et porte-parole de l'opposition, a déclaré qu'elle ne les reconnaîtrait pas, car ils "ne sont pas conformes au vote de la population" et sont "irréalistes". Cette réaction de l'opposition – si elle devait appeler à manifester dans la rue, ce dont elle s'est jusqu'ici abstenue –, fait craindre des affrontements dans un pays à l'histoire marquée par les violences politiques et militaires. Conscient des dangers potentiels, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon a appelé vendredi "toutes les parties à maintenir le calme et à résoudre tout différend par les voies légales".
Quelques jours après le scrutin, l'opposition avait déjà demandé son annulation, dénonçant des "fraudes massives". Elle avait notamment mis en cause la non prise en compte de nombreux bureaux de votes dans certaines circonscriptions, l'invalidation de milliers de votes dans des circonscriptions réputées favorables à l'opposition et, a contrario une participation extraordinairement élevée, jusqu'à 92 %, dans les fiefs du parti au pouvoir. Les représentants de la Communauté internationale chargés du suivi des législatives (ONU, France, USA, UE, Cedeao) avaient aussi fait état, début octobre, d'un certain nombre de "manquements" et "irrégularités" lors du scrutin.
Le 8 octobre, le président Alpha Condé, devenu le premier président démocratiquement élu de Guinée en 2010 à l'issue d'un scrutin déjà contesté, avait déclaré n'être "ni impressionné, ni gêné" par les accusations de fraudes. Ces législatives, plusieurs fois reportées depuis trois ans à cause de divergences entre le pouvoir et l'opposition sur son organisation, doivent doter la Guinée de son premier Parlement démocratiquement élu depuis son indépendance en 1958. C'est actuellement un Conseil national de transition, non élu, qui fait office de Parlement.
LEMONDE.FR