Publié le 27 Oct 2013 - 11:35
ACCORDS DE PARTENARIAT ÉCONOMIQUE AVEC L'UNION EUROPÉENNE

Les décideurs de la Cedeao en phase avec la société civile

 

Les accords de partenariat économique (APE) avec l’Union européenne (UE), et la mise en place du tarif extérieur commun (Tec) dans l'espace ouest-africain étaient au centre de la session extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement de la Cedeao, tenue hier à Dakar. Pour les décideurs de la Cedeao, il faut des ‘’APE équilibrés et profitables à nos populations’’, comme l'exige la société civile ouest-africaine.

La session extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement de la Cedeao tenue hier, à Dakar, était très attendue par la société civile ouest-africaine. Celle-ci considérait que ce sommet de Dakar devait sceller le sort réservé aux accords de partenariat économique (APE) avec l’Union européenne et la mise en place du tarif extérieur commun (Tec) dans l'espace ouest-africaine.

En prélude à cette rencontre, la société civile africaine s'est réunie jeudi à Dakar pour ‘’appeler les dirigeants de la Cedeao à dire ‘’non’’ à la demande de l’Union européenne d'ouvrir le marché ouest-africain à 75%. ‘’L’Afrique de l’Ouest d’abord’’, a lancé la société civile.

Cet appel semble avoir faire écho auprès des dirigeants de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Hier donc, le président en exercice de l'organisation régional, l'ivoirien Alassane Ouattara a, à l’ouverture de la session, rappelé l'importance de la mise en place de mesures comme le Tec commun, la fixation du prélèvement communautaire d’intégration, la négociation sur la conclusion des APE, (accord de partenariat avec l’Union Européenne). Il a estimé cependant que cela ''nécessitera de nos Etats d’importants efforts et une plus grande solidarité''. ‘’L’échéance immédiate, comme nous le savons, concerne les négociations commerciales avec l’Union européenne, notre partenaire technique le plus proche. Ces discussions sont importantes pour nos deux ensembles. J’appelle notre organisation à s’approprier les termes de ces négociations, afin de conclure un Accord de partenariat économique équilibré et profitable à nos populations'', a-t-il dit.

Vers un APE régional qui engage la CEDEAO

Ainsi, le président sénégalais Macky Sall a été désigné par la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Cedeao pour ‘’superviser les négociations dans la recherche de compromis mutuellement avantageux pour les deux parties’’.
Dans leur communiqué final, ils ont ‘’réitéré leur attachement à la conclusion d’un APE régional équitable, accès sur le développement''. Selon le président Macky Sall, leur souhait est d’aller vers des APE régionaux qui engagent toute la CEDEAO. ''Ce que nous voulons, c’est arriver à un accord, mais un accord bénéfique pour toutes les parties. En tout état de cause, nous estimons que les conditions sont créées pour reprendre les discussions autour des APE pour aller vers un accord afin d’éviter les APE intérimaires qui ont été signés par la Côte d’Ivoire et le Ghana'', a dit M. Sall. Pour le chef de l’Etat sénégalais, même si le dialogue est ''obligatoire'' avec l’Union européenne, ‘’nous savons les limites à ne pas franchir’’.
Dans le cadre de ces APE, l’Afrique de l’Ouest propose une ouverture de 70% de son marché aux produits européens, en valeur et en volume sur une période de 25 ans, alors que l’Union européenne demande une ouverture de 80% sur une période de 15 ans. Et depuis 2003, les négociations entre les deux parties n’ont toujours pas abouti à une solution consensuelle. La société civile ouest-africaine suggère aux États de la Cedeao de privilégier avant tout l'intégration sous-régionale.

ALIOU NGAMBY NDIAYE

 

ESPACE COMMUNAUTAIRE
L’Union douanière, ‘’une étape décisive et irréversible’’

‘’L’union douanière, à travers la mise en place d’un tarif extérieur commun (Tec) s’impose comme une nécessité''. C’est le plaidoyer fait hier, à l’occasion de l’ouverture de la session extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement de la Cedeao par le président de la commission de cette organisation, Désiré Ouédraogo. Un tel tarif, souligne-t-il, permettra ainsi aux pays membres d’asseoir les bases d’une union douanière commune et de lever les barrières douanières intra-régionales.

Vers un taux uniforme de 1,5%

Dans leur communiqué final, les chefs d’État et de gouvernement ont relevé l’importance de cette union douanière. Selon eux, cela est même ‘’une étape décisive et irréversible dans le processus de consolidation d’un marché commun’’. Pour cela, ils appellent à un ‘’ajustement progressif pour l’application du tarif extérieur commun qui interviendra à partir du 1er janvier 2015''. ‘’S’agissant du tarif extérieur commun, nous avons convenu de l’adopter. Pour cela, il fallait harmoniser les taux de prélèvements qui sont des taux différentiels selon qu’on soit de l’Uemoa ou pas. Il y a des pays membres de l’Uemoa qui font un prélèvement de 1,5% du volume de leurs exportations contre 0,5% pour les pays non membres. Il fallait donc harmoniser à un seul taux unique. Nous avons convenu d’aller vers ce taux unique de 1,5% mais dans un délai de 5 ans’’, a soutenu, à sa sortie, le chef de l’État, Macky Sall.

Marché régional commun

En outre, la mise sur pied d’un marché régional communautaire est devenue une exigence pour les États de la CEDEAO afin d’assurer la défense de leurs intérêts politiques, diplomatiques et économiques. ‘’Aujourd’hui, seul le marché régional permettra l’intensification des échanges intra communautaires, l’amélioration de la compétitivité, la valorisation du potentiel de production et l’attraction des investissements’’, a indiqué M. Ouédraogo. Ainsi, le président en exercice de la Cedeao Alassane Ouattara a invité à ‘’conduire efficacement la marche vers la consolidation du marché communautaire, plus que jamais indispensable à l’affirmation de notre identité communautaire’’. ‘’Cette rencontre est donc l’occasion de réaffirmer notre engagement à faire aboutir les réformes économiques au sein de notre espace. Elle doit permettre de créer des opportunités en faveur de sa jeunesse’’, a dit M. Ouattara.

A. NG. NDIAYE

 

POLITIQUE MONÉTAIRE
Pour une monnaie unique en 2020

Les pays de la Cedeao veulent disposer d’une monnaie unique dès 2020. C’est le vœu des chefs d’État et de gouvernement de la communauté, qui ont réitéré cet engagement hier à l’occasion de leur session extraordinaire à Dakar.   Dans son communiqué final, la conférence des chefs d’État a exprimé ‘’sa détermination pour l’avènement de la monnaie unique''.

Cette mission a été confiée au président du Niger, Mahamadou Issoufou et à son homologue du Ghana, John Dramani Mahama. ‘’Le sommet exhorte les États membres, en particulier ceux de la deuxième zone monétaire, à prendre toutes les dispositions pour assurer la convergence de leur politique macroéconomique nécessaire à l’opérationnalisation de la deuxième zone monétaire’’, note le communiqué final.

‘’Sur la question de la convergence monétaire, nous avons l’Uemoa qui évolue avec le franc Cfa et la zone non UEMOA avec différentes monnaies. Nous avons convenu qu’il fallait une convergence à partir de 2015 et qu’en 2020 l’ensemble de la Cedeao devrait avoir la même monnaie unique’’, a exprimé le président Macky Sall.

A. NG. NDIAYE

 

 

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