Publié le 8 Nov 2013 - 18:18
RÉSEAU ROUTIER DÉFICIEN

 Les réponses de l’Etat

 

Les autorités sénégalaises sont conscientes que le réseau routier se dégrade de plus en plus. Depuis une année, une réforme est engagée, en vue de restaurer son «confort».

 

Le décret n° 2012-1440, signé le 12 décembre 2012 par le président de la République Macky Sall, s’inscrit dans la dynamique de procéder à une classification des routes sur l’ensemble du territoire et de situer les responsabilités entre l’État et les collectivités locales dans la gestion du réseau routier. Cette classification basée sur l’importance du tronçon de route, sa localisation géographique dans l’espace national en dégage quatre types : les routes nationales, régionales, départementales et les voies urbaines de grande circulation. Le décret souligne que la gestion du réseau routier classé relevant du ministère en charge des routes sera assurée par l’Agence des travaux et de gestion des routes (Ageroute). Les dépenses d’entretien des routes classées sont supportées par le Fonds d’entretien routier autonome du Sénégal, mis en place en 2007. Le réseau non classé est du ressort des collectivités locales qui peuvent déléguer aux sociétés qui construisent des routes.

47 milliards pour l’entretien annuel des routes : ''insuffisant !''

Mais, le constat est que ce n’est pas demain la veille que les automobilistes sénégalais vont rouler sur de bonnes routes. Malgré les nombreux efforts consentis par le gouvernement sénégalais, le problème reste entier. Car, les moyens dégagés par l’État ne répondent pas aux nombreux besoins et  attentes. En effet, Cheikh Fall, chef du bureau d’études et de la planification de la Direction des routes, renseigne que l’État injecte, chaque année, près de 47 milliards au Fonds d’entretien routier autonome du Sénégal (Fera). Rattaché au ministère des Transports, ce fonds s’alimente à partir des taxes et du budget de l’État. Cette somme bien que substantielle n’arrive pas à assurer une prise en charge du réseau routier national. Il s’explique : «L’État a manifesté, à travers cette réforme, une réelle volonté d’améliorer le réseau routier, mais outre le problème d’encaissement qui est récurrent, ce fonds prévoit le financement des structures. Il alloue également, dans le cadre de la politique de décentralisation, 16% aux collectivités locales qui gèrent le réseau routier non classé. Celles-ci n’ont pas, de ce fait, assez de ressources techniques et financières pour bien mener leur mission. Elles ne disposent pas également du personnel technique adéquat. C’est l’Agence des travaux et de gestion des routes (Ageroute) qui est obligée d’intervenir sur des tronçons qui sont à la charge des collectivités locales». Par ailleurs, si les routes ont besoin d’être régulièrement entretenues pour tenir, leur construction, entretien ou réhabilitation exigent de gros moyens. ''Rien que l’édification d’une bonne route exige à elle seule presque 40 milliards de F Cfa pour une durée de vie allant de 15 ans à 20 ans'', renseigne Cheikh Fall .

Les chiffres sur l'état des routes

En attendant que le gouvernement s’attelle au renforcement du cadre institutionnel des collectivités locales, de même qu’à l’augmentation des ressources allouées au Fera, les routes continuent à causer 10% des accidents de la route, selon les dernières statistiques en date de 2012. Pour l’heure, à Dakar, sur le réseau classé bitumé, 46.13% sont en bon état, contre 23.32% en moyen état, 15.03% en mauvais état, 13.52% en très mauvais état. Sur le réseau national classé, 62.94% sont en bon et moyen état ; contre 21.20% en mauvais état et 16.58% en très mauvais état.

Pour remédier à toutes ces difficultés, le chef du bureau d’études et de la planification de la Direction des routes pense que l’État doit s’appuyer sur le levier du contrôle et de l’entretien, mais également mettre en œuvre le Plan national de sécurité routière qui prévoit des mesures draconiennes. Également, il estime que les concessionnaires doivent demander une autorisation, avant d’ouvrir une tranchée, étant souvent à l’origine de la dégradation des routes. ''Les concessionnaires tels que la Société des eaux (Sde), la Société nationale d’électricité (Senelec), avec leurs  tranchées, détruisent nos routes. C’est un truisme de dire que l’eau est l’ennemie n°1 de la route. Un problème de surcharge se pose avec les gros porteurs, les camions. Leur tonnage dépasse les normes. Compte non tenu de certaines malfaçons, l’absence de contrôle est aussi source de problèmes'', soutient M. Fall.

L’érection du centre d’études et de recherches en laboratoire, la restructuration de la direction des routes, le renforcement des capacités et moyens des collectivités locales, qui figurent sur la feuille de route de l’État, devront réduire les dysfonctionnements au niveau de la route.

 

 

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