Pourquoi les partenaires ont injecté 70 milliards pour deux ans
Après avoir clôturé un financement de 130 milliards pour une durée de cinq ans (2018-2024) au profit de 124 collectivités territoriales, un financement additionnel de 70 milliards a été octroyé par les partenaires au Pacasen pour une durée de deux ans.
Le Programme d’appui aux communes et agglomérations du Sénégal (Pacasen) a pour objectif l’amélioration du financement des collectivités territoriales et le relèvement de leur performance dans la gestion des investissements publics locaux. Il est financé par le gouvernement du Sénégal et les partenaires au développement, à savoir la Banque mondiale et l’Agence française de développement, à hauteur de 130 milliards F CFA pour une durée de cinq ans (2018-2024) au profit de 124 collectivités territoriales.
Devant être clôturé cette année, le Pacasen a reçu un financement additionnel. Hier, lors de la cérémonie d'ouverture de l'atelier de sensibilisation des acteurs territoriaux sur l'orientation climatique du financement additionnel du Pacasen, le directeur de cabinet du ministère de l'Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l'Aménagement des territoires a fait le point sur les résultats du programme.
Selon ses dires, les importantes ressources mobilisées ont contribué à réaliser, à ce jour, plus de 1 026 projets structurants dans tous les secteurs d’activité et ont permis de finaliser des réformes budgétaires.
‘’’Les résultats retentissants et fort appréciables obtenus par le Pacasen au niveau des collectivités territoriales du Sénégal ont convaincu de la pertinence de mettre en place un financement additionnel pour deux années supplémentaires (2025-2026), soit jusqu’au 31 décembre 2026, avec une enveloppe de 110 millions de dollars US, soit environ 70 milliards F CFA, financée par la Banque mondiale pour 50 millions de dollars US, l’AFD pour 33 millions de dollars US et le gouvernement du Sénégal à hauteur de 27 millions de dollars US’’, annonce Amadou Manel Fall.
Ce financement additionnel du Pacasen va également, d’après lui, permettre le renforcement de la résilience climatique à travers la territorialisation de la lutte contre les changements climatiques. Étant entendu, poursuit-il, que le changement climatique n’est plus une menace abstraite, mais une réalité tangible qui impacte déjà les vies de millions de personnes à travers le monde, et particulièrement en Afrique.
‘’Au Sénégal, dit-il, les effets du changement climatique se font sentir à travers la récurrence des inondations, la manifestation de pluies courtes et abondantes, la dégradation des sols et la hausse du niveau de la mer qui affecte directement nos littoraux. De tels bouleversements inattendus portent atteinte à notre écosystème, à l’activité économique et, surtout, à nos populations les plus vulnérables’’.
Ainsi, aux yeux des autorités, l’heure est venue de redéfinir les approches et de repenser la stratégie de lutte contre le changement climatique. Amadou Manel Fall renseigne, à ce propos : ‘’La territorialisation de l’action climatique, par une meilleure implication des collectivités territoriales et des autres acteurs territoriaux, devient un levier essentiel pour mettre en œuvre le financement additionnel du Pacasen. La territorialisation de l’action climatique induit que les réponses aux défis climatiques soient adaptées aux spécificités de chaque commune et, de manière plus globale, aux réalités propres à nos différents pôles territoriaux. L’objectif est d’amener chaque collectivité territoriale à inscrire en priorité, en fonction de ses vulnérabilités, mais également de ses capacités et de ses ressources, les projets à fort impact climatique dans leur plan d’investissement. Une telle option politique va faciliter une meilleure implication des collectivités territoriales, des acteurs locaux et des communautés dans la conception et la mise en œuvre des projets de développement à vocation climatique.’’
Placer les collectivités territoriales au cœur des décisions climatiques
Ainsi, l’atelier d’hier avait pour objectif de renforcer les capacités des élus locaux, des agents techniques et des communautés dans l’atteinte des conditions minimales obligatoires (CMO) et des indicateurs de performance (IDP), pour mieux appréhender les enjeux climatiques, la gestion des risques, ainsi que les bonnes pratiques d’adaptation et d'atténuation. Il a aussi permis de faire un plaidoyer auprès des autorités afin de faciliter l’atteinte des indicateurs liés au décaissement (ILD) par la prise d’un arrêté conjoint dès le mois de juin 2025 (MUCTAT-METE) instituant le guide harmonisé pour l’élaboration des plans climat territoriaux et le déploiement des outils de la CDN (Contribution nationale déterminée).
Le directeur de cabinet du ministère de l'Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l'Aménagement des territoires souligne que l’objectif est de doter les collectivités territoriales (pour celles qui n’en disposent pas encore) de plans climat territoriaux qui intègrent les risques climatiques spécifiques à chaque zone.
Par exemple, poursuit-il, les régions côtières devront développer des stratégies face à l'élévation du niveau de la mer, les zones agricoles devront s’adapter aux sécheresses et à la raréfaction des pluies, tandis que les zones urbaines devront repenser leur planification en tenant compte des îlots de chaleur et des risques liés aux inondations urbaines.
Il précise que le financement additionnel du Pacasen propose un modèle de gouvernance qui place les collectivités territoriales au cœur des décisions climatiques, en leur donnant les moyens nécessaires, tant sur le plan financier que technique, pour qu’elles puissent être des acteurs actifs de la lutte contre les changements climatiques et le déploiement de la CDN.
‘’Il faut impliquer le volet climatique pour être résilient et s’adapter aux risques’’, indique le directeur général de l’Agence de développement municipal (ADM). Le docteur Mahmouth Diop ajoute qu’il faut développer des synergies autour des services de l’État, des projets et des agences. Il est d’avis que le climat est très transversal et touche le social, le bien-être des populations ainsi que les activités rurales, économiques et industrielles.
Il est donc nécessaire, poursuit-il, de signer des conventions de partenariat avec des entités territoriales et étatiques afin de maximiser l’appui envers les municipalités.
‘’L’ADM, avec le soutien des bailleurs, a estimé qu’il serait plus intéressant d’occuper une bonne place et de faire bouger les choses. Nous sommes également menacés par les changements climatiques, avec une baisse des activités rurales et la santé des populations. C’est une dimension fondamentale dans les politiques publiques, qu’il s’agisse du nouveau modèle de développement ou territorial. Il faut impliquer le volet climatique pour être résilient et s’adapter aux risques qui peuvent causer beaucoup de dommages, pertes d’emplois et économiques aux populations locales’’, insiste le Dr Diop.
CHEIKH THIAM