AES
Hier, dans une déclaration, l’AES a réitéré ‘’le caractère irréversible et immédiat’’ de son retrait de la CEDEAO. Pour rappel, c’est à l’issue du 66e Sommet ordinaire de la CEDEAO tenu le 15 décembre 2024 à Abuja (Nigeria) que les chefs d’État ont fixé une période de transition de six mois (du 29 janvier au 29 juillet 2025) avant de rendre effectifs les départs de ces trois pays.
À leurs yeux, ce délai devrait permettre aux différentes parties de négocier les modalités de leur séparation tout en laissant ouverte la médiation qui serait en cours. Médiation confiée aux présidents togolais Faure Gnassingbé et sénégalais Bassirou Diomaye Faye, et devrait aller jusqu’au terme de la période transitoire. Cependant, dans un communiqué conjoint publié le 14 décembre dernier, veille du sommet d’Abuja, la réunion ministérielle de l’AES sur la circulation des personnes et des biens avait déjà envoyé un signal à la CEDEAO en réaffirmant le caractère irréversible du retrait du Mali, du Niger et du Burkina Faso de l’institution régionale. Les trois pays sahéliens qui ont annoncé leur départ de la CEDEAO le 28 janvier 2024 ont mis en place l’AES le 16 septembre 2023, avant de la transformer en confédération le 6 juillet 2024.
...Ainsi, les dirigeants de l’AES considèrent la prolongation de six mois de la médiation comme une tentative de déstabilisation orchestrée par des États qu’ils qualifient de ‘’supplétifs d’une junte française à bout de souffle’’. Ils accusent aussi la CEDEAO de vouloir freiner leur ‘’dynamique émancipatrice’’ avec ce délai, en lieu et place d’une gestion concertée des ‘’aspects techniques liés au retrait avec effet immédiat’’.
L’AES dénonce également les ‘’manœuvres de tromperie’’ de la France. Ils accusent l’ancienne puissance coloniale de remplacer ses ‘’bases militaires par des dispositifs moins visibles’’ tout en continuant à ‘’soutenir des groupes terroristes’’ dans la région. En outre, ajoutent-ils dans leur déclaration, des ‘’groupes terroristes’’ s’activent dans des zones frontalières communes aux trois pays ainsi qu’avec le Nigeria et le Bénin, et ‘’reçoivent de la part d’États étrangers des appuis divers (…) visant à déstabiliser l’AES’’.
À cet effet, les trois États de l’alliance ont décidé de placer leurs forces de défense et de sécurité (FDS) en ‘’état d’alerte maximal’’. Ils incitent leurs populations ‘’à rejeter les propositions d’enrôlement au sein des groupes terroristes’’ et ‘’à redoubler de vigilance’’ en collaborant avec les FDS. Les généraux Assimi Goïta du Mali et Abdourahamane Tiani du Niger ainsi que le capitaine Ibrahim Traoré du Burkina Faso ont également convenu de faire de l’AES un espace ‘’unique d’opérations militaires coexistant avec les théâtres militaires nationaux en cours’’.