''Deux morts, plusieurs blessés''
Une nouvelle production de danse, intitulée ''révolution'', a été présentée mercredi par la compagnie Bakalama au Centre culturel Blaise Senghor. Le groupe a montré, dans le spectacle, que l'expression corporelle, chez ses danseurs, est un canal concret pour véhiculer des messages à l'endroit de la population.
Les ballets burkinabe et guinéens font depuis toujours le bonheur des spectateurs sénégalais, contrairement à certains des nombreux ballets du pays, où tout n'est souvent que tintamarre. Conscient de cet état de fait, le ballet Bakalama a présenté mercredi au public du centre culturel Blaise Senghor (ccbs) sa nouvelle production intitulée ''révolution''.
Le spectacle, fruit de 8 mois de création, a duré 1 heure d'horloge. ''Nous nous sommes inspirés des évènements de 2012 qui se sont passés à la place de l'indépendance, pour mettre en scène cette production'', a expliqué Malal Ndiaye, le directeur artistique du groupe, pour expliquer la révolution dans leur manière de danser. ''Révolution'', puisque qu'à partir de la danse, Bakalama a décidé de coller à l'actualité et de rompre avec la tradition.
Le spectacle s'ouvre sur un jeune homme, torse nu, menotté et malmené par 2 policiers. Une scène saisissante, due en partie à la cohue faite par l'homme qui se démène comme un diable pour échapper à la bavure policière. S'ensuit, un 2ème tableau qui met en scène un homme persécuté, perdu, peureux, qui ne sait plus où donner de la tête car, il ne parvient pas à s'enfuir, encerclé par les forces de l'ordre. Brutalisé, il finit par rendre l'âme, au son triste du saxophoniste Lansana Sadio. Un tableau imbu de sens et d’émotion qui replonge dans ces jours noirs que le Sénégal a connus.
Les 3e et 4e tableaux sont des mouvements d'ensemble qui se traduisent par une riposte de la population, sous forme de jets de pierres, suivis de courses effrénées pour se sauver. Comme un troupeau en divagation, les manifestants laissent forcément une personne en rade et une 2e perte humaine est enregistrée, en plus des nombreux blessés. Raphaël Ndiaye entre en scène, avec la musique du décès du président Lamine Guèye sur le rythme duquel les manifestants évacuent ce second corps.
En somme, une création pour laquelle Jean Tamba, le chorégraphe, a salué ''l'esprit d'ouverture du directeur artistique, qui n'a pas hésité à consulter ses pairs''.
Mariétou Kane