‘’10 000 préjugés’’ ou combattre le feu par le feu
Promouvoir le dialogue interculturel, comprendre et déconstruire les préjugés qui empêchent les cultures française et sénégalaise de se fondre l’une dans l’autre. Tels étaient les objectifs majeurs de l’exposition d’arts plastiques ‘’10 000 problèmes’’ qui a pris fin hier, à la Galerie nationale de Dakar.
‘’L’Afrique dans la misère’’, ‘’Le rêve occidental est toujours réel’’, ‘’La religion est source de problème en Afrique’’, ‘’Les Français sont racistes’’… Tapissant l’espace ouvert de la Galerie nationale de Dakar, des préjugés écrits noir sur blanc montraient leurs odieux visages au visiteur, venu une dernière fois s’abreuver à la source d’une exposition franco-sénégalaise qui a fermé hier définitivement ses portes.
Dirigée par les plasticiens français Jessica Korbédeau et Clément Garnung, cette exposition avait pour vocation de mettre en relief et de réfléchir sur la problématique des préjugés entre la culture sénégalaise et la culture française. ‘’L’objectif était de faire émerger les différents préjugés qu’il y a entre ces deux peuples. Lesquels préjugés seront, par la suite, traduits en expression artistique’’, a expliqué Jessica Korbédeau.
Le processus de création suscité impliquait de ce fait la collecte des dits préjugés, qui s’est faite entre Bordeaux (France) et Saint-Louis du Sénégal… Les organisateurs ont ouvert leur micro aux riverains des deux villes, afin d’enregistrer les idées reçues qui émanent des deux univers. ‘’Les artistes font de l’interprétation à partir des idées qui ont été proposées par la population… L’art devient alors un prétexte, pour l’artiste, de se retrouver dans son essence même, c'est-à-dire d’être quelqu’un qui exprime la condition humaine de ses concitoyens.’’, a renseigné Clément Garnung.
Il s’agissait donc d’aborder des préjugés, comme ceux de la ‘’femme soumise’’, du ‘’respect de la nature’’, interprété avec brio par le Saint-Louisien Mamadou Sow, avec des dentifrices alignés représentant des personnages (pour ‘’dire que le plastique distille notre regard, puisque tout est plastique chez nous’’, selon l’artiste) ou encore du ‘’mirage de l’Occident’’ (peint à grand renfort de gratte-ciels)…
En tout, plus d'une vingtaine de tableaux d'art ont composé cette exposition, regroupant des artistes d’ici et d’ailleurs, comme Jacob Yacouba, Mamadou Sow, Moussa Konaté etc. Conçue par l’association ‘’Cargo 209’’, la prochaine étape de l’exposition se tiendra au Canada, en mai prochain.
Sophiane Bengeloun