Publié le 27 May 2014 - 13:31
SIDY SECK, DIRECTEUR GENERAL DES MSAD

‘’Nous avons fait une option sur le sommet de la Francophonie’’ 

 

Pour la première  fois, les Manufactures sénégalaises des arts décoratifs de Thiès ne participent pas aux activités de la Biennale. Son directeur général en explique les raisons dans cet entretien. 

 

Sous perfusion, il y a quelques années, les Manufactures sénégalaises des arts décoratifs (MSAD) de Thiès respirent de nouveau la forme. Qu’est-ce qui s'est passé ? 

Il y a de cela quatre ans, la situation de l’entreprise était très très difficile. À la limite, même, désespérée. Quand j’ai pris service, la première chose que j’ai eu à faire a été de tendre la main à l’ensemble du personnel et au délégué du syndicat. Et les premiers exercices que nous avons faits, en son temps, c’était de tenir des ateliers de diagnostic.

Nous avons diagnostiqué le mal avec l’ensemble du personnel et les cadres de l’entreprise. Nous avons passé en revue tous les problèmes auxquels l’entreprise se trouve était confrontée. Et c’est au sortir de ces ateliers que nous avons dégagé les grandes orientations. C’est ce que nous sommes en train d’appliquer avec nos collaborateurs et c’est ce qui donne les résultats que nous voyons.

Dans l’art depuis plus de 40 ans, quel est le plus à inscrire à votre actif au niveau de la dite entreprise ? 

Nous sommes une entreprise de production de tapisseries. Nous travaillons à partir d’une œuvre d’art réalisée par un peintre. Donc, les peintres nous font travailler. Mais nous donnons une autre dimension au travail des peintres. Au départ, c’est une petite œuvre réalisée sur un petit format en carton. Et nous, nous lui donnons une taille. Donc, c’était une peinture en carton, aujourd’hui, c’est une tapisserie, c'est-à-dire une peinture qui est tissée à la main.

De ce point de vue, les Manufactures contribuent à diversifier l’art sénégalais. Les maquettes que nous reproduisons en tapisserie, ce sont les peintres qui nous les cèdent. On les achète, on reproduit, on vend et dans tout ce processus, il y a un élan de marketing. Nous rendons visible et lisible l’art sénégalais de manière générale, parce que les tapisseries sont un peu partout disséminées dans le monde. Au delà de l’art, c’est une entreprise qui a des agents. Et de ce point de vue, on contribue à l’équilibre social de nos employés. On contribue à la sauvegarde de la dignité humaine. Les Manufactures des arts décoratifs font partie, aujourd’hui, des entreprises les plus visibles, les plus crédibles du paysage au Sénégal.  

Pourtant, on ne sent point votre implication dans la Biennale ?

La Biennale implique tous ceux qui sont dans le milieu de l’art. Mais depuis un an, nous avons fait une option sur le sommet de la Francophonie de novembre 2014. Dans le cadre de notre politique, nous avions opté d’entrer en collaboration avec l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) à Paris. Nous avons lancé un concours sur le plan international au niveau de l'UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine). Un concours parrainé par la Francophonie. A ce moment, le Sénégal n’était même pas désigné pour abriter le sommet.

Et nous étions déjà en collaboration avec la Francophonie. A l’issue du concours que nous avions organisé, les deux premiers prix ont été programmés au tissage et nous avons terminé le tissage. Et dans notre programme, nous avons dit : après le tissage, nous allons monter une exposition autour de la Francophonie. Le thème retenu était : ''la Francophonie, un pont entre les races''. C’est quand nous avons organisé la remise de prix de ce concours que le Sénégal a été désigné pour abriter le sommet. En bon manager, nous avons sauté sur l'occasion.

C’est pourquoi vous avez lâché la Biennale ?

Nous n’avons pas lâché la Biennale. Nous ne pouvons pas lâcher la Biennale qui est une fierté pour le Sénégal, pour l’Afrique et pour nous tous. Mais on a l’habitude de dire : ''qui trop embrasse, mal étreint''. Nous, nous avons embrassé le sommet. Nous avons pris des engagements par rapport au sommet avec l’État du Sénégal. Nous avons un certain nombre de tapisseries à livrer avec des délais très courts par rapport au fonctionnement de notre métier. Ici tout est fait à la main. Si on dispersait nos engagements, on risque de ne pas terminer dans les délais.

Et ce sera pour combien de temps ?

C’est juste pour un temps. Parce qu’on va prendre des engagements avec un acquéreur. Il faut les respecter, car cela fait partie des règles du management. Il faut travailler dans le temps, gérer le temps, respecter les délais, la qualité du travail. Pour ces raisons, on s’est dit : ''au lieu de disperser nos forces, mieux vaut viser et parfaitement atteindre un objectif dans les règles de l’art''. Imaginer, si on organisait une exposition pendant le mois de mai dans la Biennale et une autre en novembre, ce serait extrêmement dur pour un établissement comme le nôtre de bien s’en sortir.

C’est parce que nous tenons à honorer nos engagements, à savoir la réalisation de toutes les tapisseries à livrer pendant le sommet de la Francophonie que nous nous sommes dit : ''pour une fois, nous allons surseoir à l’activité de la Biennale». Toutefois, nous irons à Dakar visiter les manifestations. A présent, on se concentre sur le sommet en vue de réaliser toutes les tapisseries dont l’État du Sénégal a besoin. Ensuite, nous allons monter une exposition. C’est ça notre programme... 

PAR NDEYE FATOU NIANG (THIES)

 
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