Aminata Tall attise le feu
Dimanche soir, les pontes de l’Apr en étaient à se demander comment démêler les fils de l’écheveau que constitue la préparation des élections législatives du 1er juillet prochain. La constitution d’une liste unique de la coalition «Benno Bokk Yaakaar» est en voie d’impasse. Les partis politiques qui ont soutenu Macky Sall au second tour de la présidentielle ne comprennent pas «la volonté d’accaparement» qu’ils perçoivent à travers les propositions que vient de leur faire le président de la République pour les listes des candidats à la députation. Dans une lettre N°00 229 avec comme en-tête le ministre d’Etat, secrétaire général de la présidence de la République, Mme Aminata Tall -agissant pour le président de la République- a adressée, le 20 avril dernier, un courrier aux chefs de parti de la coalition pour leur soumettre des propositions. Naturellement, elles tendent à faire la part belle à l’Alliance pour la République, le parti du président Macky Sall. Comme «principe de base», il a été proposé aux partis de la majorité présidentielle d’investir au niveau départemental les vainqueurs au premier tour du scrutin présidentiel du 26 février dernier. La coalition «Macky 2012» se retrouverait ainsi avec 23 candidats sur les listes départementales (Dakar, Pikine, Guédiawaye, Matam, Kanel, Fatick, Foundiougne, Linguère…), là où «Benno Siggil Senegaal» de Moustapha Niasse aurait 04 candidats ; «Benno Ak Tanor» (02) ; le même nombre (02) pour les partisans d’Idrissa Seck. Au total, sur 31 «postes fixes» au scrutin départemental, le parti du président nouvellement élu entend avoir 31 candidats là où ses alliés devraient se conter de 08 investis. Sur les 150 députés, 90 sont élus sur les listes départementales et 60 sont issus de la liste nationale au scrutin proportionnel.
Dans sa lettre, la ministre d’Etat, secrétaire générale de la présidence de la République, propose aux alliés du président Macky Sall une possibilité d’échange «à titre exceptionnel» de candidats sur les départementales, à reprendre de manière équivalente sur la liste nationale souvent considérée comme un refuge, car la liste de candidats sortie première du scrutin étant assurée d’avoir la majorité en raison du type de scrutin. Comme il fallait s’y attendre, cette proposition fait dangereusement tanguer la stabilité de la mouvance présidentielle. Selon des sources sûres et émanant de plusieurs partis membres de l’actuel gouvernement, ces propositions ne seront pas acceptées. Arrivé avec 25% des voix au premier tour lors de l’élection présidentielle, Macky Sall fait face à une véritable équation car son parti n’a pas l’envergure lui permettant de forcer la main à ses alliés. Pire, la forme. En effet, pourquoi est-ce la secrétaire générale de la présidence de la République -fonction éminemment administrative- qui devrait leur faire des propositions purement politiques ?