Les avocats de la défense menacent de boycotter le procès
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La reprise du procès de Karim Wade risque d’être compromise, car les avocats de Karim Wade menacent de boycotter le procès, si toutefois les prévenus ne sont pas au complet.
‘’Nous continuerons à mener le combat judicaire mais aussi le combat psychologique’’. Ces propos de Me Pierre Olivier Sur renseignent sur l’état d’esprit des avocats de Karim Wade qui se sont apparemment préparés à un procès qui risque d’être long et complexe. En conférence de presse, hier, dans un hôtel de la place, les avocats français Olivier Sur, Jessica Finelle, Nicolas Boulay, Jean René Farthouat, s’en sont pris à la Cour de répression contre l’enrichissement illicite (CREI) dont la requête sur l’exception d’incompétence soulevée par les avocats de l’Etat sera vidée le 18 août prochain. Bien qu’il ait envie de s’exprimer sur le fond du dossier de son client, Me Olivier Sur, parlant au nom du collectif, admet qu’il se trouve en face d’une situation paradoxale.
‘’Nous ne voulons pas être jugés sans avoir la garantie d’un procès équitable. La CREI nous apparaît incompétente (…). Mais nous ne voulons pas entrer dans une logique de rupture si nous voulons obtenir ce que nous voulons’’, explique le Bâtonnier de Paris. D’ailleurs, l’avocat français menace d’adopter la politique de la chaise vide à la reprise du procès si les prévenus ne sont pas au complet. ‘’Si dans 15 jours ou dans un mois, l’on aborde le fond du procès et que l’un des prévenus ne soit pas à l’audience, nous sortirons de la salle. Et à notre place, il y aura les ONG, la fédération internationale des droits de l’Homme’’, annonce Me Olivier Sur comme pour mettre la pression sur l’Etat.
L’avocat voit dans l’attitude de la partie civile un signe d’inquiétude et de défiance contre les avocats de la défense. ‘’J’ai l’impression que nous dérangeons’’, dit l’avocat français qui regrette à cet effet certains ‘’propos qui dépassent la mesure’’ tenus au cours des trois jours d’audience par les avocats de l’Etat. Il en veut pour preuve les déclarations de Me Wilam Bourdon qui, selon lui, a comparé son client à un ‘’criminel’’ à l’instar de l’ex-président Yougoslave, Sloboban Milosevic. Ce qui est à ses yeux de la ‘’diffamation, de l’outrage et de l’outrance’’.
Revenant sur le fond du dossier, Me Olivier Sur a dégagé en touche les accusations portées contre son client. Il constate que les montants attribués initialement à Karim ont été divisés par dix entre les premières notifications et l’arrêt de renvoi sans même qu’on ait produit des documents. ‘’Ce montant divisé par dix sera multiplié par zéro à la fin du procès lorsque nous pourrons enfin nous défendre’’, promet l’avocat. ‘’Un billet de 50 euros, il peut s’envoler.
Mais lorsque le montant est chiffré à des milliards, on le retrouve toujours dans cette globalisation, dans ces flux financiers internationaux’’, démontre le bâtonnier de Paris qui en veut pour preuve les commissions rogatoires envoyées en France, à Singapour et à Luxembourg et qui sont revenues ‘’bredouilles’’. Quid du compte à Monaco ? ‘’C’est l’argent du père (Abdoulaye Wade). Karim jamais ! Cet argent, ce n’est pas des milliards, c’est le prix d’un appartement. Il ressort d’une fortune bourgeoise, d’un homme qui a été président de la République du Sénégal’’, minimise-t-il. Malgré tout, les avocats de la défense crient victoire face à cette ‘’guerre psychologique, de l’espoir’’ face à la partie civile, même s’ils s’attendent à tout. ‘’Nous avons plusieurs tours dans notre sac’’, confie l’avocat français.
A noter que les confrères sénégalais de Me Olivier Sur n’ont pas participé à la conférence de presse. Car l’Ordre des avocats ne les a pas autorisés à s’exprimer sur la question.
DAOUDA GBAYA