Aliou Sow dénonce les dérives et donne sa thérapie
Ancien ministre et universitaire, Aliou Sow n’est pas insensible à la crise qui prévaut à l’université. Il dénonce les dérives du régime en place et préconise des solutions pour sortir de l’ornière.
‘’Le nouveau gouvernement cherche à remettre en cause tous les acquis de l’université en matière d’autonomie, de liberté des acteurs du secteur. Ils sont en train aujourd’hui de mijoter un plan permettant au ministre d’avoir une mainmise sur l’orientation des étudiants. C’est une catastrophe’’. Ces propos de l’ancien ministre Aliou Sow confiés à EnQuête sonnent comme une révolte. D’ailleurs, l’universitaire se demande comment le ministre de l’Enseignement supérieur, Marie Teuw Niane ‘’peut être tenté d’aller jusqu’à vouloir contrôler le recrutement des enseignants chercheurs de l’université, ou bien pouvoir disposer des enseignants et les affecter’’.
A son avis, un enseignant recruté par le ministre n’a aucune légitimité devant ses pairs. ‘’ A l’université, ce qu’on connait, c’est le choix par ses pairs. Il n’y a que le recteur qui est nommé par le gouvernement’’, rappelle l’ancien ministre.
Aliou Sow regrette par ailleurs les perturbations récurrentes à l’université et le chevauchement des années universitaires. A son avis, il faut prendre des mesures radicales pour mettre fin aux colmatages et aux années anormales qui déteignent la qualité de l’enseignement et de la recherche. ‘’Nous sommes au mois d’octobre et jusqu’à présent, l’année 2013-2014 n’est pas encore bouclée. Aujourd’hui, personne ne sait quand les années commencent et quand elles se terminent’’, fustige M. Sow. De ce fait, poursuit-il, on tombe dans des formations au rabais, des colmatages, des répercussions d’une année à l’autre.
Pour remédier à cette situation, selon l’ancien ministre libéral, il vaut mieux oser prendre des mesures radicales pour remettre les compteurs à zéro et redémarrer sur des nouvelles bases quel qu’en soit le prix. ‘’ Il fallait s’entendre avec tout le monde pour que l’année soit blanche ou invalide, afin que les cours puissent démarrer au plus tard le mois de novembre. On allait être sûr de commencer une année normale, sans répercussion’’, indique l’ex ministre.
A propos de la crise scolaire, Aliou Sow considère que ‘’notre école est malade du fait des dirigeants politiques’’. Le slogan ‘ubi tey jang tey’’, dira-t-il, n’est pas une bonne chose pour les élèves. ‘’Après des longues vacances, il faut au moins laisser aux enfants un à deux jours de retrouvailles et d’échanges d’expériences de vacances pour au moins se remettre dans le bain et commencer les cours’’, préconise-t-il.
Mamadou Diallo (Stagiaire)