Publié le 12 Dec 2014 - 14:00
VIOLENCES FAITES AUX FEMMES, AVORTEMENT MEDICALISE

Le plaidoyer du CLVF et de l’AJS

 

A l’occasion de la célébration de la journée des droits de l’Homme, la présidente du comité de lutte contre les violences faites aux femmes (CLVF) et la présidente de l’Association des juristes sénégalaises ont fait un plaidoyer en faveur de l’éradication des violences faites aux femmes et à la légalisation de l’avortement médicalisé.

 

Non à l’impunité. C’est le cri du cœur lancé par Mme Penda Seck Diouf, présidente du comité de lutte contre les violences faites aux femmes (CLVF). Selon elle, « les violences faites aux femmes et aux filles constituent la plus grande violation des droits humains ». Et malgré l’importance de l’arsenal juridique de ce pays, les auteurs de ces violences jouissent souvent d’une impunité, fustige-t-elle. « Nous ne nous plaignons pas à ce niveau, mais l’impunité est toujours là. Il faut que les lois soient appliquées et de manière effective », plaide la présidente.

Outre l’application de la loi, Mme Diouf demande à l’Etat de traduire la volonté politique en acte concret, en octroyant 1% du budget à la lutte contre les violences faites aux femmes. « L’Etat s’est engagé à l’élimination des violences, à l’horizon 2015. Nous sommes à la porte de 2015, alors nous voudrions des actes », demande-t-elle. Le CLVF sollicite aussi la mise en place d’un observatoire sur les violences faites aux femmes. Ledit observatoire sera, d’après la présidente, « un cadre de collecte des données, mais aussi de dialogue et de réorientation des politiques et programmes pour mesurer l’impact de tous ces programmes mis en œuvre ».

Au-delà de ces sollicitations, le CLVF préconise l’officialisation des langues nationales pour l’accès des femmes à la justice. Selon Mme Diouf, la complexité du langage est le premier obstacle à la justice pour les femmes. « On rend justice dans une langue que les populations ne comprennent pas. Déjà les intellectuels ont des difficultés à décoder le langage juridique à fortiori un analphabète. Cela pose problème. Donc, l’officialisation des langues nationales est extrêmement importante, aussi bien que la vulgarisation des textes », a martelé la présidente.

L’AJS demande la suspension de la loi sur l’avortement

Quant à la présidente de l’association des juristes sénégalaises (AJS), elle a fait un plaidoyer sur l’avortement médicalisé. Pour sauver la vie des femmes et leur éviter la prison, Fatou Kiné Camara demande que « la loi sur l’avortement et qui date de 1933 avant la colonisation soit suspendue ». Très alarmiste, elle a révélé que « l’avortement est une pandémie silencieuse, car il tue chaque année 47 000 femmes dans le monde ». Comme tous les fléaux, l’Afrique paie le plus lourd tribut. 68% de ces victimes vivent en Afrique subsaharienne, car les avortements sont faits dans des conditions sanitaires très mauvaises.

Fatou Kiné Camara de dire : « Si on tient à respecter la vie des femmes et ne pas les envoyer en prison, il faut légaliser l’avortement médicalisé ». Elle rappelle aussi que l’Etat a signé le protocole de Maputo qui dit qu’en cas d’inceste, de viol, d’agression sexuelle, lorsque la grossesse porte atteinte à la santé mentale et physique de la victime, l’avortement est autorisé. « Comment dans ce cas l’Etat peut-il utiliser sa force, sa puissance pour écraser les faibles », demande-t-elle. 

FATOU SY

 

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