Musique et Cinéma se mêlent sur la plage
Lancé il y a de cela trois mois, le Festival Gorée Cinéma ouvre la porte à la musique le 1er août prochain sur la plage du débarcadère de l’île de mémoire. Un concert et une table ronde avec l’artiste Canabasse accompagneront ainsi la projection de film coutumière.
Arrivé à mi-saison, le Festival Gorée Cinéma s’est progressivement installé dans le paysage culturel national. Pour sa 4e occurrence, élégamment rebaptisé ‘’Cycle IV’’, l’évènement a choisi de célébrer le son tout autant que l’image puisque l’habituelle projection sera flanquée non pas d’un, mais de deux évènements musicaux.
Le premier, à ne pas en douter, est l’expression la plus pure de la culture musicale urbaine puisqu’un concert sera donné par le rappeur Canabasse avant la projection, investissant la plage de son talent pour une performance électrique.
‘’Rebelle ou la tragédie de l’enfance perdue’’, de Kim Nguyen, sera le film mis à l’honneur à l’occasion de ce Cycle IV. Le documentaire retrace le bouleversant récit d’une enfance abimée par la guerre et le chaos social d’une Afrique qui ne cesse de lutter contre elle-même.
Komona, une jeune fille de douze ans, est la proie de miliciens armés qui la capturent, forcent une arme entre ses mains pour qu’elle abatte ses parents et font d’elle un enfant-soldat. Hantée, encerclée par les morts, c’est l’amour d’un jeune albinos qui lui donnera les forces de sa survie ainsi que l’espoir de voir de meilleurs jours. Fable tragique sur le désarroi dans lequel la jeunesse du continent peut rapidement plonger, ce film va bien au-delà de l’ostensible drame des enfants-soldats et place le spectateur face à la férocité des devenirs d’une enfance à l’abandon.
Les projecteurs éteints, c’est une rencontre d’échange et de discussion qui se chargera de clôturer la présente édition avec pour invité d’honneur Canabasse. Choisi de par la dimension de sa musique qui résonne à travers tout le Sénégal, l’artiste sera amené à s’exprimer sur son engagement citoyen, notamment vis-à-vis du caractère et l’importance qu’il attache à l’éducation et au recueil et à la transmission des savoirs.
Le Cycle IV, qui se tient à l’aube du mois d’août, aura donc à cœur de donner tout son sens à cette marche frénétique du 7e art initié par Jo Gaï Ramaka au mois de mai dernier. La succession de Cycles se poursuivra ainsi jusqu’à la fin de l’automne. Cette nouvelle programmation, qui inaugure une formule inédite, illustre à la fois l’exigence et la détermination de ses organisateurs à poursuivre la promotion d’œuvres et d’artistes africains et panafricains de qualité.
Sophiane Bengeloun