Publié le 31 May 2012 - 20:10
SÉNÉGAL - MISSION DU FMI

Christian Clages annonce des mesures ‘’douloureuses’’

Christian Clages, ambassadeur d’Allemagne à gauche et Serigne Mbaye Thiam, porte-parole du gouvernement

 

L’ambassadeur d’Allemagne, Christian Clages a encore mis les pieds dans le plat en annonçant mercredi, faisant référence aux recommandations du FMI, des mesures douloureuses que le gouvernement sénégalais est condamné à prendre.

 

Christian Clages s’est encore distingué mercredi par son franc-parler. L’ambassadeur de la République Fédérale d’Allemagne a demandé au gouvernement du Sénégal de partager avec les populations les mesures ‘’douloureuses’’ auxquelles elles pourraient faire face dans les jours à venir. Le diplomate en a appelé au ‘’courage’’ du gouvernement sénégalais qui, selon lui, doit informer l'opinion sur les recommandations de la mission du Fond monétaire international (Fmi) menée au Sénégal du 2 au 15 mai 2012. Dirigée par Hervé Joly, cette mission aurait formulé des recommandations nécessitant des «sacrifices». «Gouverner, c’est aussi avoir le courage de parler à son peuple… J’espère que le peuple sénégalais sera en mesure de faire face à ces mesures douloureuses’’, a déclaré le diplomate allemand. Qui s'exprimait mercredi à l'occasion du forum organisé par la Fondation Konrad Adenauer sur le thème : ‘’le Sénégal entre la présidentielle et les législatives. Défis et perspectives’’.

 

Sans trop entrer dans les détails, Christian Clages a expliqué que le Sénégal doit faire des efforts dans les secteurs centraux de l’Éducation, de la Santé et de l’Énergie. Les défis sont majeurs dit-il, lui qui évoque les ‘’caisses vides’’ de l’Etat. Ainsi exhorte-t-il les Sénégalais à ‘’se retrousser les manches et à travailler pour le pays’’.

 

Pour rappel, ladite mission du FMI avait fait état de dangers qui guettent l’économie sénégalaise et avait alerté l’opinion. ‘’Faute de mesures correctives, le déficit budgétaire pourrait dépasser 8% du PIB cette année, un niveau clairement insoutenable’’, avait averti la mission. Des réponses différentes devraient venir à bout de cette situation, selon les membres de la mission qui ont parlé de la nécessité de venir en aide aux victimes de la sécheresse et la révision de la croissance à la baisse justifiant ainsi le réajustement à la hausse de la cible de déficit.

 

Par rapport aux subventions consenties par l’Etat, le FMI mentionne qu’une grande partie du déficit provient du soutien au prix de l’énergie dont l’électricité et les produits pétroliers. ‘’Il atteindrait le coût très élevé pour les finances publiques de 150 milliards de F Cfa en 2012, c’est-à-dire 2% du PIB’’. Du coup, la mission a encouragé les autorités à remplacer les subventions par des mesures plus efficaces. Il y a quelques jours, le syndicaliste Mademba Sock avait fait état d’une probable hausse du prix de l’électricité au Sénégal.

 

 

‘’Le recouvrement des biens volés ne suffira pas à résoudre les problèmes’’

 

La réduction du train de vie de l’Etat, la justification des biens acquis ou le vol de deniers publics, doivent être poursuivis, selon l’ambassadeur d’Allemagne au Sénégal. Mais pour Christian Clages, le recouvrement de tous ces biens ne ‘’suffira’’ pas à la résolution des problèmes. Les institutions de la société civile doivent, à son avis, réussir le combat contre l’impunité. Christian Clages d’appeler les politiques à se pencher sur cette réflexion : ‘’Il ne faut pas que chaque changement de régime donne lieu à une communauté d’intérêts qui se partage le gâteau’’. Il n’a pas manqué de saluer la démarche actuelle du régime sénégalais qui s’inscrit, selon lui, dans le cadre de la bonne gouvernance. Le diplomate allemand, faut-il le rappeler, est bien connu pour son franc-parler. A quelques semaines de la présidentielle, il avait demandé aux partis politiques sénégalais d’inscrire dans leurs programmes l'option de la résolution du conflit casamançais. Cette déclaration avait suscité une vive réaction du gouvernement sénégalais pour qui le Sénégal n’avait «pas de leçon à recevoir de qui que ce soit».

 

AMADOU NDIAYE

 

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