Publié le 12 Jun 2012 - 13:30
IMPASSE DANS L'AFFAIRE DES VÉHICULES SAISIS À DIAMNIADIO

Le PDS patiente jusqu'au mercredi

 

La confrontation n'a pas eu lieu à Diamniadio entre les responsables du PDS et les gendarmes préposés à la garde des sept véhicules saisis par les autorités. Sous la houlette de Me Ousmane Ngom, entouré de Farba Senghor, Oumar Sarr, Aliou Sow, Bara Gaye, les libéraux ont encore accepté de patienter jusqu'à demain pour rentrer dans leurs droits...

 

Tout le monde présageait que ce lundi était celui de tous les dangers, avec des affrontements prévisibles entre libéraux et gendarmes en faction devant les locaux de l'entreprise TSE à Diamniadio, où un des hangars de l'homme d'affaires Cheikh Amar abrite sept véhicules dont le PDS se dit propriétaire. C’est peut-être ce risque qui a conduit la gendarmerie à mobiliser environ près d’une centaine d’éléments fortement armés, en majorité repliés à l’intérieur du domaine.

 

À 10 heures, des militants et responsables du Parti démocratique sénégalais étaient déjà sur place. Comme s’il était plus déterminé que tous les autres, Baye Moussé Ba alias Bro est le premier à débarquer. Surpris, il l'est quand le lieutenant en faction devant le portail du domaine appartenant à la Direction de l’Hydraulique et «prêté» à Amar lui refuse net l’entrée. A cet instant, un reporter-photographe tentera d’immortaliser la scène pendant qu'un autre cameraman l’imitait ; deux actes qui irritent les gendarmes qui s'empressent de saisir les matériels de nos confrères et d'effacer les éléments pris en photo et filmés.

 

Pendant ce temps, Bro est toujours à côté de son véhicule, face au portail, en compagnie de trois gros bras assez discrets. Plus tard, ils sont rejoints par Farba Senghor dont les tentatives pour convaincre les pandores échouent. «Nous avons l’intention de récupérer les véhicules qui appartiennent au président Abdoulaye Wade puisqu’ils ont été importées des Etats-Unis, et j’ai par devers moi les connaissements», explique l'ancien ministre des Transports aériens. A l'intention des journalistes, Farba Senghor se veut plus persuasif. «Vous pouvez lire que les sept véhicules appartiennent au secrétaire général national et sont de marque Ford. C’est ce qui se trouve sur les cartes grises qui sont avec nous.»

 

 

Farba Senghor, l'intérimaire

 

Principal interlocuteur des gendarmes, Ousmane Ngom est invisible sur les lieux, et c'est Farba Senghor qui en donne la raison. «Il est parti ce matin rencontrer le général Abdoulaye Fall, Haut commandant de la gendarmerie, pour lui montrer les preuves.» Moment choisi pour attaquer le président de la République. «La provocation ne sert à rien, nous sommes dans un pays en développement. Elle peut déboucher sur une instabilité... C'est pourquoi Macky Sall doit gouverner dans la transparence et la sérénité et laisser à chaque Sénégalais le soin de s’épanouir dans ses activités.» L'ex-propagandiste du PDS est d'autant irrité que, dans le même temps, des dizaines de véhicules auraient été mis à la disposition de Benno Bokk Yaakaar pour la campagne électorale.

 

11 heures. Le secrétaire général de l’Union des jeunesses travaillistes (UJTL) arrive sur les lieux à bord d’un 4x4 flambant neuf, lui aussi accompagné de gros bras qui lui servent d’escorte. Il est suivi quelques minutes après par la député sortante Astel Sall de Podor. Tout ce beau monde va se tourner les pouces sous un soleil de plomb, devant les gendarmes à la vigilance renforcée.

 

Oumar Sarr frôle une agression

 

13h20. Les choses commencent à devenir sérieuses lorsque quatre grosses cylindrées viennent stationner devant les gendarmes. Ces derniers établissent alors au quart de tour un cordon de sécurité. Des véhicules, descendent Oumar Sarr et Aliou Sow qui, avec leurs proches, marchent en direction du gradé coordonnateur des opérations. Ils se heurtent au barrage de sécurité. Oumar Sarr prend la parole : «Où se trouve votre chef ? Où est-il ?», demande-t-il avec insistance. Le lieutenant des pandores est juste entraperçu, derrière ses hommes. «Nous sommes en campagne électorale et comme il y a notre camion de sonorisation qui est là, nous devons l’amener à Kébémer et à Saint-Louis, explique le maire de Dagana et tête de liste nationale du PDS. Nous n’avons pas pu l’utiliser hier à Mbacké, j’espère que nous pourrons l’utiliser aujourd’hui.» «Quel camion ?» lui demande le lieutenant. «Notre camion de sonorisation, celui du Parti démocratique sénégalais», réplique le libéral, sourire aux lèvres.

 

 

''Les instructions sont fermes''

 

D'une manière ferme, le pandore lui rappelle que personne ne doit entrer dans le domaine. «Les instructions sont fermes». Excédé, le coordonnateur général du Pds semble abattu et se lâche : «Vous voulez nous empêcher de faire notre campagne. Aujourd’hui, nous nous sommes préparés pour emmener notre matériel de sono. Hier, notre sonorisation n’était pas des meilleures. Ce qui les intéresse, c’est de nous empêcher de faire la campagne électorale.» C’est au moment où il tente de livrer une déclaration à la presse que les gendarmes lancent la charge pour dégager la foule grandissante. «Voilà qu’ils sont en train de nous attaquer», s’écrie Oumar Sarr.

 

 

Les constats de Bro

 

Irrités, des militants libéraux se mettent en colère et traitent le président de la République de tous les noms. N’eussent été ses accompagnateurs, Oumar Sarr aurait été violenté quelque part. Un membre du PDS lui dit : «Monsieur le ministre, vous n’êtes pas venu pour la violence, mais pour récupérer vos véhicules. Vous avez le droit de rester. Nous sommes dans quel pays maintenant ?»

 

Là, Bro entre en scène pour dire au responsable politique : «Tu es témoin de ce qui se passe. Nous sommes venus pour la paix, mais il se trouve qu’on leur a donné des instructions et ils veulent nous brutaliser. Vous, de la direction du parti, vous avez vu et entendu.» L'ancien ministre prend le relais : «Nous allons prendre les dispositions pour riposter. S’ils cherchent aussi une confrontation politique, sur ce terrain-là, nous serons encore présents». Pour quitter les lieux, le maire de Dagana dit devoir aller à Kébémer et Saint-Louis où il est attendu. «Nous sommes obligés de louer des camions pour faire notre campagne», souligne-t-il. «Nous prendrons nos camions d’une manière ou d’une autre», promet-il.

 

 

Les vains assauts d’Ousmane Ngom

 

13h40. L’ancien ministre de l’Intérieur est le dernier à joindre le groupe de la direction nationale du PDS. Briefé par Oumar Sarr, il tente à son tour de négocier avec les gendarmes, documents à l'appui. En vain. «Ces véhicules devaient être utilisés avant le démarrage de la campagne électorale. Nous avons subi un grand préjudice mais avons voulu jusqu’au bout utiliser les voies de droit. En droit, en matière de meuble, possession vaut titre», indique-t-il. Samedi, les forces de l’ordre leur avaient signifié vouloir procéder à des vérifications, explique Me Ngom. Mais «officieusement, c’étaient des vérifications douanières pour voir si nous avions payé ou non les droits de douane. Comme nous sommes légalistes et hommes de paix, nous avons accepté d’attendre aujourd’hui lundi (NDLR : hier) pour que l’Etat puisse procéder à ces vérifications... Dès hier soir, nous aussi de notre côté, nous avons pu obtenir tous les documents, c'est-à-dire les certificats de mise à la consommation».

 

 

Prochaine étape, avec Wade ?

 

Résolu à passer par la «légalité», Me Ousmane Ngom se veut patient. «Nous allons encore attendre un peu et montrer notre bonne volonté et notre esprit de paix. S’il n’y a pas de réaction, nous vous dirons la prochaine étape».

 

Pendant près de trois heures d'horloge, lui et les autres campent sous le chaud soleil de Diamniadio. Non sans un dernier essai. Encore en vain. La mort dans l’âme, il confie : «C'est un acharnement inacceptable et incompréhensible parce qu’on aurait pu penser que c’était de bonne foi que ces véhicules avaient été retenus ici tant qu’on n'avait pas fourni tous les justificatifs nécessaires.»

 

En attendant de «rendre compte» à la direction du PDS, Me Ngom fait savoir qu'ils ne tomberont pas dans le piège ou dans l’agenda des gens qui veulent les empêcher de faire campagne ou qui veulent les affaiblir en les immobilisant là en même temps que leurs véhicules. Une décision sera prise, dit-il. «Il y aura une suite politique d’abord, et peut-être une suite judiciaire après (…) si la situation ne se décante pas d’ici mercredi.» Avec Me Wade en tête des troupes ?

 

PAPE MOUSSA GUÈYE

(Correspondant, Rufisque)

 

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