Un couple non marié puni de 200 coups de fouets
Un homme et une femme qui ont eu un enfant sans être mariés, ont reçu mercredi cent coups de fouet chacun à Tombouctou (nord-ouest du Mali), donnés par des membres du groupe islamiste armé Ansar Dine (Défenseurs de l'islam) qui contrôle la ville, ont rapporté des témoins à l'AFP.
"Sur la place Sankoré de Tombouctou (centre), un homme et une femme ont reçu cent coups de fouet chacun pour avoir eu un enfant hors mariage", a déclaré Mohamed Ould Baby, un élu de la ville, information confirmée par d'autres témoins. M. Ould Baby a précisé que c'est la première fois qu'un couple est ainsi puni depuis la prise de Tombouctou par les islamistes début avril.
"C'était comme un spectacle, les gens ont regardé ça. C'est Ansar Dine qui a organisé la séance de coups de fouet", a-t-il ajouté en précisant qu'il était lui-même sur place. "J'ai vu les jeunes descendre d'un véhicule sur la place, puis les coups de fouet. C'est la première fois que je vois ça", a-t-il affirmé.
Les deux jeunes sont ensuite allés se faire soigner à l'hôpital de Tombouctou, a indiqué une source hospitalière. Un responsable de la police islamique de Tombouctou a affirmé que six autres femmes ayant eu des enfants hors mariage seront prochainement "sanctionnées" par la charia (loi islamique).
Ansar Dine, dont l'objectif est d'imposer la charia dans tout le Mali, contrôle la ville de Tombouctou depuis près de trois mois avec ses alliés d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Dans la foulée d'un putsch militaire qui a eu lieu le 22 mars à Bamako, les trois régions administratives du nord du Mali (Tombouctou, Gao et Kidal) sont tombées aux mains des groupes islamistes radicaux Ansar Dine, Aqmi, et du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) qui ont pris le dessus sur la rébellion touareg, également présente.
La semaine dernière, des membres du Mujao avaient brûlé des cartons de cigarettes et fouetté des fumeurs à Bourem, une ville du nord du Mali qu'ils occupent et contrôlent. En mai à Gao, ils avaient empêché des jeunes de jouer au football et de regarder la télévision, ce qui avait provoqué de violentes manifestations anti-islamistes.