S’unir, un impératif
Le bureau provisoire de la plate-forme des arts visuels au Sénégal a tenu une conférence de presse hier au musée Théodore Monod. Divers points ont été abordés à cet effet dont les conditions d’adhésion à cette plate-forme, ainsi que les maux dont souffre ce secteur.
Mieux s’organiser et assainir leur espace. C’est ce que veulent aujourd’hui les plasticiens. Conscients que poser des actes et agir ensemble constituent la seule manière de régler les maux qui gangrènent leur secteur, ils ont mis en place la plate-forme des arts visuels au Sénégal (PAVS). Ainsi conscients que ‘’ce désordre arrange bien et que le vide installé permet à beaucoup d’occuper l’espace’’ alors que les plasticiens n’y gagnent rien.
En effet, les urgences des artistes ne sont pas prises en compte. Aujourd’hui, ils estiment que l’Ecole nationale des arts qui est en agonie aurait dû connaître bien meilleur sort tel que l’a rappelé hier, au cours d’une conférence de presse tenue au musée Théodore Monod, l’un des présidents de PAVS, Viyé Diba.
La formation étant non négligeable, elle devait être mieux prise en compte. Mais pour le moment, rien n’est encore fait. Des lois, il en existe mais il manque des décrets d’application pour certaines d’entre elles. Pour d’autres, c’est l’application même qui pose problème. ‘’Il y a trop de choses à faire. Il faut qu’on s’organise. Il y a une inflation dans le secteur parce que les plasticiens ne sont pas organisés’’, s’est désolé M. Diba.
Afin de résorber ces problèmes et d’autres qui empêchent l’artiste de s’épanouir et de vivre de son art, des artistes ont mis sur pied cette plate-forme qui existe depuis 2014. Elle est managée pour l’instant par un bureau provisoire chargé, entre autres, de donner un statut à l’association, de rédiger un règlement intérieur, de définir les critères d’adhésion. Concernant ce dernier point, il est prévu différentes cartes de membres. Assurément, il y en a pour les artistes. Peuvent prétendre à ces cartes ceux qui sont sortis d’une école de formation et ont deux ans de pratique et qui ont participé à deux expositions majeures crédibles. Pour les autodidactes, il leur faut prendre part à quatre expositions majeures crédibles et, éventuellement, être parrainé par un artiste majeur. Laquelle carte sera présentée à qui de droit, c’est-à-dire le ministre de la Culture et de la Communication d’abord et à toutes les représentations diplomatiques.
‘’C’est une manière pour nous de clarifier le jeu’’, a dit Viyé Diba. Même s’il a précisé que la PAVS, étant une association privée, ne saurait dire qui est artiste plasticien et qui ne l’est pas de manière officielle mais peut quand même définir le genre de membres qui doit intégrer leur groupe. Aussi, à en croire M. Diba, ‘’dans toutes les régions du Sénégal, il y a un représentant de la PAVS chargé de sensibiliser les artistes et de les enrôler avant novembre prochain, date à laquelle est prévue l’Assemblée générale de la PAVS’’. Il est prévu également d’organiser un ‘’open meeting art’’. ‘’Il faut innover. On va inviter tous les artistes qui présenteront des projets autour du thème ‘’améliorer la qualité de la vie dans nos espaces urbains, nous sommes preneurs’’, a fait savoir Viyé Diba. Ce sera une sorte de contribution que les artistes plasticiens vont apporter afin d’embellir lesdits espaces. ‘’On ne peut pas passer notre temps à critiquer sans rien proposer à la place. Depuis longtemps, on parle de l’aménagement de nos espaces urbains mais les régimes changent et les problèmes demeurent. Donc, c’est à nous de revoir comment formuler nos critiques’’, analyse-t-il. Afin de faire parvenir les projets aux décideurs, un comité de facilitateurs va être constitué. ‘’Les organisateurs ne peuvent que proposer, ce sera aux facilitateurs de veiller à l’exécution de ces projets’’, a conclu Viyé Diba.
HOMMAGE Un workshop et une exposition pour célébrer les morts Des morts, les artistes plasticiens en ont connu beaucoup. Mais ces deux dernières années, leur communauté a perdu près de dix artistes majeurs. Un coup dur avec lequel il faut tout de même faire. Pour rendre hommage à tous ceux-là qui ne sont plus avec eux, ils ont décidé d’organiser un workshop et une exposition. L’idée est d’une artiste designer sénégalaise vivant aux USA depuis 20 ans. Maty Niang, elle s’appelle, a pris part hier à la conférence de presse de la plate-forme des arts visuels au Sénégal (PAVS) tenue au musée d’art Théodore Monod. Elle souhaite les associer à ce projet qui lui tient à cœur. ‘’Il y a des choses que j’ai apportées et avec lesquelles les artistes pourront travailler pendant trois jours ici au musée Theodore Monod. Ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est l’échange qu’on peut avoir en passant trois jours ensemble’’, a-t-elle dit. Elle prévoit de faire son workshop au cours du mois d’août prochain avec le plus d’artistes possible. Il est également prévu une exposition avec les artistes. Au cours de ce vernissage, seront exhibées les œuvres des disparus. Ce sera avec l’accord de leurs familles. Une manière pour Maty Niang de célébrer des artistes qu’elle a aimés et des professeurs qu’elle a perdus. |
BIGUE BOB